lundi 31 janvier 2011

Musicasola sur Twitter - et Metz, encore, toujours

La bonne nouvelle pour ceux qui utilisent Twitter, c'est que j'y ai créé un compte, où vous pourrez suivre en direct non seulement les messages de ce blog, mais aussi un peu plus que ça : petits billets d'humeur musicale ou chorégraphique... On verra si je tiens le rythme effréné qui est celui de Twitter ! Vous avez bien entendu aussi encore et toujours la possibilité de vous abonner par mail, en haut de la colonne de droite - merci à ceux qui l'ont déjà fait !


Mais n'oublions pas notre feuilleton messin, avec tout cela : il faut croire que les nombreux candidats auditionnés pour prendre la tête de l'Opéra de Metz étaient très mauvais, à voir l'identité du candidat retenu : Paul-Emile Fourny, ancien directeur de l'Opéra de Nice (!) et metteur en scène. J'ai envie de dire comme Figaro à la recherche d'une place : Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l'obtint. L'Opéra-Théâtre de Metz est une salle intime, de petite taille, idéale pour Mozart et pourquoi pas pour le baroque : on choisit donc logiquement un spécialiste du gros répertoire qui tache, d'Aida à Mireille et de Rigoletto à Andrea Chénier. Il fallait un administrateur pragmatique capable de changer l'image déplorable de cette maison et de renouveler un public moribond : on choisit un metteur en scène on ne peut plus conservateur, déjà un peu trop connu pour qu'on puisse sérieusement croire qu'il va concentrer son activité sur Metz, et avec des goûts personnels bien affirmés là où on a avant tout besoin de diversité.
On en vient à se demander pourquoi ne pas avoir prolongé le très médiocre Eric Chevalier et ses décors à deux sous si c'est pour prendre le même, et ce d'autant plus qu'en ouvrant le Centre Pompidou Metz il y a quelques mois, on pouvait penser que l'équipe en place aurait à cœur de mettre son théâtre au niveau d'exigence artistique qui est celui de ce nouvel équipement, et qui est depuis longtemps celui de la célèbre salle de concert de l'Arsenal. Il y a tant de Belges créatifs et ouverts sur le monde, et il faut bien entendu qu'on choisisse le mouton noir. Je suis atterré par ce choix qui ne fait que prolonger les erreurs du passé !

Qui peut avoir envie de voir ça ? Non seulement c'est laid et vulgaire, mais en plus ça fait cheap !

PS (2 février) : Je suis aussi atterré par autre chose, même si pas surpris : en dehors du Républicain Lorrain, qui s'est fendu d'un court article factuel sur cette nomination, l'écho médiatique de cette nomination est pratiquement nul, ce qui est la marque parlante du trou au fond duquel se trouve la maison. Un petit extrait d'une critique de Forum Opéra (signée Jean-Marcel Humbert, qui ne semble pourtant pas être un défenseur ardent du Regietheater) pour montrer l'ampleur du personnage nommé par les édiles messins :

Il est certain que Paul-Émile Fourny n’est ni Robert Carsen (Opéra Bastille) ni Olivier Py (Opéra de Genève), ça se saurait. Mais même la production de l’Opéra Comique dans les années 60 était bien supérieure à ce qui nous est ici proposé. (...) D’aucuns ont parlé des coupes budgétaires pour justifier une production « cheap » : mais, pour ne citer qu’une production réalisée avec encore moins de moyens, on se rappelle avec beaucoup plus d’intérêt de celle de Dmitri Bertman (Opéra Hélikon) présentée au Théâtre des Champs-Élysées en 1999. (...) Que dire de plus… Tout cela est lourd et laid. S’y ajoutent une mise en scène et une direction d’acteurs peu originales de Paul-Émile Fourny, qui paraissent également sans cohérence, entachées qu’elles sont de tous les poncifs des productions de ces 20 dernières années. Bref, tout cela paraît bien laborieux, au point qu’à de nombreuses reprises on s’ennuie ferme, avec l’irrésistible envie de regarder sa montre.

samedi 29 janvier 2011

Parlons d'argent : l'Opéra de Paris et sa politique commerciale

Oh, bien sûr ce n'est qu'une petite partie des problèmes actuels de l'Opéra de Paris ; mais il n'est pas inutile de parler quand même un peu d'argent, d'autant plus que tout concorde pour dire que nous aurons le plaisir de découvrir en mars prochain une augmentation massive du prix des places les moins chères : profitons donc de ce relatif calme avant la tempête (même si des augmentations de cette sorte ont déjà eu lieu, de façon non pas modérée mais du moins supportables par rapport à ce qui arrive).
Pour que nous ne parlions pas dans le vide, je vous propose un joli petit tableau qui retrace l'évolution de la tarification d'une production particulière, cette Tosca mise en scène par Werner Schroeter. Choix que j'ai voulu le plus neutre possible : une production que beaucoup dont moi trouvent extrêmement médiocre, mais qui a été sans doute la plus donnée des trois mandats de MM. Gall, Mortier et Joel, amortie depuis longtemps, qui me semble permettre une comparaison précise et fiable, d'autant plus que l'inflation, durant toute la période, est restée modérée (+ 28 % en 15 ans, si j'ai bien vu). Si je trouve le temps, je pourrais faire pareil pour une production de l'Opéra Garnier, même si je ne crois pas qu'il en existe qui soit aussi impitoyablement récurrente.
Je ne me souvenais plus des bonshommes au fond. Mais je n'irai pas la revoir pour autant !

