vendredi 25 mars 2011

La Musique de la Salle de la Cité Pleyel

Dans la perspective de la grande rénovation nationale à venir de notre pays sous la direction de Notre Guide Suprême (pas de nom, faut assurer ses arrières), je propose en tout premier lieu la suppression de la Cité de la Musique et de la Salle Pleyel, ferments de perdition où notre plus brillante jeunesse perd la fleur de ses ans, sans compter la fleur de ses sous, à ne même pas réussir à voir tout ce qui l'intéresse tellement il y en a de tous les côtés.
En attendant ce jour brillant tant attendu, je vous propose quand même, conscient du caractère néfaste du message qui suit et plein de légitimes remords, ce qui me paraît le plus à même de séduire les âmes faibles comme la mienne.
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La meilleure salle de concert du monde

SEPTEMBRE
Samedi 24 (Pleyel), Liederabend Karita Mattila (oui, je sais, des Lieder à Pleyel... Mais on ne dit pas non à Mlle Mattila).
Mardi 27 (Pleyel), Boulez, Pli selon Pli, Académie du Festival de Lucerne/Boulez, Hannigan (tous les concerts Boulez sont indispensables par nature, ceux où il dirige ses chefs-d'œuvre encore plus).

OCTOBRE
Mardi 4 (Cité) : Christophe Rousset, impeccable claveciniste, pour quelques sommets du répertoire de son instrument : Louis Couperin et surtout cet Everest de la musique instrumentale que sont les pièces à couper le souffle de Johann Jakob Froberger, le plus méconnu des immenses compositeurs.
Vendredi 7-dimanche 9 (Cité) : plutôt que le médiocre Ring de l'Opéra, on peut être tenté d'aller voir plutôt l'adaptation de Jonathan Dove proposée sur 3 jours (le spectacle sera aussi donné en province : voir les dates sur le site de cette Ring Saga. Sans doute une occasion idéale pour bien rappeler à quel point Wagner est aux antipodes du gros son auquel les ignorants le réduisent. Mise en scène d'Antoine Gindt, à suivre...
Samedi 8 (Pleyel), Lucerne/Abbado, avec Mozart (36e) et Bruckner (5e) (mais j'irai le voir... à Londres, sans les tarifs prohibitifs de Piano**** !)
Samedi 22-Lundi 31 (Pleyel), Gewandhausorchester Leipzig/Chailly : une intégrale Beethoven de plus, certes, mais avec un chef aussi discret qu'intéressant, et un très bon orchestre.
Dimanche 23 (Cité) : Aperghis, Zeugen : j'ai une faiblesse insurmontable pour l'écrivain suisse germanophone Robert Walser, et ça suffit à recommander le spectacle. Mais si, parfaitement.

NOVEMBRE
Vendredi 11-samedi 12 (Cité) : 4 concerts autour de la mélancolie (dont, hélas, deux qui se chevauchent le samedi soir), qui sont l'occasion d'entendre quelques-uns des beaux instruments anciens du Musée de la Musique, ainsi que l'Orchestre de la SWR avec les rarissimes Requiem Canticles de Stravinsky, de cette dernière période de sa carrière qui reste si mal connue. Un vrai festin.

DECEMBRE
Samedi 3 (Pleyel), Rolando Villazon, chants mexicains et airs d'opéra : non, c'est une blague, évidemment.
Pourquoi pas Gruberova, tant que vous y êtes ?
Mercredi 21 (Pleyel), Orchestre de Paris/Boulez, Schoenberg/Bartok : voir plus haut, avec un programme très classique mais toujours passionnant.

JANVIER
Mercredi 11 (Cité) : les Arts Flo sans Christie, mais avec un chef-d'oeuvre de leur répertoire, que personne n'est je crois aller leur contester : La descente d'Orphée aux enfers de Charpentier
Samedi 14-dimanche 22 (Cité) : les responsables de la Cité ne sont pas suicidaires. Ils savent que s'ils essaient de nous priver de la Biennale du quatuor à cordes, il risque de leur arriver de vilaines choses. Elle est donc bien là, pour la 5e fois, avec un programme plantureux qui s'étend désormais sur une dizaine de jours : un premier week-end autour de jeunes quatuors, le reste autour de quatuors plus connus, qui se partagent une quasi-intégrale des quatuors de Wolfgang Rihm, un compositeur indéniablement talentueux mais un peu trop prolifique (et ça s'entend parfois). Parmi les grands noms, je n'aime guère les Prazak, mais il y a de quoi se consoler avec les Arditti, Borodine ou Hagen.

FÉVRIER
Mardi 14 (Cité) : Liederabend Thomas Quasthoff : un des plus grands chanteurs de Lied d'aujourd'hui, sans aucun doute. Reste à espérer qu'il sera dans un jour de forme, car ses prestations sont très irrégulières ; si tout va bien, ce sera sublime.

MARS
Vendredi 2-lundi 5 (Pleyel), COE/Haitink pour la fin de leur cycle Beethoven, dont j'ai totalement raté la première partie... On décrit parfois Haitink comme un chef ennuyeux, on a bien tort.
Lundi 12-vendredi 16 mars (Cité) : Gluck, Echo et Narcisse, par les étudiants du Conservatoire. Le traditionnel opéra donné par le Conservatoire avait pendant longtemps perdu de son intérêt en raison des mises en scène systématiquement confiées à Emmanuelle Cordoliani, assez systématiquement ratées. Retour à un peu plus de variété pour cet opéra rare : ce sera Brigitte Jaques qui dirigera les jeunes musiciens.
Lundi 19 (Pleyel) : l'ombrageux Ivan Fischer avec l'immense Andras Schiff pour un beau programme Bartok/Schubert
Jeudi 22 (Cité) :  Boulez et l'Intercontemporain, on ne s'en lasse pas. Beau programme, une fois de plus.

