mardi 26 septembre 2006

Je l'ai vu

Je fais partie des nombreux mélomanes qui ont été atterrés lors de la parution du nouveau programme du Châtelet, notamment à cause de la programmation de pas moins de 34 représentations du Chanteur de Mexico, opérette (ou plutôt comédie musicale) de Francis Lopez, "immortalisée" par Luis Mariano.
Mais, comme j'ai un minimum de conscience professionnelle (bien que ce ne soit pas ma profession...), j'ai décidé d'aller voir ce spectacle, en l'occurrence sa seconde représentation jeudi dernier.
Il ne m'a pas été difficile de trouver une place, le début de saison étant comme toujours un peu poussif (mais pas d'illusion, ce sera bondé pour les fêtes!). Le public est bon enfant, très bourgeois et assez vieux, mais pas seulement. Pour autant, il faudrait être stupide pour qualifier ce choix de programmation de "démocratique": vendre 90 € (1ère catégorie) un spectacle pareil, il faut oser...
Bien sûr, on me dira que j'avais des préjugés. Mais c'est loin d'être la première fois que je vais voir un spectacle avec des préjugés et bien souvent ils ont été pulvérisés; ça a notamment été le cas pour les Offenbach donnés dans le même lieu...

Il faut bien en venir à ce qui fâche: la musique. C'est épatant de constater à quel point il n'y a rien là-dedans; le grand mérite de la partition, c'est de n'avoir aucune prétention, mais j'ai envie de dire que qui ne veut rien n'a rien: et on n'a rien. Le seul passage qui ressemble un peu à quelque chose est la scène des conspirateurs au 2e acte; cela ressemble, en fait, très précisément à du Offenbach... L'histoire, elle, vaut ce qu'elle vaut, mais même une excellente hitoire n'aurait pas résisté à la misère intellectuelle de Lopez... Le seul intérêt de la chose est de voir ce qui a pu passionner des milliers de spectateurs il y a un demi-siècle - mais il y a bien d'aurtes succès du passé qui mériteraient une résurrection...

Tout ceci, bien sûr, était prévisible. Ce qui l'était moins, c'est que la mise en scène est exactement aussi nulle que la musique. Oh, bien sûr, il y a bien des sortes de nullité, et le mot est bien vague: des Noces de Marthaler au Couronnement de Poppée de McVicar, on en a vu d'autres... Celle-là, pourtant, est la nullité même: il n'y a rien. Pas de travail en profondeur sur l'oeuvre, les personnages, le contexte -mais ce genre d'intellectualité n'aurait sans doute guère enthousiasmé un public peu gourmet. Mais surtout il n'y a même pas ce à quoi je m'attendais, une espère de vulgarité assumée, triomphante, provocatrice, qui aurait eu le mérite de la franchise et aurait certainement été beaucoup plus drôle que ce spectacle mou.

Il n'est pas étonnant de ce fait que le public, lui aussi, reste mou jusqu'à la fin du 1er acte, quand un décor énorme, d'un kitsch que la mise en scène n'atteint hélas jamais, cadre à l'inévitable tube Mexico. Celui-ci est chanté par un ténor que j'espère ne jamais réentendre, un certain Mathieu Abelli, qui abuse de son fausset d'autant plus facilement que, comme ses collègues, il est affreusement sonorisé. A vrai dire, cela s'expliquerait pour les acteurs Couraud, Benguigui et de Palma, qui n'ont vraiment aucune voix chantée; c'est par contre particulièrement absurde pour l'excellent Frank Leguérinel, seul vrai chanteur professionnel dans cette morne plaine.
L'autre problème du spectacle est que le meilleur chanteur est aussi le meilleur acteur; ceux dont c'est la profession, et qui on sans doute été plus choisis pour leur célébrité médiatique que pour leur talent, sont il est vrai si peu dirigés que la grande banalité de leur jeu n'est pas uniquement leur faute.

