D'ailleurs, c'est un peu injuste : d'abord parce que la création de Wolfgang Rihm Dionysos, handicapée par une mise en scène plate (eh oui, Pierre Audi...), valait vraiment qu'on y laisse traîner une oreille (j'en ai parlé longuement là). Ensuite parce que le spectacle le plus attendu des mélomanes peut difficilement être qualifié d'échec.
C'est de Lulu que je veux parler : sous la direction de Marc Albrecht, c'est Vera Nemirova qui mettait en scène avec des décors du peintre Daniel Richter. Le facteur glamour, indispensable à Salzbourg pour de l'opéra, était fourni par Patricia Petibon : disons-le franchement, je n'en attendais pas grand-chose, et ce que j'ai entendu ne m'a pas du tout convaincu. Bien sûr, à chaque fois qu'une chanteuse ose affronter Lulu, pour peu qu'en plus elle ait le jeu de jambes adéquat, on crie au miracle : ce qui fut fait pour Mademoiselle Petibon. Maintenant, si on a le malheur de s'intéresser un peu à la partition, les choses changent : ce qui frappe, c'est surtout qu'elle chante tout le spectacle ou presque dans un état de crispation qui montre avant tout que le rôle n'est pas du tout acquis. Les quelques pitreries qui sont sa marque de fabrique n'y changent rien, d'autant plus qu'elles la conduisent souvent à en oublier la partition - quant à l'accent français parfois très prononcé, il est peut-être charmant aux yeux des germanophones, mais il me gêne beaucoup.
Je vous épargne le reste : un fragment du seul décor correct. © Salzburger Festspiele / Monika Rittershaus |