AVRIL
Vendredi 6 (Cité) : Arts Flo, cette fois-ci avec William Christie, toujours pour Charpentier.
Dimanche 8 (Pleyel), Bach, Passion selon saint Matthieu/Minkowski : faut-il parler de ce concert ? Il a tout pour lui, certes, sauf un gros détail : l'acoustique de la salle Pleyel pour ce répertoire. Espérons que la province, et particulièrement la mienne, ait la bonne idée de...

MAI
Mardi 1er-mercredi 2 (Pleyel), LSO/Boulez : programmes ambitieux autour de Szymanowski, dont la belle 3e symphonie. Est-ce pour bien nous faire comprendre qu'il ne faut plus compter sur une retraite qu'on programme le jour de la fête du travail un concert dirigé par un octogénaire (certes fringant) ?
Jeudi 3, Berliner Philharmoniker/Dudamel (Pleyel) : programme à définir, pour un chef que je n'ai jamais vu. Avec cet orchestre que je persiste à beaucoup apprécier, ce serait peut-être l'occasion.
Samedi 5-samedi 12 (Cité) : le traditionnel cycle consacré à un compositeur contemporain mis en parallèle avec un compositeur plus ancien a déjà donné de forts beaux résultats (Ligeti/Mahler par exemple). Je ne connais pas du tout Hanspeter Kyburz, associé cette année avec Schumann : osons.

JUIN
Vendredi 1er (Pleyel), Orchestre de Paris/Metzmacher : oui, ce n'est sans doute pas le concert auquel on pense en priorité, mais même si elles font à peine un tiers de la durée du concert, la possibilité d'entendre deux des grandes partitions de Ligeti, Lontano et Atmosphères vaut le déplacement, je trouve, surtout avec un aussi bon chef qu'Ingo Metzmacher.
Mardi 5 (Pleyel) : Orchestra Mozart/Abbado : deux concerts d'Abbado dans la même saison, ça doit faire un bon moment que ce n'était pas arrivé. Ici, la présence de Radu Lupu dans le concerto de Schumann devrait faire oublier les limites du dernier orchestre créé par Abbado...
Dimanche 17-lundi 18 (Pleyel) : LSO/Haitink, avec Maria Joao Pires : j'ai une estime très moyenne pour le LSO, mais Haitink et les beaux programmes ont de quoi me convaincre, tout de même.
Vendredi 22 (Cité) : Cavalieri, Rappresentatione di Anima et di corpo par René Jacobs, un des meilleurs passeurs possibles pour cet oratorio intimement lié à la naissance de l'opéra.

Bien sûr, ce n'est pas tout, et il y a bien des concerts que je verrais avec plaisir et/ou curiosité dans tout le reste (le cas typique étant les concerts des orchestres parisiens comme ceux de Paavo Järvi avec l'Orchestre de Paris ou ceux de l'Intercontemporain : c'est toujours intéressant, mais difficile d'en choisir un en particulier). Si on voit maintenant les saisons dans leur ensemble, je donnerais cette année un avantage très net à la Cité sur sa siamoise des beaux quartiers, où le défilé des usual suspects est plus dense que jamais, ce qui n'est certes pas désagréable dans le cas de Haitink, Boulez ou Chailly, mais manque sérieusement de fraîcheur, d'autant que j'aurais bien des réserves à l'égard de certains de ces artistes (Gergiev, Lang Lang, Goerne, les trop médiatiques frères Capuçon). La grande déception de la saison est certainement la disparition d'un autre grand nom familier du public parisien, celui de Mariss Jansons, alors même que ses deux orchestres sont présents dans leurs domiciles habituels (Amsterdam à Pleyel, et même deux fois ; la Radio Bavaroise au TCE) ; on constate aussi la diminution très forte du baroque, ce qui est très compréhensible vu l'acoustique de la salle, mais aussi celle de la musique de chambre (à moins de vouloir manger du Capuçon), ce qui est d'autant plus regrettable qu'on sort à peine du magnifique week-end autour des solistes du Philharmonique de Berlin dont je parlais dans le message précédent.
À l'inverse, dans le grand Nord, la Cité propose je trouve sa plus belle saison depuis longtemps (même si, bien sûr, ça n'a jamais été mal), avec des propositions véritablement fortes autour d'un répertoire beaucoup plus large : une belle saison baroque, du contemporain, de la musique de chambre... Espérons que cette grande richesse programmatique bénéficiera plus que jusqu'à présent à une salle qui a subi une érosion lente de son public (ce qui se traduit - cercle vicieux - par une tendance à la diminution du nombre de concerts proposés) : oui, c'est un peu loin, oui, il n'y a pas de mini-tarifs comme à Pleyel, le TCE ou l'Opéra, mais vraiment, il faut choisir : un concert à la Cité vaut souvent vraiment 3 ou 4 concerts médiocres dans d'autres salles (je ferai, comme l'an passé, un worst of de la programmation parisienne dès que tout sera paru... Kurt Masur à tous les étages...).

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