jeudi 6 mars 2014

Opéra de Munich : Prochaine saison

Deux jours à peine après l'Opéra de Paris (non, je ne vais pas revenir dessus, ça m'intéresse tellement peu...), l'Opéra de Munich a publié sa saison ; voici le lien vers la brochure de saison ; j'espère qu'il y aura une bonne âme pour l'envoyer à Jean-François Copé : une institution gavée de subventions publiques, qui se prétend culturelle, et qui ose publier une brochure toute pleine de dames toutes nues, hein, franchement.

Je ne vais pas vous faire l'inventaire des 43 (!) productions présentée lors de la prochaine saison, d'autant que comme toujours dans ce cas il y aussi des choses qui relèvent de la pure routine (et sur les 37 productions qui ne sont pas des premières je n'en ai vu que 28, ce n'est pas beaucoup). Je vais donc vous faire une liste (oui, ça s'écrit vite, une liste) de tout ce qui m'y intéresse, avec quand même un petit mot sur chaque première.

Les premières

L'Affaire Makropoulos

Oui, bon, évidemment, une Affaire Makropoulos, ce n'est plus très original, de nos jours, mais cet opéra qui est sans doute le plus condensé en événements de tout le répertoire (bon courage aux novices pour s'y retrouver) fait quand même toujours bien plaisir. Árpád Schilling est un grand metteur en scène, même s'il n'a pas tout réussi (le Rigoletto de cette même maison, que je n'ai pas vu, était apparemment très ennuyeux). L'inquiétude vient de Nadja Michael, qui n'est pas vraiment une adepte du respect de la partition. Disons que ce sera toujours mieux, parce que plus vivant, que ce qu'a fait la pauvre Merbeth à Paris.

Manon Lescault

Là, j'avoue, j'ai du mal à suivre M. Bachler dans son amour excessif du grand répertoire italien. Au moins, ce sera bon pour le tiroir-caisse : Kaufmann/Netrebko, vous voyez le genre. Et c'est moins cher qu'une Bohème avec Khachatur Baldaryan et Ana Maria Martinez à l'Opéra de Paris dans une production antédiluvienne.
Ce qui est intéressant, aussi, et confirme tout à fait une intuition que j'avais eue il y a quelques mois, la mise en scène est signée par Hans Neuenfels, un des "méchants" du vrai Regietheater à l'allemande. Il est vrai que la seule production qu'il a signé à Munich il y a quelques années, Medea in Corinto (Mayr, très ennuyeux), était beaucoup moins provocant que sa célèbre Chauve-Souris salzbourgeoise, mais cela signifie tout de même que le management d'Anna Netrebko a compris qu'afficher sa star dans les productions à papa n'était pas la meilleure stratégie pour assurer la pérennité de la marque, et qu'on pouvait au contraire valoriser le produit en faisant preuve d'une forme d'audace contrôlée. D'où le Trouvère berlinois, et bientôt celui de Salzbourg (Alvis Hermanis).

Lucia di Lammermoor

C'était un des messages de la conférence de presse de ce matin : c'est exceptionnel, un chef d'envergure internationale qui s'intéresse au bel canto, et veut jouer une Lucia aussi intégrale que possible. Kirill Petrenko soi-même sera donc dans la fosse, et une jeune metteuse en scène, Barbara Wysocka, mettra en scène. Ce qui m'intéresse le moins est la distribution (car j'aime plutôt bien cette œuvre) : Damrau me paraît toujours tellement forcée, vocalement comme dans son jeu.

Lulu

Comme Makropoulos, évidemment, c'est moderne, mais ce n'est plus du tout rare, au contraire : mais qui s'en plaint ? Cette production est sans doute ce qui m'intéresse le plus de toute la saison, grâce au duo Petrenko/Tcherniakov. Un des plus grands chefs d'opéra d'aujourd'hui (quel autre chef de sa stature passe autant de temps dans la fosse ?), et un metteur en scène toujours stimulant, que demander de mieux ? Pour la distribution, j'ai peu de lumières ; Marlis Petersen ne m'a jamais convaincue, mais je ne l'ai pas vue dans ce rôle...

Pelléas

Il était temps : Pelléas n'avait plus été donné à Munich depuis une unique courte série d'une production importée il y a quelques années. Carydis dirige, Christiane Pohle met en scène, Tsallagova chante Mélisande : j'ai du mal à faire une évaluation là encore.

Arabella

Hum, comment dire ? Je m'ennuie déjà. Déjà, cet opéra totalement niais (je vous ai déjà dit que je trouve qu'on exagère beaucoup les mérites de ce pauvre Hofmannsthal, poétillon de second ordre ?) ; ensuite c'est le brave Philippe Jordan qui dirige. Peut-être la bonne acoustique de la maison l'aidera à ne pas tomber dans sa tendance habituelle à la confusion et à la platitude. Enfin, si j'y vais, ce ne sera que pour Anja Harteros, évidemment. La petite Hanna-Elisabeth Müller en Zdenka, le brave Thomas J. Mayer en Mandryka, après tout, ça peut se défendre aussi.

Les reprises

  • L'Orfeo, Monteverdi : la production ne sera créée que cet été, mais tout permet d'espérer une réussite. Mais si la mise en scène de David Bösch et le grand Christian Gerhaher seront aussi de la reprise, il vaut mieux préférer la première série, parce qu'Ivor Bolton, c'est quand même autre chose que Christopher Moulds
  • Elektra, Strauss : une oeuvre que je n'aime guère, mais enfin, Meier en Clytemnestre, Herlitzius ou Theorin en Elektra, Pieczonka en Chrysothémis, ça ne se refuse pas (mais, si j'ai bien compris, il y aura à Berlin une série de la production de Chéreau, sans doute avec une partie de ces dames ; la production de Wernicke, qui date d'avant l'invention de la roue, n'est cela dit pas sans mérite).
  • Die Frau ohne Schatten : oui, reprise du triomphe du mois de novembre dernier, à nouveau avec Petrenko. Voyez ma critique Resmusica : la distribution garde en partie les moins bons (Pankratova, Polaski) pour remplacer les meilleurs (l'impératrice sera cette fois Merbeth, c'est dire). Enfin, Robert Dean Smith en Empereur, pourquoi pas.
  • Don Carlo, Verdi : cela fait quelques années que l'Opéra s'est fait une petite rente avec ce Don Carlo, affiché avec des distributions de luxe. On retrouve Pape, Keenlyside, Harteros ; par contre, ce n'est pas une très bonne idée de remplacer Jonas Kaufmann par Ramon Vargas. Et j'aime bien la mise en scène de Jürgen Rose, eh oui.
  • Der Ring des Nibelungen, Wagner : j'ai assez parlé de ce très bon Ring que j'ai déjà vu deux fois ; cette fois, la nouveauté est que Kirill Petrenko sera dans la fosse, et c'est un événement. Il n'y a plus Nina Stemme, mais on aura de quoi se mettre sous la dent côté chanteurs cette année encore.
  • Tristan und Isolde, Wagner : j'aime beaucoup la production de Peter Konwitschny, dont le DVD ne donne pas une idée très fidèle. Nous n'aurons plus beaucoup l'occasion de voir l'Isolde éperdue de Waltraud Meier, et elle est entourée de René Pape et de Peter Seiffert, que bizarrement j'apprécie de plus en plus maintenant qu'il prend de l'âge.
  • Die Soldaten, Zimmermann : reprise de la production qui sera créée dans quelques semaines, et que je n'aurai pas l'occasion de voir dans la première série. Ouf, Petrenko dirige la reprise.

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