dimanche 6 septembre 2009

Journal salzbourgeois - Vendredi 21 août : Il faut bien un peu de Mozart

La fin de séjour salzbourgeois s'annonce mozartienne : Così fan tutte ce soir, Mozart-Matinee demain matin, Noces de Figaro demain après-midi.

Le metteur en scène des deux opéras est le même. Claus Guth avait créé en 2006 cette production des Noces, qu'on connaît par le DVD ; le succès avait conduit Jürgen Flimm à lui demander de continuer un cycle des trois Mozart-Da Ponte, qui sera d'ailleurs repris en entier en 2011. L'an passé, son Don Giovanni avait été, au mieux, une demi-réussite, gâchée par une direction musicale inepte (Bertrand de Billy) et surtout par un traitement assez arbitraire de l'oeuvre, surchargée de petites idées de mise en scène jamais totalement idiotes, mais qui semblaient occuper le terrain les unes après les autres de façon parfaitement arbitraire, parfois en totale contradiction. Ce Così, c'est la même chose en pire : l'arbitraire de ces incessantes idées est ici systématisé, affirmé, revendiqué, à la façon d'un importun qui tient à vous raconter en détail une histoire que vous n'avez pas envie d'entendre même en abrégé.
L'une des caractéristiques les plus agaçantes de cette production faite pour plaire aux goûts primitifs du public mondain (non sans succès) est sa vulgarité. Les clowneries de Patricia Petibon en Despina sont d'autant plus agaçantes qu'elles nuisent largement à sa ligne vocale, et faire de Don Alfonso une sorte de magicien deus ex machina est une idée au fond banale qui à force d'être martelée sans finesse finit par agaçer puissamment (Bo Skovhus, vocalement banal, est en outre un comique bien pesant).
Musicalement, le résultat n'est pas beaucoup moins médiocre. Adam Fischer, dans la fosse, obtient des Viennois un résultat un peu plus vivant que de Billy dans le Don Giovanni de l'an passé : rien d'exceptionnel, mais une bonne représentation tout de même. La distribution, elle, est plus contrastée : je ne reviens pas sur les réserves suscitées par les deux manipulateurs (Bo Skovhus n'a jamais été un grand chanteur...). Pour le reste, le bon côtoie le moins bon : Miah Persson est une Fiordiligi nettement insuffisante, perdue dans son grand air Per pietà et peu percutante ailleurs. Quant à Topi Lehtipuu, qui remplace sa doublure Joel Prieto à qui cette représentation avait été confiée, il est en bien piètre forme : peu idiomatique, peu souple, il ne parvient pas à construire son personnage et semble souffrir tout au long de la soirée. Johannes Weisser, en Guglielmo, est vocalement beaucoup plus à l'aise ; un peu plus de présence aurait été souhaitable, mais sa transparence est presque un soulagement face aux importuns Skovhus et Petibon. La seule chanteuse à n'appeler que des lauriers est donc l'interprète de Dorabella, Isabel Leonard, peu connue en France, dotée d'une voix chaleureuse et d'une grande musicalité : reste à espérer qu'elle rencontre des metteurs en scène plus intelligents que Claus Guth pour développer encore son approche du personnage.
Le bilan lyrique de cette édition du Festival est encore une fois bien mince : on a du mal à se croire à Salzbourg en supportant cette pesante soirée...
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