mercredi 7 novembre 2012

Salzbourg 2013 : mes premières réactions

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Pendant ce temps, je twitterai aussi en anglais, à l'adresse que vous connaissez j'imagine tous : https://twitter.com/Musicasola

En direct du site du Festival tout juste mis à jour, voici mes premières réactions au nouveau programme. Je me concentrerai dans un premier temps sur les concerts, puisque comme d'habitude on savait d'avance à peu près tout sur l'opéra (et ça ne faisait pas plus envie que cela...).

Les concerts

Les séries classiques

Mozart-Matineen

C'est la descente aux enfers pour cette série si attachante, avec un mélange hétéroclite de toute sorte de marchandises musicales. De nouveau, la série sert à vendre du contemporain (Takemitsu avec Hengelbrock), mais elle fait aussi la promotion d'une œuvre aussi peu connue et sous-estimée que la Pastorale de Beethoven (avec le médiocre Adam Fischer), ou elle poursuit la thématique patriotique avec une œuvre de Gerhard Wimberger, déjà oublié avant sa mort. On y joue un peu de Mozart, aussi, parfois, mais trop souvent des œuvres déjà très connues, en négligeant la vocation de découverte de la série : le Requiem par Hengelbrock, trois concertos pour piano de la maturité par Rudolf Buchbinder, le concerto pour clarinette...
Et côté interprètes ? Là aussi, le potentiel de découverte est proche de zéro : le plus jeune chef aura 55 ans l'été prochain !!! Rien à attendre d'Adam Fischer, de moins en moins de John Eliot Gardiner ; restent des chefs sympathiques et bien connus comme Thomas Hengelbrock, Ingo Metzmacher et Ivor Bolton...

Wiener Philharmoniker

Là encore, l'absence d'originalité est terrible : peut-on croire que ces gens vont encore jouer un Requiem de Verdi (avec Muti) ? Bruckner est devenu le compositeur tutélaire des Viennois : cette fois, ce sera la 5e avec Thielemann, un chef que je n'apprécie pas plus dans ce répertoire qu'ailleurs. Le seul concert véritablement intéressant sera celui de Nikolaus Harnoncourt avec Les saisons de Haydn, mais je crains de ne pas être arrivé à Salzbourg suffisamment tôt.

Liederabende

Christian Gerhaher, c'est devenu comme une obligation : cette fois, c'est Schumann, et je m'en réjouis comme je me serais réjoui d'à peu près n'importe quel programme de ce chanteur. Plus rare, la magnifique Juliane Banse chantera, elle aussi, Schumann, mais aussi La vie de Marie de Paul Hindemith, une œuvre que je ne connais pas (j'estime peu Hindemith, mais sait-on jamais).
Je suis plus réservé sur Michael Schade, très présent à Salzbourg ces dernières années : pas sûr que je prenne le risque d'un Voyage d'Hiver avec lui. Pour le reste, on ne sait pas ce que chantera Edita Gruberova, simple récital d'airs d'opéra ou vrai Liederabend. Erwin Schrott, mauvais chanteur, se contentera de massacrer du tango (oui, on est bien à Salzbourg), et Florez réjouira les amateurs d'opéra, tant pis pour ceux qui pensent que le Lied, à Salzbourg, mériterait une vraie place.

Solistes et musique de chambre

Comme toujours, l'offre est trop riche pour qu'on commente tout ; à signaler, la suite de l'intégrale des quatuors de Beethoven par les Hagen, ce qui n'est quand même vraiment pas original (le fait que les Hagen soient de Salzbourg donne la teinte patriotique de la chose, qui me déplaît toujours autant) ; pour le reste, la musique de chambre disparaît presque totalement, tant elle est absorbée par d'autres séries, notamment le contemporain (c'est ce qu'on appelle le partage des nuisances...). Côté solistes, l'originalité est l'invitation de Rudolf Buchbinder, très populaire en pays germaniques, aux côtés de trois grands classiques, Kissin (beau programme varié), Pollini (Schumann/Chopin) et Sokolov.

Les thèmes

El Sistema

Je ne sais pas si c'est vraiment très justifié artistiquement, mais le "Système" vénézuélien revient cette année, avec l'Orchestre Simón Bolívar et Gustavo Dudamel à tous les étages, notamment pour certaines parties du cycle Mahler (j'avais vu une Deuxième qui m'avait fort peu enthousiasmé).

Ouverture spirituelle 

La série, que je persiste à interpréter comme une exaltation très réactionnaire de l'Autriche catholique, se fait cette année plus discrète, tant elle se fond dans les autres séries. 

Côté contemporain

Japon

Un thème original, avec en vedette Toshio Hosokawa (j'en écoutais justement hier soir, quel hasard !), un compositeur que je connais mal mais qui me paraît fort estimable. À signaler, une création avec la délicieuse Anna Prohaska.

Birtwistle

Autour de son opéra Gawain, le festival programme comme toujours pour les opéras contemporains quelques concerts ; j'avoue ne pas connaître vraiment ce compositeur, mais je suis toujours partisan de ce genre de plongées un peu intensives : en repartant de Salzbourg, j'espère, j'aurai une opinion un peu étayée sur son travail !

Opéra

Faisons les choses simplement : ordre d'intérêt décroissant ! Opéras en concert à la suite, dans une rubrique à part.

Gawain (Harrison Birtwistle)

Prioritaire, parce que l’œuvre n'a jamais été redonnée depuis la production initiale au Royal Opera, parce que la production est signée Alvis Hermannis, un des plus grands metteurs en scène européens, et parce que la distribution (Maltman, Aikin, Tomlinson) est bien tentante. Espérons que l’œuvre le mérite, c'est ma seule inconnue - oui, de taille !

