dimanche 15 avril 2012

La Didone, pour l'amour de Cavalli

Et de trois pour Cavalli. Pendant longtemps, Paris a totalement ignoré Cavalli, au point de manquer la magnifique Calisto mise en scène par Herbert Wernicke malgré ses nombreuses tournées et reprises (un spectacle – disponible en DVD – bien plus fort que l’Atys parisien, d’ailleurs). Et voilà qu’en peu de temps le TCE et l’Opéra-Comique nous offrent trois opéras différents : tout jugement de valeur mis à part, qu’ils en soient remerciés.


Malheureusement, les deux premiers spectacles, vous vous en souvenez certainement, ont été des catastrophes : entre le kitsch rase-motte de Macha Makaieff (La Calisto au TCE) et l’obscurité pédante de Benjamin Lazar (L’Egisto à l’Opéra-Comique), mon (haut-de-)cœur balance.
On aurait aimé qu’au moins le troisième soit une vraie réussite. Des trois, La Didone est le meilleur spectacle – quel honneur –, mais seulement parce qu’au royaume des aveugles les borgnes sont rois. Le spectacle mis en scène par Clément Hervieu-Léger, médiocre acteur de la Comédie-Française, ne vaut strictement rien. Zéro. Il n’y a pas d’idées. Il n’y a pas de savoir-faire. Il n’y a pas de vision de l’œuvre. Les chanteurs sont abandonnés sur scène et font ce qu’ils peuvent, dans un décor inutile, qui ne créée pas d’espace de jeu et se garde bien de ne rien dire. Pour autant, Hervieu-Léger et son collègue Éric Ruf (décors) ne se résignent pas à faire une version de concert en costumes : non, il y a toute une série d’effets de lumière (notamment au premier acte), qu’on sent très pensés, mais dont l’effet n’est que ridicule. Et que dire des fumigènes qui envahissent le théâtre dès avant le début du spectacle ? Troie brûle, on avait compris, pas de feu sans fumée, d’accord. Mais vraiment, non, ce n’est pas une bonne idée de greffer des effets de concert de rock années 80 sur une direction d’acteurs style Au théâtre ce soir.


Affiche du spectacle. Oui, il y a un cerf. C'est le seul élément de mise en scène, dommage qu'il ne veuille rien dire.


Bizarrement, ce spectacle absolument nul gêne pourtant beaucoup moins que les deux précédents. Il n’en reste évidemment pas moins désolant de voir le Théâtre des Champs-Élysées se tirer une balle dans le pied en confiant une œuvre aussi délicate, aussi étrangère aussi à la culture du public d’aujourd’hui, à un type sans expérience et qui provient d’un univers aussi étriqué que la Comédie-Française d’aujourd’hui. Beaucoup de spectateurs sont partis à l’entracte (tant pis pour eux, comme on le verra), beaucoup d’autres en sont sortis en croyant que Cavalli, de toute façon, c’est ennuyeux. C’est bien dommage : Cavalli aura-t-il une quatrième chance de sitôt ?
Mais il serait injuste de trop s’acharner sur la partie scénique du spectacle : la partie musicale, elle aussi, a de lourds défauts. Ou plutôt, elle en a surtout un : William Christie, à la fois chef d’orchestre et auteur de la réalisation de la partition (puisque, rappelons-le, aucune indication d’instrumentation ne figure dans les manuscrits des opéras vénitiens du XVIIe, sauf rares exceptions). Christie est un peu une vache sacrée de la vie musicale française, et il a rendu à la musique baroque, notamment française, des services remarquables que je n’entends pas lui disputer. Mais il me fait penser à une nouvelle du génial romancier hongrois Deszö Kosztolanyi à propos du président de la société savante d’une ville universitaire allemande du début du XXe siècle : ce président était immensément célèbre et respecté au-delà des frontières de sa ville pour la science admirable qu’il avait acquise dans l’art de présider les conférences de cette société. Dès les premiers mots de l’orateur, il s’endormait, d’un sommeil toujours égal, sans préjugés, pour se réveiller à l’instant précis où il devait dire les quelques mots de conclusion et remercier l’orateur. Christie, c’est ça : il présente bien, devant son clavecin, il mouche les tousseurs d’un air royal – mais son orchestre est mort, dépourvu d’invention ; on sait bien que Christie est un médiocre claveciniste (voyez ses Rameau !), il est aussi un continuiste sans imagination, qui a eu longtemps la chance de pouvoir compter sur Christophe Rousset ou Emmanuelle Haïm (qui, ne l’oublions pas, avant de devenir un chef médiocre, a été une continuiste fabuleuse) pour compenser ses insuffisances.
Si on s’ennuie tant dans ce spectacle, c’est donc largement de sa faute, parce qu’il n’a pas su donner de couleurs à sa réalisation (la position de principe en faveur d’un orchestre très réduit est très respectable – et c’est plutôt la mienne – mais elle n’excuse pas une telle monotonie), parce qu’il a mal préparé les chanteurs, parce qu’il dirige sans sens du théâtre.
Heureusement, la distribution, qui n’est pas sans faille (Claire Debono, aigre Vénus), a quelques atouts qui permettent de faire avancer la soirée à défaut d’enthousiasmer. Rester après l’entracte se justifie : Anna Bonitatibus en Didon vient enfin réveiller les plus endormis avec une voix chaleureuse, un sens du texte, une vérité dramatique qui n’est faite de rien mais qui donne tout à coup tout son sens à la musique. Une bonne partie de la distribution est issue du Jardin des Voix, cette espèce d’académie de formation pour chanteurs baroques que Christie dirige et qui n’a guère porté ses fruits : Bonitatibus, elle, n’en est pas sortie, et cela s’entend. Mais le Jardin, à défaut de riches moissons, aura tout de même produit une belle plante, qui est pour moi la révélation de cette soirée : elle s’appelle Katherine Watson, elle chante Cassandre dans la 1e partie et la demoiselle en bleu dans la seconde, et c’est un délice de timbre, d’intelligence et de caractérisation. On ne nous l’annonce pas encore dans de grands rôles (mais elle sera dans les petits rôle de la Médée de Charpentier au TCE la saison prochaine), mais je compte bien qu’on n’en restera pas là !

