Etrangers, venez sauver la France !

Bon, malheureusement la candidature implicite au Ministère de la Culture que j'avais faite par ce blog n'a pas été prise en compte, quel dommage ; mais à défaut, on aurait au moins pu me laisser l'Identité nationale, au lieu de laisser perdre un si ambitieux ministère*, qui avait tellement bien réussi à faire parler de lui, à défaut de nous prouver son utilité ou du moins sa non-nuisance... Si on m'avait fait ce petit cadeau, je me serais tout de suite mis à l'œuvre, et pour tenter de soigner un peu cette pauvre identité nationale, j'aurais mis une bonne partie du monde du théâtre français au régime "théâtre étranger". La thérapie est un peu violente, sans doute, mais qu'y a-t-il de pire que de se complaire dans sa propre médiocrité ?

C'est pas français, donc c'est nul : photos de scène dans le foyer du théâtre de Bâle

Par chance, à défaut d'avoir des artistes intéressants, Paris peut au moins compter sur une dynamique programmation de spectacles étrangers, qui attirent un nombreux public soulagé de ne pas être condamné à ne voir que les spectacles de la famille Deschamps ou la pitoyable Andromaque de la Comédie française.
Deux événements dans ce domaine sont à signaler dans les prochaines semaines.
En plein cœur de Paris, on retrouve Krzysztof Warlikowski à l'Odéon, un an après l'immense Un tramway qui avait mis en évidence la déroute intellectuelle totale de la critique française : cette fois, retour à ses acteurs polonais, pour une série de représentations bien plus brève que l'an passé (du 4 au 13 février), et retour au principe du montage de textes, en l'occurrence Kafka, J. M. Coetzee et Koltès. Il reste des places, ce que la durée du spectacle (3 h 50) et le principe même du surtitrage explique évidemment en grande partie : chers lecteurs, osez !
Un peu plus loin, la MC93 de Bobigny organise comme chaque année depuis 8 ans un festival international de théâtre, dont je n'ai toujours pas compris le nom (Le standard idéal), mais dont j'apprécie la programmation, où tous les grands noms du théâtre européen sont passés. Cette année, les choses ont pourtant assez mal commencé, avec Oncle Vania mis en scène par Lev Dodine, que les lyricomanes parisiens connaissent pour ses mises en scène de La dame de pique et de Salomé : là où on me promettait un miracle de direction d'acteurs, une mise en scène réglée au cordeau et des acteurs à couper le souffle, j'ai eu droit à des acteurs incapables de projeter leur texte, des lumières bâclées, une mise en scène molle et surtout un spectacle réactionnaire comme on en fait peu (oui, Andromaque toujours - qui est un spectacle tellement mauvais que je vous conseille si vous avez le temps d'y jeter un œil, on ne voit pas ça tous les jours) : décidément, y a-t-il encore une culture en Russie ?. Mais admettons que c'est un simple accident de parcours : dans deux semaines, une riche programmation investira les deux salles de la maison, et on espère qu'elle prouvera que c'était vraiment la peine de faire échouer l'OPA tentée par la Comédie-Française il y a deux ou trois ans sur la MC93...
Le site de la MC93 est une antiquité fort peu confortable, mais enfin, c'est par là...

*Apparemment, les grands intellectuels qui ont conçu l'inoubliable débat sur l'identité nationale autour du Socrate des temps modernes Éric Besson ont dû être recyclés justement au Ministère de la Culture, quand on voit la hauteur de vue de deux rapports actuellement en circulation sur le Net ; je vous en reparlerai dès que possible... Je peux déjà vous l'annoncer : vous qui venez ici, qui savez donc lire et vous intéressez probablement un peu à la culture, vous êtes des dinosaures ; dépêchez-vous donc un peu de disparaître !