lundi 16 mars 2009

Weiss du, wie das wird ? (1)

Ce message sera actualisé au fil de la publication effective des saisons.

Le printemps, en musique classique, c’est la saison... des saisons : déjà la salle Pleyel a publié la sienne, la Cité de la Musique s’apprête à faire de même, et on sait déjà l’essentiel de celles du Théâtre des Champs-Élysées, de l’Opéra-Comique et l’Opéra de Paris, entre indiscrétions des parties prenantes, savoirs d’insiders – qui ne manquent pas de proclamer haut et fort leurs mérites – et fuites volontaires de la part des directions. Le panorama qui s’offre ainsi au spectateur parisien – puisque, il faut bien le dire, le tintamarre autour des saisons ne concerne guère que Paris – se révèle cette année, comme on s’en serait douté, parfaitement schizophrène.

Du bon côté de la balance, le maintien d’une programmation de qualité ne concerne que la musique symphonique et instrumentale : on aimerait bien pouvoir voir les grands pianistes du moment sans passer sous les fourches malhonnêtes et coûteuses de Piano****, mais le résultat est là : pianistes, chefs d’orchestres, solistes divers, le nombre de grands artistes qui foulera la saison prochaine les scènes des salles de concert parisiennes est vertigineux, et atteint une densité qu’on ne se souvient pas avoir connue – et je ne peux que rendre hommage, une fois de plus, à la Salle Pleyel, première concernée (beaucoup plus que le TCE, certes riche mais souvent trop routinier) : ce qui est admirable, c’est non seulement les noms qui y sont – Claudio Abbado, Mariss Jansons, Bernard Haitink, Simon Rattle, Maurizio Pollini, Philippe Herreweghe, John Eliot Gardiner, Martha Argerich, et j'en passe beaucoup –, mais encore ceux qui n’y sont pas : pas de Riccardo Muti, ni de Georges Prêtre, ni de Lorin Maazel, les médiocres qui, la notoriété acquise, se sont réfugiés dans la facilité et les effets faciles ; pas non plus de Christian Thielemann (qui viendra au TCE), dont les conceptions musicales provoquent en moi un profond malaise (c'est un autre sujet).


Que l'opéra marche bien, imperturbablement, du point de vue commercial, c'est une bonne chose, même si (on va le voir) il n'est pas sûr que ses succès relèvent toujours d'une démarche artistique. Que la musique de chambre soit devenue toujours plus confidentielle, c'est à l'inverse bien triste (tristesse au reste relative, puisqu'on devrait pouvoir assister à une nouvelle édition de la Biennale du quatuor, indispensable, à la Cité). Mais du moins, du point de vue des programmateurs, il reste l'orchestre, source de fascination jamais démentie pour moi.


La programmation parisienne, dans ce domaine, est d'une richesse assez époustouflante, a fortiori quand on songe au coût des tournées orchestrales, ce qui console en partie de la médiocrité des formations locales. Le plus intéressant, c'est que ces formations viennent pour beaucoup avec des programmes qui ne manquent pas d'intérêt : le plus extraordinaire est certainement le Concertgebouw, que Mariss Jansons dirigera dans la 2e symphonie de Mahler ; mais on pourra aussi (pour ceux qui auront la chance de conquérir une place) voir les Berlinois jouer, outre Brahms ou Sibelius, la San Francisco Polyphony de Ligeti, tandis que Boston vient avec Dialogues de Carter (en partie, je suppose, par nationalisme étatsuniens, à vrai dire).


Schönberg, déjà amplement à l'honneur cette saison*, confirme l'évolution très intéressante qu'on avait déjà pu constater : Schönberg, apparemment, a fini de faire peur, et on pourra ainsi entendre un cycle Beethoven/Schönberg par la Staatskapelle de Berlin et Daniel Barenboim en plus de la Symphonie de chambre n° 1 par d'autres Berlinois. Et on suivra bien entendu avec grand intérêt la suite du cycle Pollini Perspectives, qui mélange de façon passionnante musique contemporaine et classique... Et Paris devient plus que jamais le fief de Pierre Boulez : non seulement pour les concerts prochains à la Cité de la Musique et à Pleyel (respectivement le 24 mars pour Carter/Boulez et le 31 pour Webern/Berg/Schönberg), mais également pour des horizons plus lointains: on entendra ainsi le plus grand musicien français dans Bartok, Stockhausen et Ligeti : enthousiasmantes perspectives...


Le message suivant, qui arrivera dès le courant de cette semaine, sera moins enthousiaste ; il concernera l'opéra : même si l'aventure scénique est pour moi indispensable, qu'on ne pleure pas trop sur mon sort, puisque la musique seule est tellement pleine de promesses.


*Je ne lui ai pas consacré de message, mais il faut absolument mentionner le récent concert Schönberg de Pierre Boulez avec l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, faisant suite à un très beau programme dirigé quelques semaines plus tôt par Peter Eötvös. Le plus intéressant à préciser est certainement que ces concerts étaient très bien remplis et ont suscité un enthousiasme inhabituel dans le public...

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