PS : en tout état de cause, même Cavalli maltraité reste un grand compositeur. On vient de donner à grand renfort de médias Einstein on the Beach de Glass (Montpellier) et Nixon in China de John Adams (Châtelet) : même remarquablement bien montée (paraît-il), la pisse de chat reste de la pisse de chat. Grand bien à qui s'en nourrit.

5 commentaires:

  1. Je ne pas vous reprocher votre amour de Cavalli -- je le partage. Néanmoins dans vos critiques de ces opéras, je suis un peu choqué par la place démesurée que prend la critique de la mise-en-scène. Dans votre billet dans l'Egisto, à peine trois lignes sur la musique, et puis du venin contre : l'Opéra-Comique, Lazar, et j'en passe.

    Enfin ici, vous critiquez la mise-en-scène (qui j'en conviens était médiocre), mais vous critiquez aussi la direction musicale.

    J'avoue que cela me laisse perplexe.

    Je ne vous boude pas vos goûts, mais j'avoue je ne pas comprendre l'esthétique que vous recherchez. Le continuo de Christie pour Cavalli est peut-être l'un des plus beaux que j'ai entendu : à la fois d'une extrême inventivité, et qui compris dans les clavecins tenus par William Christie et Paolo Zanzu, et aussi orchestré de manière très intelligente (par exemple la lirone, dont il est devenu à la mode de s'en servir à tort et à travers, n'est exploitée que sobrement comme il se doit pour accentuer le dramatisme... et notamment ne joue quasiment à l'acte II).

    Mais sans doute avons nous des critères différents ?

    Que cherchez-vous ? Est-ce parce que vous aimez le parti pris de René Jacobs ?

    Je ne sais pas.

    Comme je l'ai dit, vous avez l'intelligence de savoir que Cavalli est un très grand maître, donc je suis sûr que vous savez ce que vous dites, mais j'avoue je ne comprends pas trop de quoi vous parlez.