L'opérette "triomphe" donc au Châtelet: Jean-Marie Le Pen doit être content, lui qui faisait de la renaissance de l'opérette le seul point de son programme culturel pour la présidentielle de 2002. Et la France, vue à travers le public du Châtelet, paraît désormais suffisamment décérébrée pour tomber dans les bras du triste Nicolas.

vendredi 15 septembre 2006

Rentrée

Je viens de voir le film Adieu ma concubine, qui n'est sans doute pas un très bon film, mais qui parle d'opéra chinois. Je n'y connais absolument rien ; ce qui m'a intéressé, c'est la manière dont, dans l'opéra chinois, ce n'est pas seulement la musique et le texte qui sont transmis de génération en génération, mais aussi la gestuelle, les costumes et même le maquillage des acteurs.
Ce n'est pas le cas dans notre monde opératique occidental. Certains le regrettent sans doute, et les nombreux spectateurs qui ont hué le metteur en scène Andrei Serban pour la première représentation de Lucia di Lammermoor à l'Opéra Bastille samedi dernier en font sans doute partie. La production de Serban n'est pas intouchable, et je trouve à cette reprise, comme souvent avec les reprises de l'ère Mortier, une certaine mollesse dans l'exécution de la mise en scène, sans doute due aux conditions de répétition. Mais il y a de nombreuses belles idées, de belles images que ceux qui ont de la beauté en scène une vision stéréotypée ne savent pas voir. L'actualisation de Serban, qui évite la maladresse de situer l'action dans une époque trop déterminée, est nourrie à la substance de l'oeuvre, où la violence est omniprésente, et où à la fin la violence apparaît comme la seule réponse à la violence. L'utilisation du personnage anecdotique de Normanno, le sbire d'Arturo, est remarquable ; face au pouvoir de la religion (Raimondo, au rôle extrêmement trouble) et aux forces de la politique (Arturo/Enrico), il est entre autres les forces de l'argent, et cette trinité sinistre domine admirablement la mise en scène de Serban, face à l'innocence en danger de Lucia. Celle-ci perd son innocence très tôt, confrontée à la complexité du monde : dès le 2e acte finalement, elle est contrainte de rentrer dans des jeux troubles pour ne pas être broyée par une machine qui la dépasse.
On me reprochera de consacrer trop de place à la mise en scène et pas assez à la partie musicale. Je répondrai que ce qu'on appelle " la partie musicale " se réduit souvent à un jeu de bons et de mauvais points pour les chanteurs et le chef, ce qui m'intéresse vraiment très peu; j'ajouterai quand même que, pour une oeuvre qui n'est pas le sommet de la création musicale de l'Occident, nous avons pu assister à une exécution de niveau très satisfaisant: dominée par une Natalie Dessay au timbre désormais assombri (je veux dire par là enrichi) et à l'incarnation sans faille, la soirée présentait en outre un excellent baryton, Ludovic Tézier (belle voix sombre et incarnation sobre -son personnage n'est pas un méchant d'opérette) et un ténor qui tient la route sans séduire. Très médiocre en revanche le malheureux Arturo, l'époux assassiné. Pidò efficace, parfois un peu bruyant.

Ceux qui n'ont pas aimé pouvaient toujours aller au Théâtre des Champs-Elysées voir la tiède soirée Roland Petit, vue la veille, qui montrait bien que la médiocrité satisfaite et bénie par le temps remporte toujours un grand succès...

vendredi 8 septembre 2006

Bonjour...

En attendant mieux, une petite présentation provisoire de ce blog: c'est le blog personnel d'un mélomane intéressé par la musique (exclusivement "classique", du XVIIe... au XXIe siècle).
Je ne chercherai pas absolument à coller à l'actualité, mais étant actuellement (entre autres) à Paris, je parlerai évidemment de ce qui se passe à Paris: Opéra de Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le Châtelet ou ce qu'il en reste, ma chère Cité de la Musique, et très bientôt Pleyel!
Si un peu de vitriol se glisse épisodiquement dans ces lignes, vous ne m'en voudrez pas!
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