Lucio Silla (Mozart)

Autre rareté, surtout en version scénique, cet opéra de jeunesse de Mozart fait bien envie, pour peu que Marc Minkowski ne le laisse pas défigurer comme l'avait fait Günter Kramer avec Mitridate en 2005. Dommage seulement qu'il faille sacrifier le rôle-titre à Villazon pour avoir le droit d'entendre cet opéra à Salzbourg.

Les Maîtres-Chanteurs de Nuremberg (Wagner)

Evidemment, pourquoi payer les prix salzbourgeois quand la production viendra ensuite à Paris ? Si j'y vais, ce sera la première fois que je verrai une production de Stefan Herheim (eh oui, c'est possible), dont j'ai naturellement beaucoup entendu parler, même si ce que j'en ai entendu ne m'a pas toujours convaincu (et les Maîtres-Chanteurs ne sont pas Parsifal !). Ce qui justifie la position de cette production dans mon classement, c'est avant tout Daniele Gatti, qui n'est pas un bon chef en général, et qui dans ce répertoire germanique a une tendance à tout appuyer en jouant au Furtwängler d'aujourd'hui qui m'insupporte. Côté distribution, Michael Volle en Sachs est presque une évidence, les autres auront à faire leurs preuves.

Norma (Bellini)

Ex aequo,  à vrai dire, avec les Maîtres. L’œuvre me plaît beaucoup, j'ai à peu près confiance en Patrice Caurier et Moshe Leiser dont j'avais vu une très belle Cenerentola à Londres ; mais je ne suis pas sûr d'apprécier l'hystérie autour de Bartoli. Il va de soi, cependant, qu'une approche belcantiste et romantique de l’œuvre me va beaucoup mieux que certaines traditions plus lourdes dans cette œuvre !

Don Carlo (Verdi)

Je sais, j'ai l'air de faire la fine bouche, parce que tous ces chanteurs ont déjà souvent chanté ces rôles, parfois ensemble d'ailleurs (j'avais vu Harteros et Kaufmann à Munich, par exemple). La version est celle en 5 actes (ouf), mais en italien (zut), et la mise en scène, avec Peter Stein, est absolument sans aucun espoir. Pappano est très bien dans ce répertoire, certes.

Falstaff (Verdi)

Falstaff, c'est avant tout une question d'esprit d'équipe : la distribution ne comporte pas de stars, mais ce n'est pas nécessairement l'important. La mise en scène est confiée à un affidé de Pereira, ce qui m'inquiète (Damiano Michieletto); surtout, c'est Zubin Mehta qui dirige, et je ne le crois plus capable aujourd'hui de faire le travail d'infinie finesse que l’œuvre demande.

Così fan tutte (Mozart)

Là, je ne fais pas la fine bouche : ce spectacle n'a simplement aucun intérêt, et même pire. Passe encore pour une distribution de routine zurichoise ;  le double très gros problème, c'est d'une part le chef, qui n'a rien à dire dans Mozart (Franz Welser-Möst), d'autre part le metteur en scène Sven Eric Bechtolf, qui a massacré la pauvre Ariane à Naxos cet été et risque bien de ne pas faire mieux en 2013.

Opéra en concert

Vous avez remarqué ? 2013, c'est le double centenaire Verdi/Wagner. Plusieurs versions de concert, donc : je suis sûr qu'Anna Netrebko vous a manqué dans ce que j'ai écrit précédemment ; elle sera bien là, avec Placido Domingo, pour une Giovanna d'Arco en concert

3 commentaires:

  1. Pascal Gottesmann7/11/12 17:10

    Il est incroyable, pour ce Don Carlo, de faire la fine bouche devant ce qu'on peut faire de mieux à notre époque dans cette oeuvre. Même un chanteur comme Hampson que je n'apprécie que peu quand il se lance dans des Verdi plus lourds promet d'être parfait. Pour le reste en plus du duo Kaufmann et Artheros Salzburg s'offre le luxe de nous servir Salminen et Lloyd deux vétérans aux voix encore sublime. Vraiment je jubilait devant mon ordi à la lecture de cette distribution. Rares sont les distributions actuelles dans ce répertoire qui peuvent rivaliser avec les vieilles cires, celle là le pourra, sauf amère déception.
    Sinon pour Falstaff, Ambrogio Maestri est vraiment formidable dans le rôle titre mais il sera entendu quelques mois plus tôt à Paris et probablement pour moins cher.

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  2. Vous n'avez pas tort pour Don Carlo ; simplement, Salzbourg prétend proposer en matière d'opéra une programmation unique, or sur ce point Salzbourg vient après tout le monde (sauf Paris, bien sûr) - et avec une mise en scène qui promet d'être médiocre, et à 400 € la première catégorie. Ne serait-ce qu'à Munich quelques jours plus tôt : certes, pas de Hampson, mais l'excellent Mariusz Kwiecien ; certes, pas de Salminen, mais... René Pape ! Et Mehta à la baguette...

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  3. Je suis d'accord avec Rameau, on aura la même distribution (avec Kwiecien à la place de Hampson) et le même Pappano (formidable) à Londres 4 mois plus tôt, pour moitié moins cher (200 livres à l'orchestre et 1/3 de la salle à moins de 70 livres). Un Festival comme Salzburg se doit de proposer de l'exceptionnel, voire de l'unique, qu'on ne soit pas susceptible de revoir ailleurs pour moins cher, sinon ce n'est plus un festival d'exception, et l'intérêt de se déplacer devient tout relatif. En revanche pour quelqu'un qui habite dans un rayon de 200 km oui il y a de quoi être enthousiaste

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