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  2. Merci pour ce riche commentaire ! Je reprends votre message dans le sens inverse... Le parti de Jacobs n'est pas du point de vue théorique celui qui me séduit le plus, c'est évident, mais il n'est pas fait pour cela, et j'y prends un plaisir que je ne vais pas nier. L'argument selon lequel il faut étoffer l'orchestration parce qu'il faut s'adapter au gigantisme des salles d'aujourd'hui n'est pas tout à fait négligeable.
    Mais la démarche consistant à essayer de retrouver les équilibres originels de l'opéra vénitien me convainc beaucoup plus (je me souviens d'un magnifique concert d'airs de Monteverdi à Radio France par Rousset, avec 4 ou 5 musiciens en tout). Mais l'effectif n'est pas tout, l'essentiel c'est ce qu'on en fait : on a bien vu ce que ça a donné à l'OC avec la version Guitar Hero de Vincent Dumestre... Chez Christie, je trouve déjà l'accompagnement trop étique, presque comme les récitatifs des Noces version Jordan à Bastille, une note toutes les trois minutes ; j'aurais en particulier aimé une utilisation un peu plus prononcée des violes, qui peuvent quand même donner une variété de couleurs sans tomber dans le côté Hollywood de Jacobs. Et puis je n'arrive pas à admettre qu'on fasse aussi peu de différence entre récitatifs et airs, ce qui donne une impression terrible de monotonie dont le public risque de rendre le compositeur responsable. Je ne prescris rien, notez bien, sur la manière dont cette différence doit/peut être rendue : mais il me semble indispensable qu'elle le soit. Tout ceci ne concernant que la réalisation.
    Sur la direction musicale maintenant, je l'ai trouvée apathique, peu concernée par le théâtre, incapable de donner un mouvement général à l’œuvre. On avait par exemple l'impression au premier acte que se succédaient des moments dramatiques qui allaient tous dans le même sens (les Troyens sont foutus, on a compris) alors qu'il y a de quoi faire ressortir chaque tragédie individuelle (Créüse et Cassandre n'ont pas le même destin).
    Pour l'Egisto, c'est vrai que j'avais beaucoup plus parlé de la mise en scène, parce qu'elle était LE problème du spectacle et qu'elle m'avait gâché la soirée ; musicalement, que pouvait-on dire ? Tout était "pas mal", certaines choses un peu moins, d'autres un peu plus, mais j'ai du mal à écrire longuement sur du "pas mal"...
    On peut s'agacer, au passage, de lire certains articles de presse sur le ton "on n'a gardé que 3 opéras de Monteverdi, alors il faut bien de temps en temps se servir chez Cavalli, même si c'est du second choix"...

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  3. Je pense que ce qui me surprend le plus, c'est la rudesse avec laquelle vous jugez Christie, et la complaisance que vous avez envers Dumestre. Je peux le dire franchement : la direction de l'Egisto était une catastrophe. Vous parlez de monotonie dans La Didone de Christie ?? Dans l'Egisto, il y avait le mode TUTTI et le modes CORDES PINCÉES comme vous le soulignez vous même. Dans l'Egisto, les chanteurs - avec l'exception de Lefilliatre - étaient tellement peu dirigés qu'ils en étaient complètement paumés. Lors de la représentation du dimanche, j'ai entendu Anders Dahlin deux fois essayer d'improviser la fin de sa mélodie comme il se doit dans un opéra de cet époque, pour que Dumestre, inattentif, continue à diriger, ce qui faisait que l'orchestre était en décalage. Ce n'est pas sérieux !

    J'ai trouvé l'Egisto d'une monotonie extrême, et justement, j'ai trouvé que Christie avait le mérite - comme toujours chez lui - de chercher à faire des contrastes. Ainsi, oui, c'est vrai qu'on peut trouver que l'accompagnement est un peu bavard. Personnellement, je pense que ça a davantage à voir avec la partition.

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  4. Car on dit toujours (je pense plus au bien pensant qu'à vous, qui semblez au contraire savoir ces choses là) que la partition est "qu'une ligne de chant et une ligne de basse"... ce qui me fait beaucoup rire. Parce qu'on semble penser que cette "pauvreté" est le fait seul de Cavalli. Non. Dans la partition de La Didone, toutes les ritournelles sont entièrement écrites : il y a des passages à trois parties, à cinq parties, et puis effectivement les passages vocaux ne sont généralement qu'accompagnés d'une ligne de basse.

    Mais c'était comme ça partout. (Même s'il est vrai qu'à partir de Lully on commence à voir des airs accompagnés avec des instruments écrits en toutes notes, ce n'est pas franchement une grande différence.)

    Ce qu'il y a de frappant dans la partition de La Didone, c'est à quel point c'est un pot pourri de récitatifs, arias, etc. La raison pour laquelle la différence entre arias et récitatifs n'est pas marquée dans l'interprétation, c'est qu'elle n'est volontairement pas claire dans la partition.

    C'était l'une des caractéristiques de la première manière de Cavalli. Il faut attendre plus tard, par exemple avec la très belle Artemisia, pour avoir une partition de lui où on peut faire une réelle différence entre aria et récitatifs (et même la Calisto que vous adorez est nettement plus tardive, puisqu'elle a été composée dix ans après la Didone).

    Enfin, pour ce qui est de la sobreté de l'accompagnement de Christie, je ne comprends pas. L'un des moments qui m'a le plus émerveillé, c'est le passage où l'Ombre de Créüse parle à Énée - accompagnée d'une basse de viole seule.

    http://www.filefactory.com/file/c24a4a6/n/creusa.mp4

    Pour être honnête, je trouve aussi qu'il y a une certaine torpeur à un moment. Je l'attribue moi à deux choses : je pense que la mise-en-scène est très, très lassante (au point où une version de concert serait mieux), et même complètement indéfendable ; de plus je pense que le fait de diviser le spectacle en 1h + 2h est une mauvaise décision -- guidée encore une fois par les besoins de cette connerie de mise-en-scène. 2h + 1h aurait été mieux, ou 1h + 1h + 1h...

