vendredi 27 avril 2007

À nos morts

Mstislav Rostropovitch est mort, et je lui rends bien volontiers hommage, pour son talent propre, son engagement constant en faveur de la musique contemporaine, son courage politique. Et pour une fois on parle de musique classique à la radio (y compris sur France Info, c'est dire).
Il y a un peu moins d'un an mourait György Ligeti, le compositeur qui incarne à mes yeux les années 1960-2000 de la même manière qu'Igor Stravinsky pour le demi-siècle précédent. Pas forcément le plus grand, parce que l'art n'a rien à voir avec une logique de classement, mais une sorte d'incarnation, d'essence, en toute indépendance et sans dogmatisme.
Quand Ligeti est mort, personne n'en a parlé et les salles de spectacle parisiennes ne lui ont toujours pas fait l'honneur minimal d'un concert d'hommage. C'est la vieille histoire: un interprète, on l'a sous les yeux, se présenter aux yeux des spectateurs est l'essence de son métier. Un compositeur travaille dans son coin, il n'y a rien à voir (j'ai le souvenir des saluts maladroits de Kurtag dans les années 90, ou de Berio venant saluer après Outis au Châtelet, ébouriffé et mal à l'aise). Donc on s'en moque. Désolé, mais pour ma part j'aurai toujours plus de d'admiration et de respect pour un compositeur que pour un interprète.

Après réflexion, je viens d'entendre que MM. Chirac et Donnedieu de Vabres (ministre français de la culture) ont rendu hommage à Rostropovitch, des hommages qui sonnent comme des insultes de leur part. Après tout, Ligeti a peut-être eu plus de chance.
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