jeudi 31 mai 2007

Un criminel revient toujours sur le lieu de ses crimes

Qui l'eût cru? Le lecteur qui a lu mon message de l'automne dernier sur les concerts de Daniel Barenboim à la tête de sa Staatskapelle Berlin aura du mal à croire que je me suis rendu hier soir au récital du même Daniel Barenboim, retransformé en pianiste, toujours au théâtre du Châtelet (dans le cadre de la saison de Piano****, l'"association" du déplaisant André Furno, qui tient à ce que la dernière catégorie soit à 20 €, quitte à ce qu'il reste comme hier soir des centaines de places). Il serait encore plus surpris s'il savait que je n'aime guère Liszt , au programme hier.
DSCF1802
Dire que ce concert suffira à faire que Liszt ("Lits", comme tenait à le dire une dame croisée hier soir) un de mes compositeurs préférés, ce serait bien excessif. Souvent, sous les doigts de nombreux interprètes, j'entends dans ses oeuvres plus du piano que de la musique, de la même manière que bien des opéras satisfont bien plus le lyricomane que le mélomane.
Chopin, parfois, donne la même impression: mais c'est uniquement la faute des interprètes, plus préoccupés de faire sonner leur monstre noir que de faire de la musique et de comprendre le compositeur qu'ils jouent. Liszt, c'est un peu différent: je le soupçonnerais volontiers d'être complice de ce genre de débordements pianistiques. Mais la preuve est faite qu'un interprète sensible peut en faire de la musique : clarté du jeu, nuances, variété du toucher. Le tout confirmé par cinq bis (Bach, Scarlatti et Chopin) d'une poésie et d'une concentration magnifique.
La morale de l'histoire? C'est évidemment qu'il faut toujours aller contre ses propres blocages, contre ses préjugés, contre ses habitudes. La curiosité paye : on a bien le droit d'avoir tous les préjugés qu'on veut, mais il n'y a rien de plus agréable que de les voir voler en éclat.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...