La vie est dure, mon bon Monsieur, et être directeur d'une maison d'opéra subventionnée à plus de 100 millions d'euros par an ne protège pas de la précarité. La politique tarifaire de l'Opéra de Paris, telle que dévoilée à l'occasion de la présentation de la nouvelle saison de l'Opéra, fait des vagues, et pas pour rien. On pourra me rétorquer que le sort des spectateurs d'opéra, fortunés ou pas, n'est pas un élément essentiel de l'histoire du monde, et que quelques personnes peuvent avoir d'autres problèmes dans la vie ; l'intérêt que je me permets malgré tout d'y porter tient à ce que cette politique révèle de la conception de la culture, et notamment de la diffusion sociale de la culture. Mais pour en parler avec un peu plus de fond, il est nécessaire, avec toutes mes excuses, d'entrer dans le détail des mesures prises, à travers une comparaison précise du plan de salle de la saison en cours avec celui de la prochaine saison (sans tenir compte, par conséquent, des augmentations de prix vertigineuses qui ont déjà eu lieu depuis que Nicolas Joel dirige l'Opéra de Paris, et en me concentrant sur les opéras et ballets les plus populaires, donc les plus chers).