samedi 17 mars 2007

Haendel s'ennuie

On m'assure que la première du nouvel Ariodante de Haendel au Théâtre des Champs-Elysées a été moins huée que celle du Jules César du début de saison. On croit rêver: là où Irina Brook avait livré un travail certes discret mais fin et intelligent, on se retrouve avec Lukas Hemleb avec une production certes peut-être précédée d'un long et profond travail dramaturgique, mais qui n'en laisse pas moins une impression de paresse et d'uniformité totale.
Lukas Hemleb, certes, avait fait tout ce qu'il pouvait pour, surtout, ne pas choquer le public; en dehors d'une chorégraphie ridicule*, tout cela est bien blanc, bien propre, bien sage (du moins quand le décor ne se grippe pas lors de l'une de ses inutiles métamorphoses), et sans doute il y a en partie réussi, dès lors qu'on ressort surtout avec l'impression d'avoir entendu une version de concert; dommage qu'Ariodante ne soit certainement pas le meilleur opéra du Saxon. Sous la direction intelligente de Rousset, on a tout de même eu le plaisir de revoir Vivica Genaux parfaitement à l'aise dans son rôle de méchant, la toujours étrange et intéressante Danielle De Niese et une agréable Dalinda (Jaël Azzaretti); quel dommage que le rôle-titre ne soit qu'un prétexte pour Angelika Kirchschlager, en pleine tournée promotionnelle, qui vient se faire applaudir mais ne s'abaisserait pas à s'investir un peu dans son rôle!

Mais au fond tout ceci est mieux que ce qu'il m'a fallu subir au Conservatoire (CNSMDP) avec Alcina mis en scène par Emmanuelle Cordoliani, qui enseigne l'"art lyrique" aux étudiants et s'attribue qui plus est les mises en scène du spectacle lyrique annuel (l'an prochain Don Giovanni...). Dans un lieu où j'ai vu un des plus beaux spectacles d'opéra de ma vie (Le Couronnement de Poppée mis en scène par Jean-Claude Berrutti) [mais aussi une atroce Flûte mise en scène par... Lukas Hemleb], j'ai donc dû subir un premier acte hystérique, entraînant aussi bien chanteurs que (pléthoriques) danseurs dans une espèce de danse de Saint-Guy qui ne laisse aucune chance à la musique; par la suite heureusement les choses se calment, mais l'ensemble donne une impression d'amateurisme qui inquiète pour la formation scénique de nos jeunes chanteurs (dont on retiendra notamment Clémentine Margaine, Bradamante, et Isabelle Druet, Ruggiero).

*J'ai souvent l'impression que les metteurs en scène donnent trop de libertés à leurs chorégraphes en oubliant de leur donner les moyens d'intégrer leur travail dans la production d'ensemble...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...