lundi 11 juillet 2011

La route des festivals

Voilà, c’est fini – mais pas totalement, en fait : la saison régulière est à l’agonie (pensez, l’Opéra de Paris en est aux Enfants du Paradis de José Martinez, ce qui montre bien que la fin est proche), mais les festivals sont là pour redonner un peu de fraîcheur à cette saison estivale. C’est désormais une vieille habitude pour moi : on commence avec le Centre Acanthes à Metz, on continue avec le festival d’opéra de Munich et on achève la tournée à Salzbourg.

Acanthes tout d’abord : ce n’est pas tout à fait un festival, à vrai dire, plutôt un centre de formation estival pour jeunes interprètes intéressés par la musique contemporaine, créé il y a plus de trente ans par le toujours vaillant Claude Samuel. Son implantation à Metz est beaucoup plus récente (2004), mais prend la suite d’un festival de musique contemporaine qui a eu son heure de gloire avant de disparaître devant le solide désintérêt des édiles locaux ; renouer avec cette tradition était d’autant plus important que Metz, avec l’ouverture du Centre Pompidou Metz il y a un peu plus d’un an, voulait se positionner comme ville ouverte aux arts d’aujourd’hui (ce qui rend d’autant plus invraisemblable le maintien d’un Opéra-Théâtre aussi désuet, mais passons). Acanthes, par le passé, a accueilli toute l’élite de la musique contemporaine, de Boulez à Kurtág en passant par Ligeti ou Nono ; sur cet arrière-plan prestigieux, l’édition de cette année (Unsuk Chin - la meilleure des trois -, Oscar Strasnoy, Philippe Hurel) n’aura sans doute pas battu des records, mais tout de même, c’est vivifiant !
Munich, évidemment, c’est un peu moins aventureux, même si cette édition aura commencé pour moi avec Saint François d’Assise de Messiaen, qui sait toujours faire l’événement (critique à venir sur Resmusica, comme pour une bonne partie de ce qui suit), même si on aurait souhaité qu’il y ait un metteur en scène à l’œuvre, et pas un plasticien illuminé et ringard. Pour le reste, on ne refusera pas une nouvelle production de Mitridate de Mozart, après l’ennuyeuse production présentée il y a des siècles au Châtelet et le massacre à la tronçonneuse opéré par Günter Krämer (oui, l’escroc du Ring parisien) à Salzbourg : l’œuvre est musicalement et dramatiquement passionnante, il n’y a plus qu’à espérer… Pour le reste, je daigne aller voir l’antique Chevalier à la Rose mis en scène avant l’invention de l’électricité par Otto Schenk, pour les beaux yeux d’Anja Harteros (pour sa voix aussi, bien sûr) ; et Christian Gerhaher et Michael Volle ne devraient pas avoir trop de mal à me convaincre que l’art du Lied se porte toujours aussi bien.
Salzbourg ensuite, pour cette édition très particulière confiée au pianiste Markus Hinterhäuser, qui aura été l’artisan presque exclusif de tout ce qu’il y avait de bien sous son prédécesseur Jürgen Flimm (2007/2010) en tant que responsable des concerts : allez savoir si c’est pour cela qu’il y a eu une telle ruée sur les places cette année… Très peu d’opéra, comme il se doit à Salzbourg : seule L’Affaire Makropoulos mérite qu’on s’y arrête, tandis que [résidus flimmiens] le couple diabolique Peter Stein/Riccardo Muti va utiliser Macbeth de Verdi pour dire à quel point le monde moderne est mauvais et que Christian Thielemann va exalter l’Allemagne éternelle au moyen de La Femme sans ombre de Strauss (qui est, si vous me permettez, à la musique ce qu’est la cuisine bavaroise à la cuisine : c'est-à-dire que ça réussit à être à la fois gras et sans goût – contrairement à la cuisine autrichienne, beaucoup plus fine).
Mais il y aura les concerts pour se rattraper : je ne vais pas vous faire un inventaire, mais le concert où Piotr Beczala et Christian Gerhaher chanteront la rarissime version avec piano du Chant de la terre de Mahler avec rien moins qu’András Schiff au piano vous donnera une bonne idée de ce que le Festival de Salzbourg version 2011 est capable d’offrir aux mélomanes les plus exigeants.
Et après 2011 ? Le déluge, probablement. On en reparlera.

2 commentaires:

  1. Mitridate est excellent! MAGNIFIQUE - c'est le mot. Rendre cet opéra si dynamique et si passionnant sans coupures, c'est vraiment énorme.

    En revanche le Rosenkavalier est une catastrophe absolue. C'est du niveau des Noces de Figaro a Paris. J'aurais préféré une VC car les chanteurs étaient tous fantastiques. Le 2é acte, et le public qui applaudit après avoir vu le décor... c'est vraiment une des soirées caricaturales de ce qu’opéra ne devrait pas être.

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  2. Je suis bien d'accord sur Mitridate, la meilleure nouvelle production de l'Opéra de Bavière depuis longtemps. Pour le Chevalier, je serais un tout petit peu moins sévère que toi, parce qu'au moins c'est vivant, mais évidemment je préfèrerais aussi que ça n'existe pas... Pour le public, je ne sais pas si tu as lu ma critique Resmusica: je dis notamment qu'il me semble qu'il y a aussi maintenant un peu de moquerie gentille devant le côté un peu caricatural de ce premier degré. C'est un progrès....
    Et Harteros, une merveille...

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