mardi 17 avril 2007

Le Châtelet nous surprend

Oui, je suis surpris de voir la nouvelle saison du Châtelet. Je n'aurais pas cru que ce théâtre tomberait encore plus bas que cette saison, mais c'est fait. Annoncer une aussi pauvre saison (uniquement sur Internet pour l'instant, quant à la brochure...), qui plus est au moment où la vulgarité (Thaïs de Massenet avec Renée Fleming, pour ceux qui...) y règne déjà en maître, c'est bien audacieux.
Disons-le: j'ai trop vu de magnifiques choses dans ce théâtre pour admettre cela de gaieté de coeur. Qu'avons-nous donc pour l'année prochaine ? Deux spectacles de musique du monde, intitulés "opéras" on ne sait pourquoi (en tout cas, ce n'est ni des opéras, ni de la musique de Chine ou du Sahel...); deux opérettes de bas de gamme (Véronique et une zarzuela); 50 représentations de West Side Story (qui osera dire enfin que c'est de la musiquette à deux sous?); une création mondiale, mais d'un opéra confié à un compositeur de musique de film, qui produira donc sans doute de la soupe (le simple fait que Placido Domingo et l'Opéra de Washington soient porteurs du projet le montre).
Et UN, je dis bien UN opéra: Padmavati de Roussel, puisque je vous rappelle qu'il faut sauver le patrimoine FRANCAIS, NATIONAL (enfin c'est ce que disent certains...). Cela dit je ne connais pas cette oeuvre, qui est peut-être très bien; pour l'anecdote (car elle n'y est pour rien), elle est à l'origine d'un des premiers ratages de l'Opéra Bastille, à l'époque de Pierre Bergé (le plus nuisible personnage de la vie musicale française): une production avaient été prévue, les décors commandés et commencés - et on a tout arrêté, d'un seul coup. Bilan des courses: 1,5 million de francs pour rien...

L'autre problème, c'est évidemment les concerts: on se réjouit évidemment de retrouver Felicity Lott en récital et Marc Minkowski pour un concert Rameau - mais c'est tout! Pas de musique contemporaine, pas de baroque, pas de grands orchestres, quelle pitié!

La seule bonne nouvelle vient du côté de la danse: si on fuira la Compagna Nacional de Danza et son racoleur chorégraphe Nacho Duato, on se précipitera pour voir le ballet de Habourg, qui dansera un des grands ballets récents de son directeur-inspirateur-démiurge, l'un des plus géniaux chorégraphes d'aujourd'hui, John Neumeier. Et pourquoi pas le ballet de Lorraine...

Cette petite note positive mise à part, on a donc affaire à une saison vulgaire et populiste. J'ai bien dit populiste, pas populaire: le public visé, c'est cette bourgeoisie inculte qui se répand partout. Autrefois la bourgeoisie voulait justifier sa suprématie sociale par une supériorité culturelle: il suffit de voir ce qu'est devenu le journal Le Monde, avec la multiplication des pages Auto, Mode et Voyages au détriment de la rubrique Culture, pour voir où nous en sommes... Et ce n'est pas une bonne nouvelle pour le reste de la société!

Toutes mes excuses pour ce message un peu trop parisien...
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