mardi 26 juillet 2011

Provinces

C’est amusant, mon récent article sur l’Opéra de Metz a attiré sur ce modeste blog l’attention pas nécessairement aimable de membres de deux de ces forums musicaux dont j’ai eu l’honneur d’être membre et l’honneur de m’en faire virer (je vous raconterai ça un de ces jours), ODB et classik.forumactif.com (ne me demandez pas pourquoi « classik », c’est certes ridicule mais je n’y suis pour rien), qui m'accuse d'un crime incroyable, celui de ne jamais avoir entendu une note d'Ambroise Thomas (ce qui est, malheureusement, faux, et je le regrette bien). Après tout, c’est peut-être une bonne occasion de réfléchir un peu sur ce que font aujourd’hui les opéras de province et peut-être ce qu’ils devraient faire. Le sujet est vaste, je vais donc me limiter à quelques points essentiels.

samedi 23 juillet 2011

Quand Mitterrand plaidoie, la caravane (tré)passe

Frédéric Mitterrand est le premier ministre de la Culture depuis longtemps à avoir eu un quelconque rapport à la culture avant son accession au trône (on avait bien choisi Donnedieu de Vabres parce que la particule fait distingué) ; ce n'est pas rien, mais ce n'est pas non plus beaucoup. Le texte mal écrit qu'il a fait publier dans Le Monde pour répondre aux propos de Martine Aubry sur la culture est assez consternant, il faut bien le dire, à la fois du point de vue littéraire et quant à son contenu - mais pouvait-il faire mieux ?
On y apprend que le ministère de la Culture a eu plein de sous grâce au petit Nicolas, mais que pour autant il ne faut pas trop s'arrêter aux questions d'argent. On y apprend qu'il mène une politique culturelle, ce qui est tout de même une forte surprise.
Mais ce que j'aime toujours avec de tels beaux exercices de langue de bois, c'est que l'essentiel, malgré tout, y transparaît toujours. Sous la condamnation d'un étatisme (nécessairement) dépassé, c'est la dissolution des DRAC (directions régionales à l'action culturelle, financées par l'État) qui apparaît, DRAC dont l'utilité est variable selon les domaines, mais où l'indispensable n'est pas moins touché que le superflu dans les politiques d'économies en cours - car autant frapper chacun également plutôt que de réfléchir à ce qui est vraiment utile. En échange, il est facile d'en appeler au "renforcement du partenariat entre l'Etat et les collectivités locales", qui est un autre nom de cette bien connue tactique de l'État depuis 2002 consistant à balancer sur elles (tout en leur reprochant de trop dépenser) les dépenses que l'État ne veut plus assumer. L'État se veut alors "incitateur" : M. le Ministre n'ignore pas que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Comme Mime au 2e acte de Siegfried, M. le Ministre dit les choses désagréables en croyant très bien les dissimuler. Le désengagement de l'État est présent à chaque ligne de ce texte décidément mal fichu. On n'y parle que d'industries culturelles (les vendeurs de blockbusters et de musique pour décérébrés), que d'aller mendier de l'argent aux mécènes et aux opérateurs de téléphone : comme si cela ne suffisait pas que l'Opéra de Paris ait pour mécène principal une entreprise qui fait son beurre de nos papiers gras, il faudrait que tout le monde de la culture ne soit qu'un appendice au secteur - tellement plus essentiel pour la nation - de la téléphonie.

À une époque où Christophe Tardieu, DG de l'Opéra de Paris, ne se cache pas pour expliquer que les pauvres n'ont qu'à aller voir les retransmissions au cinéma s'ils trouvent les places d'opéra trop chères, alors que la Cour des Comptes vient de remettre un rapport qui assassinait les musées nationaux pour leur politique socialement élitaire et indigne des missions humanistes qui sont les leurs, je crois qu'on est en droit d'attendre un peu plus d'un ministre de la Culture, même sarkozyste.

