samedi 27 juillet 2013

Le Ring, retour à l'essentiel

Un petit mot en passant (en attendant un jour une activité à nouveau plus régulière) sur le Ring redonné cet été à Munich : ayant fait une critique pour Resmusica (que vous trouvez au jour d'aujourd'hui ici) de tout le cycle l'an passé, je n'avais pas prévu d'y aller, mais une place à 55 € (non, pour l'ensemble du cycle) qui m'est passée à portée de main a eu raison de ma résistance. Certains ici se souviennent sans doute qu'après avoir écrit deux messages très négatifs sur les deux premiers volets du Ring parisien, j'avais pris le parti de m'abstenir pour la suite - l'élément qui m'a fait fuir n'étant pas la mise en scène bête et moche de Günter Krämer, mais bien la direction musicale inqualifiable de Philippe Jordan. Et là, tout à coup, à Munich du haut de ma place debout, je me suis dit que - sans vouloir me vanter - j'avais bien eu raison, parce qu'avoir un vrai chef, tout de même, ça change tout.
Oh, bien sûr, le Ring de Nagano n'est sans doute pas à la même hauteur que son Parsifal, mais voilà un vrai chef wagnérien, avec un sens du théâtre et un sens de la voix, et quand vous avez quelqu'un comme cela dans la fosse vous savez que vous êtes en sécurité. Je dis cela, évidemment, alors que Kirill Petrenko est en train de triompher à Bayreuth (on se souvient de son Tristan lyonnais), et bien sûr je préfèrerais encore Petrenko (ou plus exactement, je préfèrerai, puisque sans avoir à subir les sottises du rituel de Bayreuth on pourra voir Petrenko diriger le Ring à Munich dans les années qui viennent). Et puis à Munich il y a une distribution qui non seulement est aidée pour donner tout ce qu'elle sait, mais qui est sans doute aussi meilleure que celle de Paris. Lorsque je me plaignais de la distribution parisienne sur un forum, on m'avait mis au défi de trouver mieux, "puisque de toute façon il n'y a plus de grands chanteurs wagnériens". Erreur, cher ami : il est là, le chant wagnérien d'aujourd'hui, et il se défend très bien par rapport à quelque période que ce soit ; faire une telle distribution, c'est un travail de professionnel que les amateurs comme vous et moi ne peuvent maîtriser, mais le résultat est là. On me dira que c'est bien facile de réussir quand on va chercher Bryn Terfel (Wotan/Walkyrie), une merveille de nuances et d'intelligence sans rien sacrifier à la force de frappe attendue, ou Nina Stemme (Brünnhilde/Götterdämmerung), mais que dire de Terje Stensvold, 69 ans, qui fait un Wanderer formidable, ou de Hans Peter König en Hagen, ou de Tomasz Konieczny en Alberich ? Monter un Ring à Paris, c'était sans doute méritoire. Mais en art, les médailles en chocolat n'ont pas beaucoup d'intérêt.
Cela fait un petit moment que je ne vous parle plus des nouvelletés parisiennes, et ça ne risque pas de changer ces prochains temps ; mais il y a tant de choses à voir partout dans le monde...
Si vous souhaitez suivre un peu mieux que par ce blog mes pérégrinations, allez donc voir sur Twitter (twitter.com/musicasola - and since I'm international it's mainly in some kind of English now) et toujours sur Resmusica pour les nombreuses critiques que j'y publie (c'est là)...

2 commentaires:

  1. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous. Certes le Ring de Bastille était bien faible, pas tant à cause de la mise en scène (on a déjà vu pire) que de la piètre distribution vocale où seuls 2 ou 3 chanteurs étaient vraiment à leur place avec les moyens adaptés. J'ai par contre trouvé la prestation de l'orchestre plutôt bonne ce qui sous-entend qu'il était bien conduit, du moins à mes incompétentes oreilles.

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  2. Ah, je maintiens : cette mise en scène de Krämer, quelle purge ! Je ne suis même pas sûr de trouver celle de Wilson donnée au Châtelet il y a quelques années (et dirigée ensuite à Zurich par... Philippe Jordan !) pire que celle de Krämer. Quant à l'orchestre, je maintiens aussi : certes, ce n'est pas laid, mais quel manque de tension, de construction dramatique, d'allant! Être chef, ce n'est pas que battre la mesure... Il suffit de comparer ce que fait Jordan avec ce qu'ont fait à Paris Peter Schneider (Vaisseau Fantôme), Hartmut Haenchen (fabuleux chef, pour Parsifal) ou Salonen (Tristan)...

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