lundi 14 octobre 2013

Bayreuth, me voilà (ou pas)

Eh oui, tant pis pour vous si vous l'avez loupé : la mise en vente directe, en ligne, des places pour une petite moitié des représentations du Festival de Bayreuth 2014, c'était hier. Alors, c'était comment ? Pénible, évidemment, mais j'en suis sorti au bout d'une heure et quart environ avec les deux places demandées pour les deux (seuls) opéras que je souhaitais y voir, Lohengrin (pour la mise en scène "avec les rats" de Hans Neuenfels) et Le vaisseau fantôme.

Que les hystériques du Ring de Dijon se rassurent : certes, les places de première catégorie à Bayreuth atteignent 320 respectables euros (mais pour seulement quelques dizaines de places) ; j'ai préféré prendre des places à 50 € au premier rang de la galerie, qui m'assureront du moins une bonne visibilité - pour la qualité musicale, il y a Munich, après tout. Si bien que, à Bayreuth même, j'ai payé moins cher que quelqu'un qui aurait payé une place isolée de première catégorie à Dijon. Et j'aurai droit pour ce prix à l'intégralité de l'opéra.
Tout est bien qui finit bien (encore que, voir ci-dessous), sauf que cette intéressante expérience de location par internet a tout d'un cauchemar technologique. Tout, nous avons tout eu pour pimenter cette délicieuse fin d'après-midi automnale.
Dans mon cas, on sera resté dans un registre classique de comédie à suspense : je réussis à la 624e tentative à mettre mes places dans mon panier, j'entre mes informations, je choisis un mot de passe... et patatras, panier vide, plus rien. Je réessaie : toutes les places bon marché sont parties, échec et mat, je réessaie à nouveau en espérant qu'elles vont réapparaître au fil des incidents subis par d'autres ; jusqu'au moment où je tente (là encore au 315e essai) à tout hasard de réentrer le login et mot de passe entré dans l'étape précédente et dont rien ne me disait que le système en avait ne serait-ce que pris connaissance. Alléluia, les places réapparaissent, Paypal et tout ça, et j'ai même reçu le mail de confirmation.
Mais pour d'autres, pour beaucoup d'autres à en croire les réactions sur Twitter, les choses n'ont pas été si simples : beaucoup de spectateurs ont eu la déplaisante surprise de voir apparaître avant de payer les coordonnées d'autres spectateurs, selon des modalités qui ne sont pas claires mais qui laissent entendre que, dès lors que vous commandiez le même type de places que quelqu'un d'autre, vous aviez accès à ses données. D'autres qui ont commandé un Ring, lequel ne se détaille pas, n'ont trouvé dans leur panier que deux ou trois des opéras qui le composent, naturellement sans explication (je pense cela dit que cela doit se résoudre, dès lors que personne, a priori, n'a pu acheter les places manquantes). Je crois qu'on pourra offrir le trophée international du Microbe d'or (en anglais Golden Bug) à la société qui a développé ce système, non pas tant pour son mauvais fonctionnement général que pour son inventivité dans les composantes de cette panade.

Reste, dans le titre de cet article, le "ou pas". Ce n'est pas que je suis totalement hostile à l'idée de découvrir Bayreuth et cette salle - dans laquelle, rappelons-le, seuls 3 des 10 opéras courants de Wagner y ont été créés, contre 4 au Nationaltheater de Munich. Surtout, après avoir dû me contenter du DVD pour découvrir le sublime Tristan und Isolde mis en scène par Christoph Marthaler, je souhaite voir en vrai la mise en scène apparemment très réussie de ce Lohengrin. Mais les conditions me fatiguent, cette ville où on ne peut pas se loger, ce culte du Dieu Wagner auquel je ne participe pas du tout, cette mondanité prétentieuse qui se prend pour du respect pour une œuvre que ces gens-là croient connaître tellement mieux que les artistes.
C'est un peu le pari, pas si négligeable que cela, de cette mise en vente "libre" sinon totalement réussie : là où le mode de location à l'ancienne était une course d'obstacle qui favorisait les plus motivés pour l'ensemble de l'expérience Bayreuth, la (relative) simplicité de la vente en ligne a pour conséquence d'attirer des gens comme moi, wagnériens certes passionnés mais tout sauf exclusifs, qui viennent à Bayreuth, bêtement, simplement pour voir un spectacle, et qui n'en ont strictement rien à faire que Wahnfried soit en travaux (elle aurait été détruite entièrement que ça n'aurait rien changé pour moi). Alors qu'une partie du public venait, jusqu'à présent, contre les spectacles présentés, parce qu'on va à la messe même si la tête du curé ne vous revient pas - combien de spectateurs auront vu le Tristan de Marthaler plusieurs fois en le honnissant à chaque fois ?
Je prends donc cela, disons-le, à la légère : que ces dates ne me conviennent finalement plus, que Salzbourg (rêvons un peu) propose mieux ces jours-là, et je m'en déferai peut-être, qui sait ? Tout est possible !

1 commentaire:

  1. Pascal Gottesmann17/10/13 13:37

    Les spectateurs qui vont revoir le Tristan de Marthaler en honnissant ce spectacle. portent un nom : ce sont de grands masochistes. C'est comme cet homme à Marseille qui est revenu voir les troyens avec le (pourtant fort bon) Alagna juste pour le plaisir de l'engueuler une seconde fois. Les lyricomanes sont parfois des gens bien bizarres.
    Sinon bons spectacles à Bayreuth avec cette, très originale et réussie, mise en scène ratesque qui a été vue à la télé il y a quelques années.

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