mercredi 20 juillet 2011

Musiques estivales

Comme vous le voyez, ce blog a pris une petite pause (pas moi, juste le blog) ; mais pas d'angoisse, l'été va être chargé et j'ai et aurai beaucoup de choses à vous raconter - par exemple sur "ma" page Resmusica, où vous pouvez d'ores et déjà trouver ma critique du récent Saint François d'Assise de Messiaen à Munich (sans doute la représentation d'opéra la plus agaçante de la saison), mais bien sûr en premier lieu ici même. Pendant ces quelques jours, je n'ai pas rien fait, soyez-en sûr : j'ai ainsi appris
  • qu'Erfurt est une bien jolie ville avec un patrimoine médiéval surprenant ;
  • qu'il n'est pas forcément bon qu'un metteur en scène reprenne trop à son compte les principes énoncés par les personnages de l'oeuvre qu'il met en scène, ainsi de la jeune Américaine Lydia Steier, qui a fait sienne l'aversion pour tout travail que proclame le prince Danilo dans La Veuve joyeuse à Weimar (j'apprends pourtant qu'elle a travaillé avec Bieito et Wieler, ce qui ne se voit guère) ;
  • que tout n'est pas perdu pour le Festival de Salzbourg malgré l'arrivée au pouvoir de l'ultra-conservateur Alexander Pereira, puisqu'à côté d'idioties commerciales (La Bohème avec Netrebko ! au festival de Salzbourg !), on nous annonce sous la direction d'Ingo Metzmacher une production des Soldats de Bernd Alois Zimmermann, l'une des oeuvres phares de l'après-guerre lyrique, que je n'ai jamais vue sur scène ;
  • que Roland Petit est mort, mais je m'en moque un peu (la nécrologie est un sport assez vite lassant, et j'ai autant de bons que de mauvais souvenirs de lui) ;
  • que la province française est décidément irrécupérable, puisqu'au lieu de s'abêtir dans la résurrection du très heureusement oublié répertoire petit-bourgeois français dans des mises en scène certifiées mortes elle s'obstine à faire vivre le répertoire baroque, ainsi des Indes Galantes à Toulouse et d'Alcina à Bordeaux, qui plus est dans une mise en scène du remuant David Alden : les conservateurs auront intérêt à faire le voyage pour la première, ils auront l'occasion pour la première fois depuis longtemps d'exercer leurs gosiers à huées depuis trop longtemps à l'abandon ; 
  • et bien d'autres choses encore, mais ma mémoire est limitée...
À très bientôt pour d'autres aventures musicales !

lundi 11 juillet 2011

La route des festivals

Voilà, c’est fini – mais pas totalement, en fait : la saison régulière est à l’agonie (pensez, l’Opéra de Paris en est aux Enfants du Paradis de José Martinez, ce qui montre bien que la fin est proche), mais les festivals sont là pour redonner un peu de fraîcheur à cette saison estivale. C’est désormais une vieille habitude pour moi : on commence avec le Centre Acanthes à Metz, on continue avec le festival d’opéra de Munich et on achève la tournée à Salzbourg.

lundi 4 juillet 2011

Les chemins de la modernité (3) - Gurre-Lieder, le triomphe de Schoenberg

Les Cassandre ont eu tort : oui, il est possible de (presque) remplir Pleyel fin juin avec du Schoenberg. Ce qui faisait l'événement dans le concert de ce samedi, c'était avant tout l’œuvre programmée, ces gigantesques Gurre-Lieder qui mettent à mal les finances des institutions qui ont le courage de les affronter - la création en 1913 n'a eu lieu qu'après souscription, sous les auspices d'une association ad hoc. Personne en revanche n'aurait pensé en premier lieu à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg et à son chef Marc Albrecht pour mener ce projet : eh bien, on ne peut que remercier la salle Pleyel d'avoir soutenu ce projet (donné comme il se doit également à Strasbourg), parce que le résultat orchestral a dépassé mes espérances.

Le grand méchant loup est devenu fréquentable :
Schoenberg idole des foules ? (portrait par Richard Gerstl)

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...