lundi 24 janvier 2011

Etrangers, venez sauver la France !

Bon, malheureusement la candidature implicite au Ministère de la Culture que j'avais faite par ce blog n'a pas été prise en compte, quel dommage ; mais à défaut, on aurait au moins pu me laisser l'Identité nationale, au lieu de laisser perdre un si ambitieux ministère*, qui avait tellement bien réussi à faire parler de lui, à défaut de nous prouver son utilité ou du moins sa non-nuisance... Si on m'avait fait ce petit cadeau, je me serais tout de suite mis à l'œuvre, et pour tenter de soigner un peu cette pauvre identité nationale, j'aurais mis une bonne partie du monde du théâtre français au régime "théâtre étranger". La thérapie est un peu violente, sans doute, mais qu'y a-t-il de pire que de se complaire dans sa propre médiocrité ?
P1020529
C'est pas français, donc c'est nul : photos de scène dans le foyer du théâtre de Bâle

jeudi 20 janvier 2011

Les chemins de la modernité (2) - Un intrus venu du passé

Ce n'était pas du tout prévu : voilà que Rameau s'invite dans cette série naissante. Oh, je sais, il n'y a rien de plus banal et de plus creux de prendre un compositeur X ou Y et de s'extasier le petit doigt en l'air "Oh, comme c'est modeeeeerne ! Pour son épooooque, quand même !". Oui, c'est banal, et pour la plupart des compositeurs je balaierais d'un revers de la main ce genre de raisonnement, mais voilà : en écoutant le beau programme de concert consacré par Jordi Savall aux suites d'opéra de Rameau (que j'ai eu le plaisir d'entendre dans les excellentes conditions de l'Arsenal de Metz, et non dans les vastes steppes de la Salle Pleyel), je me disais qu'avec Rameau, je n'y arrivais pas. Comparaison est déraison, sans doute : mais il y a quelque chose d'un Schoenberg dans la manière impavide dont Rameau conquiert des territoires sonores qui stupéfient non seulement leurs contemporains, mais nous aussi des décennies ou des siècles plus tard.

dimanche 16 janvier 2011

Quelques nouvelles de province

Je vous avais parlé (avec l'aide de commentateurs bienvenus) de la situation à l'Opéra-Théâtre de Metz, à la suite du non-renouvellement du contrat d'Éric Chevalier, nommé par un ancien adjoint à la culture battu aux élections qui avait voulu faire de l'Opéra son joujou : on me dit que son successeur est sur le point d'être nommé ; il reste à espérer que le successeur sera choisi de la façon la plus pragmatique possible et aura les moyens et l'ambition de faire revivre cette institution qui a un besoin criant de renouvellement qui ne saurait passer que par une politique intelligente, progressive et nécessairement moderne.

mercredi 12 janvier 2011

Les chemins de la modernité (1) - La Russie au bord du chemin

La Cité de la Musique a consacré le week-end dernier une série de concerts à la musique russe du XXe siècle, en relation avec l'exposition Lénine, Staline et la musique (que je n'ai malheureusement pas pu voir), et j'en profite pour entamer une nouvelle série consacrée à ce tournant du XXe siècle qui continue à nous marquer profondément : ce sentiment que quelque chose a changé à partir de Mahler, de Schoenberg, de Stravinsky, et qui est la naissance de quelque chose de nouveau que nous appelons encore un siècle après la modernité - à chacun de se battre avec ce concept tentaculaire et quelque peu filandreux.

jeudi 6 janvier 2011

De l'émotion en danse - à propos d'un spectacle récent à l'Opéra Garnier

C'est entendu, il faut que Brigitte Lefèvre, qui dirige le Ballet de l'Opéra depuis 1995 et a désormais nettement dépassé les 65 ans, s'en aille au plus vite, je ne vais pas énumérer une fois de plus les griefs à son égard. Mais pour autant, il serait fort injuste de ne pas louer, aussi, les quelques réussites qu'on peut mettre à son actif. Le dernier programme mixte présenté au mois de décembre dernier à l'Opéra Garnier en fait partie.
Le Sacre du Printemps - Photo Icare

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