    Si vous le voulez bien, je vous propose - au moins - d'écouter la Didone enregistrée par Hengelbrock et celle enregistrée par Biondi. Vous me direz alors ce que vous pensez de celle de Christie, en termes concrets de ce qui a été fait, et non pas d'une interprétation idéale qui n'existe pas.

    Pour le reste, notamment pour votre agacement face à ceux qui considèrent Cavalli comme un second couteau après Monteverdi... je ne pourrais être davantage en accord... et je suis comforté par votre point de vue sur Jacobs.

    Merci en tout cas de discuter aussi passionnément de Cavalli. J'avoue que la léthargie générale (en effet, cette production, bien qu'elle remplit la salle, ne semble pas catalyser autant les discussions sur les forums que Don Giovanni) me déprime beaucoup.


    PS: vous me parlez de Rousset avec admiration, mais je note que vous n'avez pas aimé sa Calisto ; je suis curieux de savoir ce que vous pensez de sa Didone qu'on trouve dans les cercles confidentiels.

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  5. Oui, c'est vrai, j'ai peut-être été un peu gentil avec Dumestre. Mais je trouve dans ce genre de cas difficile de faire la part des choses entre la léthargie scénique et les problèmes musicaux (j'ai aussi entendu les déraillements dont vous parliez).
    La Didone n'est pas un opéra que je connais très bien. Je n'ai que la version de Hengelbrock, que je n'ai pas écouté très souvent parce que j'ai un malaise diffus en l'écoutant. Je sais que ça ne va pas, mais je ne me souviens plus pourquoi... Je n'ai pas encore écouté/vu la vidéo de Caen, si bien que je ne peux que me reposer sur l'unique représentation de samedi : peut-être serai-je amené à relativiser mon agacement, qui était très fort pendant le spectacle (d'autant que je voyais très bien l'orchestre, donc notamment Christie qui m'a paru vouloir jouer à Venise 1641, je veux dire par là laisser jouer les musiciens avec une liberté qu'ils n'étaient pas capables d'avoir - et je l'ai vu au moins une fois faire un signe en retard par rapport à la musique). Et je persiste à dire qu'il a mal préparé les chanteurs, y compris Spicer (mais non Bonitatibus, qui sait très bien se débrouiller toute seule. Le passage de Créüse dont vous avez mis le lien ne me convainc malheureusement pas tellement, ni pour le continuo, ni pour la déclamation (on pourrait faire beaucoup plus dans l'entrelacement entre la voix et l'instrument, pour mieux servir la rhétorique de ce beau passage : ici on a un ton de plainte uniforme, sans trajectoire dans la douleur)... Mais faute d'arguments complémentaires, je crois que nous devrons en rester là sur ce spectacle...

    Sur le principe maintenant, c'est sûr que La Didone est antérieure à la multiplication des morceaux clos, pour ne pas dire des chansonnettes (sans connotation péjorative) des opéras plus tardifs. Pourtant, même sans parler à proprement parler d'une opposition nette air/récitatif, il y a tout de même plusieurs types de chant, et il me paraît essentiel de marquer plus nettement les différences, pour éviter la monotonie. Je peine à croire que, si les manuscrits de cette époque écrivent continuellement une simple basse en dehors des ritornelli, il soit pertinent de rajouter une écriture polyphonique sur les airs, d'autant plus ici que comme vous dites la différence est souvent impalpable ; pourtant, j'ai du mal à imaginer qu'on puisse avoir payé des musiciens pendant 3 heures pour ne jouer qu'un quart d'heure en tout...
    C'est vrai que j'avais aussi critiqué La Calisto de Rousset, mais pour sa mollesse plus que pour son interprétation ; malheureusement, je n'ai pas pu mettre la main sur sa Didone...
    En ce qui concerne le découpage du spectacle, je crains qu'il soit un peu inévitable : c'est comme chez Berlioz, La prise de Troie et Les Troyens à Carthage. A moins de mettre un 2e entracte... Paradoxalement, cette mise en scène idiote et le rôle crucial de Mlle Bonitatibus fait qu'on s'ennuie plus dans la 1e partie, cela dit, ce n'est pas qu'une question de durée.
    S'il n'y a pas plus de débats que cela sur les forums, c'est aussi parce que les spectacles Cavalli qui se succèdent ne parviennent pas à séduire le public, et ceux qui ne connaissent pas s'enfuient pour aller plutôt (côté baroque) vers Haendel ou l'opéra français, ce que je peux comprendre dans ces conditions...
    Merci en tout cas pour tous ces commentaires !

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