vendredi 3 septembre 2010

L'opéra est-il une république bananière ?

95 % ? 96 % 97, 98, 99, 100 %, bientôt 101, 102, 103 % : jusqu'où ira-t-on ?

Vous l'avez remarqué, j'imagine : chaque fois qu'une maison d'opéra ou un festival de premier plan font le bilan de leurs saisons, les taux de remplissage des salles qu'ils affichent fièrement ont toujours, ces dernières années, des allures de résultats électoraux façon bloc soviétique. On se bat aujourd'hui pour afficher un pour cent de plus que l'an passé, bientôt, à moins de franchir la barre des 100 %, on se battra pour des dixièmes.

Bien sûr, il y a un côté positif là-dedans : mieux vaut, c'est évident, que les salles soient pleines ; mieux vaut que les subventions publiques, là où elles existent, soient utilisées pour des spectateurs que pour des salles vides. Après tout, le temps où l'opéra était le comble du ringard, le divertissement des bourgeois les plus flétris, le refuge des bien-pensants n'est pas si loin, et il ne faut pas oublier que si l'Opéra de Paris, au début des années 70, ou le festival de Salzbourg vingt ans plus tard sont tombés dans les mains de ces dangereux révolutionnaires qu'étaient Rolf Liebermann et Gerard Mortier, c'est qu'ils étaient à l'article de la mort et que leurs tutelles ne savaient plus à quels saints se vouer : les crises du passé pourraient revenir. Que les salles d'opéra soient aujourd'hui pleines, c'est une bonne chose, bien sûr. Mais ce n'est pas qu'une bonne chose. Le patient a les joues bien pleines et bien roses, mais des examens complémentaires s'imposent.

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