vendredi 1 décembre 2006

Retour au Ring (1)

L'épisode précédent avait eu lieu à Paris, au théâtre du Châtelet. Les deux maîtres d'oeuvre en avaient été le directeur musical de l'Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach, et l'Artiste Universel Autoproclamé* Robert Wilson. Comme chacun sait ou presque, l'aventure s'était terminée par une triple catastrophe scénique, vocale et orchestrale, sans compter celles racontées par Wagner dans l'oeuvre elle-même. De ce monument d'ennui pour les yeux et de laideur pour les oreilles, je n'ai pas gardé beaucoup d'impressions positives: les excellents Stephen Milling (Hunding) et Peter Seiffert (Sigmund) ne pèsent guère face à l'indigne Wotan de Jukka Rasilainen, qui à lui seul aurait suffi à ce qu'on puisse qualifier l'entreprise d'échec, le piteux Alberich de Sergei Leiferkus, la pataude Erda d'une Chinoise dont j'ai oublié le nom et la stridente Brünnhilde de Linda Watson. Sans parler de la direction incohérente d'Eschenbach.

Le mot plaisir a été quasiment absent de ces quatre interminables soirées: même des scènes que j'adore (Wotan/Erda dans Siegfried...) m'ont totalement laissé froid...

Le paradoxe de cette apocalypse, c'est qu'elle n'a fait que renforcer mon amour pour ce cycle, que je crois comprendre mieux qu'il y a un an: comme si mon esprit s'était révolté devant ce qu'on lui faisait subir et avait voulu justifier cet amour en en interrogeant les racines...

C'est donc frémissant d'espoir et d'impatience que je me suis rendu au cycle donné à Munich en novembre dernier, dans ce haut lieu wagnérien qu'est l'Opéra de Bavière. Créé en 2002, l'Or du Rhin mis en scène par Herbert Wernicke aurait dû se prolonger par un cycle complet - mais Wernicke, hélas, est mort, et c'est David Alden, après quelques péripéties, qui a signé la suite. Cette production bicéphale, dont c'était la dernière représentation, a suscité dans le public bavarois des haines tenaces de pseudo-wagnériens qui croient détenir la vérité mais en restent aux aspects les plus superficiels de l'oeuvre, et heureusement aussi quelques soutiens tenaces.

Ayant eu la chance de voir les 3 premiers volets du cycle en 2003-2004, c'est avec un grand plaisir que je retrouvais pour ma part ces productions stimulantes, souvent drôles (oui, parce que Siegfried, en particulier, EST drôle - ce que Wilson, évidemment, n'a pas plus compris que les psedu-wagnériens rancis), toujours riches en idées. Mais avant d'aller plus loin, débarrassons-nous d'un pensum: voici donc quelles étaient les distributions... (chaque rôle n'étant pas répété quand il réapparaît ultérieurement, à une exception près...)


[Photo: décor de l'Or du Rhin]

DAS RHEINGOLD
Wotan John Tomlinson
Donner Hans-Joachim Ketelsen
Froh Nikolai Schukoff
Loge Philip Langridge
Alberich Franz-Josef Kapellmann
Mime Ulrich Reß
Fasolt Jan-Hendrik Rootering
Fafner Kurt Rydl
Fricka Mihoko Fujimura
Freia Camilla Nylund
Erda Anna Larsson
Woglinde Ileana Tonca
Wellgunde Daniela Sindram
Floßhilde Sarah Castle

DIE WALKÜRE
Siegmund
Christopher Ventris
Hunding Matti Salminen
Sieglinde Waltraud Meier
Brünnhilde Linda Watson

SIEGFRIED
Siegfried Stig Andersen
Brünnhilde Nadine Secunde
Waldvogel Ileana Tonca

GÖTTERDÄMMERUNG
Gunther Juha Uusitalo
Hagen Matti Salminen
Brünnhilde Gabriele Schnaut
Gutrune Emily Magee
Waltraute Mihoko Fujimura
1. Norn Catherine Wyn-Rogers
2. Norn Heike Grötzinger
3. Norn Irmgard Vilsmaier

La suite est à venir...

*Je tiens à signaler que, malgré cette formulation peu aimable, je dois à Wilson quelques-uns de mes plus beaux spectacles d'opéra, notamment Orphée et Eurydice de Gluck (Châtelet/DVD) et Pelléas et Mélisande (Garnier puis Bastille, hélas sans DVD). Mais sa prétention sans limites et quelques ratages complets me rendent le personnage peu sympathique...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...