Mais n'oublions pas notre feuilleton messin, avec tout cela : il faut croire que les nombreux candidats auditionnés pour prendre la tête de l'Opéra de Metz étaient très mauvais, à voir l'identité du candidat retenu : Paul-Emile Fourny, ancien directeur de l'Opéra de Nice (!) et metteur en scène. J'ai envie de dire comme Figaro à la recherche d'une place : Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint. L'Opéra-Théâtre de Metz est une salle intime, de petite taille, idéale pour Mozart et pourquoi pas pour le baroque : on choisit donc logiquement un spécialiste du gros répertoire qui tache, d'Aida à Mireille et de Rigoletto à Andrea Chénier. Il fallait un administrateur pragmatique capable de changer l'image déplorable de cette maison et de renouveler un public moribond : on choisit un metteur en scène on ne peut plus conservateur, déjà un peu trop connu pour qu'on puisse sérieusement croire qu'il va concentrer son activité sur Metz, et avec des goûts personnels bien affirmés là où on a avant tout besoin de diversité.
On en vient à se demander pourquoi ne pas avoir prolongé le très médiocre Eric Chevalier et ses décors à deux sous si c'est pour prendre le même, et ce d'autant plus qu'en ouvrant le Centre Pompidou Metz il y a quelques mois, on pouvait penser que l'équipe en place aurait à cœur de mettre son théâtre au niveau d'exigence artistique qui est celui de ce nouvel équipement, et qui est depuis longtemps celui de la célèbre salle de concert de l'Arsenal. Il y a tant de Belges créatifs et ouverts sur le monde, et il faut bien entendu qu'on choisisse le mouton noir. Je suis atterré par ce choix qui ne fait que prolonger les erreurs du passé !
Qui peut avoir envie de voir ça ? Non seulement c'est laid et vulgaire, mais en plus ça fait cheap ! |
PS (2 février) : Je suis aussi atterré par autre chose, même si pas surpris : en dehors du Républicain Lorrain, qui s'est fendu d'un court article factuel sur cette nomination, l'écho médiatique de cette nomination est pratiquement nul, ce qui est la marque parlante du trou au fond duquel se trouve la maison. Un petit extrait d'une critique de Forum Opéra (signée Jean-Marcel Humbert, qui ne semble pourtant pas être un défenseur ardent du Regietheater) pour montrer l'ampleur du personnage nommé par les édiles messins :
Il est certain que Paul-Émile Fourny n’est ni Robert Carsen (Opéra Bastille) ni Olivier Py (Opéra de Genève), ça se saurait. Mais même la production de l’Opéra Comique dans les années 60 était bien supérieure à ce qui nous est ici proposé. (...) D’aucuns ont parlé des coupes budgétaires pour justifier une production « cheap » : mais, pour ne citer qu’une production réalisée avec encore moins de moyens, on se rappelle avec beaucoup plus d’intérêt de celle de Dmitri Bertman (Opéra Hélikon) présentée au Théâtre des Champs-Élysées en 1999. (...) Que dire de plus… Tout cela est lourd et laid. S’y ajoutent une mise en scène et une direction d’acteurs peu originales de Paul-Émile Fourny, qui paraissent également sans cohérence, entachées qu’elles sont de tous les poncifs des productions de ces 20 dernières années. Bref, tout cela paraît bien laborieux, au point qu’à de nombreuses reprises on s’ennuie ferme, avec l’irrésistible envie de regarder sa montre.
J'aime bien cette photo. Elle illustre l'essence même de Rigoletto c'est à dire le décalage complet entre le pathétique héro (si le costume est ridicule c'est probablement voulu, souvenons nous que c'est un BOUFFON) et le luxe des costumes de cour (pas si cheap que ça). Et puis la tapisserie est une très bonne idée de décor si on a un petit budget. Enfin, quelqu'un qui met en scène mon opéra favori ne peut m'être totalement antipathyque.
RépondreSupprimerEn consultant la liste des metteurs en scène qui s'illustrent aux Chorégies d'Orange depuis 40 ans, j'ai relevé les noms suivants : Nicolas Joel, Giancarlo del Monaco, Jean-Claude Auvray (qui créera la Forza del Destino à l'ONP en novembre), Paul-Emile Fourny.
RépondreSupprimerC'est comme ci l'esthétique de ce type de festival envahissait toute la France jusqu'à Paris.
