mercredi 1 décembre 2010

David Afkham, Mariss Jansons : décembre à Paris ou le triomphe de l'orchestre

L'un est au début de sa carrière, l'autre au sommet : Paris accueille en ce mois de décembre deux chefs d'orchestre que je ne peux que vous conseiller d'aller entendre, même si, étant toujours en Allemagne, je ne pourrai assister à ces deux concerts.
Le petit nouveau, c'est David Afkham, qui sera demain soir (jeudi 2 décembre) au Théâtre des Champs-Élysées : j'en avais déjà parlé ici, à propos de son triomphal concert salzbourgeois, et j'avais été l'interviewer quelques semaines plus tard pour Resmusica. Le programme comprend un concerto de Prokofiev et surtout, comme à Salzbourg, la 10e symphonie de Chostakovitch (et rien que ça vaut le voyage), l'orchestre n'est que l'Orchestre national de France, mais le chef mérite votre attention. Même s'il a été son assistant au Gustav Mahler Jugendorchester, David Afkham n'a rien à voir avec un Gustavo Dudamel : sa direction n'est spectaculaire ni visuellement, ni pour une oreille superficielle. Son maître est Bernard Haitink : rigueur, concentation, musicalité plutôt que grands sentiments et grands gestes donc.
Le grand maître, c'est Mariss Jansons, qui vient dans les mêmes lieux le samedi 18, avec l'excellent Orchestre de la radio bavaroise : bien sûr, le public parisien, comme à peu près dans toutes les grandes villes musicales, a au moins 3 ou 4 fois par an l'occasion d'entendre la 4e symphonie de Mahler (on se souvient, pour Paris, de la très belle et très âpre interprétation de Pierre Boulez avec la Staatskapelle à Pleyel), mais c'est justement avec Jansons que ça vaut le coup de se déplacer, d'autant qu'il est aussi un des plus grands interprètes de Chostakovitch. Lui aussi est un chef pour qui la musique n'a pas besoin d'adjuvants sentimentaux ou théâtraux, avec une sorte de chaleur dans la communication qu'il établit avec les œuvres, avec ses musiciens et avec le public qui n'appartient qu'à lui. Sa santé, depuis assez longtemps, est fragile, et j'espère sincèrement que ses différents concerts du mois de décembre auront bien lieu ; il reste en tout cas (c'est en quelque sorte regrettable !) beaucoup de places, comme toujours. C'est étrange : le public parisien se précipite au concert d'Abbado en octobre dernier, malgré le prix prohibitif des places, mais ne daigne pas se déplacer pour un chef qui vous emmène exactement sur les mêmes sommets...
Encore une occasion de redire que, si Paris est devenu une voie de garage pour l'opéra, la programmation symphonique y est bien celle d'une capitale mondiale, avec un public qu'on n'aurait pas soupçonné si passionné d'orchestres il y a quelques années !
(Mariss Jansons sera aussi présent à la Salle Pleyel avec son autre orchestre, celui du Concertgebouw, le 14 février...)

PS : non, je n'ai pas vu Mathis der Maler... J'imagine très volontiers que ce spectacle ne doit guère avoir de mal à être le meilleur de la saison de l'Opéra, mais d'une part je n'ai pas de possibilité de le voir, d'autre part je n'estime pas plus que cela Hindemith, ni dans son versant moderniste, ni a fortiori dans son repli néo-classique, et je ne pense pas que du bien d'Olivier Py. Je fais voeu de tenter tout de même l'expérience dans le cas d'une reprise - si possible sans Mathias Goerne, un chanteur dont le succès m'a toujours stupéfait !

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