Il ne manque plus qu'à attendre l'entrée de Charles Roubaud à l'ONP(Aïda au Stade de France)...
Vous travaillez à Nice la Maire est Estrosi vous êtes donc réac( sic!) vous tavaillez à Nantes vous êtes forcément socialiste(resic!) vous arrivez à Metz ( zut JMR n'est plus là vous voilà obligé d'être socialiste(reresic!)Bref un commentaire plutôt raté sur ce plan là..Et Metz doit il se spécialiser dans le baroque???Question pertinente en soi mais en rester au seul baroque serait une erreur fatale pour l'OT .C'est certes un point de vue de spécialiste éclairé et puriste mais hors des contingences de ce bas monde d'ouverture au public (je sais ça fait pas bien de parler des publics, puisque pour les puristes l'art se suffit à lui même et au cercle restreint de ceux qui sont supposés l'appréhender )Alors wait and see avant de verser votre fiel bien intentionné bien sur ...puisque vous voulez certainement que vive l'OT tout comme moi....à bientôt
RépondreSupprimerEn matière d'opéra, Nice n'a en effet pas de leçon à donner : après Fourny, une espèce de duo de prestige accueilli comme le Messie, mais virés deux ans plus tard comme des malpropres - et en effet, le maire est Estrosi, un des pires politicards français. Ce n'est pas parce qu'on travaille à Nice qu'on est réac, mais ce n'est pas un hasard si une ville comme Nice choisit des responsables culturels réac.
RépondreSupprimerPour Metz, vous déformez complètement mon propos : il ne s'agit pas de consacrer Metz au baroque, mais de prendre en compte la morphologie de la salle et l'existence d'un public passionné de baroque à l'Arsenal pour constituer un noyau dur, mais certainement de spécialiser la programmation dans telle ou telle direction. Un baroque et un Mozart par saison, par exemple, ça me paraîtrait un bon début, avec un large spectre de répertoire ensuite : il y a des opéras comme Carmen (donné cette saison) qui passent aussi bien dans des grandes salles que dans des bonbonnières, on peut choisir certains Verdi (Traviata) plutôt que d'autres (Aida) pour s'accommoder de la salle, etc. Ma réflexion est au contraire lourdement pragmatique : le modèle à suivre, pour le dire en termes Opéra de Paris, ce n'est ni Joel (=Fourny) ni Mortier, mais Gall...
Mais d'où tenez-vous donc que Mr Fourny est un "vieux réac" ?
RépondreSupprimerD'ex-collègues ou collègues actuels ?
Le connaissez-vous personnellement ?
J'avoue être un peu surpris par ces qualificatifs... Mais il est vrai que je ne l'ai pas croisé dans la sphère professionnelle.
(je l'ai eu comme chef scout ;0)
Si avoir la cinquantaine, c'est déjà être vieux, alors je n'ai plus beaucoup d'années avant de l'être. :(
Quant à être catalogué de "réac"... Bigre ! Que faut-il avoir fait pour l'être à vos yeux ?
Maintenant, il est vrai que l'on ne peut pas plaire à tout le monde...
"Vieux réac", vous avez raison, ce n'est pas une question d'âge. Nicolas Joel n'est pas le plus vieux des directeurs d'opéra, mais c'est le plus réac d'Europe...
RépondreSupprimerPour Fourny, je ne connais pas son âge, mais aussi bien dans son choix de répertoire (si on regarde par exemple les opéras qu'il a mis en scène, en attendant sa première vraie saison messine), que l'esthétique de ses productions (du décor au détriment du sens), il correspond bien à ce que je qualifie de réac, oui.
PS : c'est amusant, je n'aurais jamais imaginé avoir autant de commentaires sur les petites affaires messines. C'est amusant (je ne parle pas du message précédent qui porte plutôt sur M. Fourny en général, qui n'est qu'un fragment du problème) comme une maison aussi avancée sur la voie de la perdition suscite une défense d'autant plus virulente... Ces gens-là, d'ailleurs (qui, j'imagine, sont pour certains liés avec le Cercle Lyrique de Metz, qui semble avoir pour but de prouver qu'il n'y a décidément pas que des intellos à l'opéra - allez voir leur site : http://www.associationlyriquemetz.com/ ) sont eux aussi un gros fragment du problème...
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