mercredi 21 décembre 2011

Pamina ou la flûte enchantée

Ah, vous croyiez que l'actualité lyrique parisienne de cette fin d'année 2011 m'indiffère, et que je me terre en attendant des jours lyriques (et chorégraphiques) meilleurs ? Eh bien non. Soit, l'Opéra de Paris m'a mis cet hiver à la diète : pas question d'aller voir La Force du destin, cet opéra idiot donné dans une production et avec une affiche guère susceptible de me faire passer outre ; pas question d'aller voir La Cenerentola, cet opéra sublime donnée dans une production dépassée (pour le ballet, si j'ai réussi à me motiver pour une - d'ailleurs très belle - représentation d'Onéguine*, hors de question de perdre mon temps avec la Cendrillon complètement ratée de Noureev). Le spectacle passé entre les gouttes, c'est donc La Flûte enchantée du Théâtre des Champs-Élysées...



mercredi 7 décembre 2011

Mozart massacré à la Scala triomphe au pays des Maultaschen

Dans le but de rehausser le niveau intellectuel et la conscience professionnelle du journalisme culturel français, je vais vous parler d'une représentation d'opéra dont j'ai écouté environ 45 minutes à la radio, qui plus est en me déplaçant, d'abord en train, puis à pied. Quand on voit ce qu'écrit Marie-Aude Roux sur le soi-disant journal de référence français, on a de toute façon oublié d'avoir honte. Et puis ces 45 minutes de radio n'étaient pas n'importe quelles 45 minutes : c'était une partie du Don Giovanni donné en ouverture de la saison de la Scala, avec Daniel Barenboim et un troupeau de stars, devant un troupeau de rich and beautiful people (too rich, mais pas assez beautiful, même la radio suffit à s'en rendre compte).

jeudi 1 décembre 2011

Musicasola sur les routes, nouvel épisode

Eh oui, j'en suis désolé : ce n'est pas que l'actualité musicale ou chorégraphique ne m'inspirerait pas tel ou tel commentaire, mais mes pauvres amis, on ne peut pas voyager, travailler, voir des spectacles et en plus faire de grandes déclarations.

Je me contenterai donc de partager avec vous cette plaque exposée actuellement à l'Opéra de Munich et datant de la première moitié du XXe siècle :


"De nombreuses plaintes parmi les auditeurs nous poussent à demander instamment de conserver le plus grand silence pendant l'exécution des œuvres". Un thème actuel en même temps qu'intemporel, n'est-ce pas ?
(La Musikalische Akademie est la forme que prend l'orchestre de l'Opéra de Munich lorsqu'il se produit en concert, si vous tenez à le savoir...)

Sur la toile, vous me trouverez très prochainement sur Resmusica et Dansomanie avec des critiques en provenance de Munich : je viens d'envoyer celle des récents Contes d'Hoffmann (Villazon, Damrau, Relyea/Carydis ; Richard Jones), le reste suivra. Et très bientôt, je serai à la première de Turandot dans la même maison ; c'est un peu contre nature que je rende compte d'un Puccini, qui plus est mis en scène par La Fura dels Baus, mais qui sait ?
La prochaine perspective, ce sera à la fin de ce mois le Théâtre de Bâle, pour lequel vous connaissez mon affection : Rusalka, Wozzeck, Carmen, beau programme, n'est-ce pas ? Quant à Paris, nous verrons bien...

samedi 19 novembre 2011

Osipova/Vassiliev, comédie à la russe

J'imagine que, comme moi, vous n'en dormez plus : le monde de la danse est sans dessus dessous depuis qu'il lui a été révélé que Natalia Osipova et Ivan Vassiliev quittent le prestigieux Bolchoi pour intégrer les rangs d'une troupe plus secondaire, le théâtre Mikhailovski de Saint-Pétersbourg, dirigée depuis peu par le chorégraphe espagnol Nacho Duato et surfinancée par un des mafieux que le monde entier envie à la Russie.


jeudi 17 novembre 2011

Salzbourg 2012 : à droite toute (2)

Et voilà, Salzbourg suite...

Si vous ne le reconnaissez pas, il est vraiment urgent que vous alliez à Salzbourg


mercredi 16 novembre 2011

Salzbourg 2012, à droite toute (1)

Le Festival de Salzbourg vient de publier le programme de la saison 2012, première édition programmée par Alexander Pereira, directeur de l'Opéra de Zurich (1991-2012) qui, à l'âge vénérable de 64 ans, est chargé d'apporter jeunesse, dynamisme et fric au Festival. On craignait une programmation arbitraire, sans fil directeur, fondée uniquement sur les stars : erreur. Le festival 2012 aura une couleur : le brun. Qualifions cela de national-catholicisme, par exemple.
Jeunes, frais et dynamiques : Helga Rabl-Stadler, l'antique présidente du festival nommée à l'origine pour dégommer Mortier, Sven Eric Bechtolf (théâtre) et Alexander Pereira (Photo Luigi Caputo)


samedi 12 novembre 2011

Robert Wilson, Willy Decker, les deux visages de Lulu

C'est amusant, cette coïncidence : d'un côté l'opéra de Berg, dans une vieille production ; de l'autre la pièce de Wedekind, designée par Robert Wilson pour le très vénérable Berliner Ensemble. La ringardise n'est pas du côté qu'on pourrait croire.

C'est joli, hein ? Oui, c'est joli. Et alors ?

lundi 7 novembre 2011

Castellucci : les fachos ont gagné

La démocratie et la terreur ne font apparemment pas bon ménage : la réaction des pouvoirs publics aux troubles provoqués par quelques extrémistes autour du spectacle de Romeo Castellucci Sul concetto del viso di Dio est encore un encouragement donné aux terroristes, comme l'est depuis les attentats des années 90, puis le 11 septembre, le stupide plan Vigipirate. Mais parlons d'abord du spectacle.


Antonello da Messina, Salvator Mundi (Londres, National Gallery)

lundi 31 octobre 2011

Les faussaires du baroque

Oui, c'est bien de L'Egisto de Marazzoli et Mazzocchi que je veux vous parler, comme le titre l'aura instantanément fait comprendre à tous ceux qui suivent l'actualité lyrique parisienne, ce premier opéra donné en France (ou pas). J'ai vu une des représentations données au Théâtre de l'Athénée de cette production mûrie à Royaumont et destinée à tourner en région parisienne et - vous vous en doutez - je n'ai pas aimé. Mais alors pas du tout. Ce qui, du reste, n'est pas très grave : les mamies bourgeoises autour de moi ont adoré un spectacle à vrai dire fait plus pour elles que pour moi.
Je vous épargne pour le moment une vraie photo de scène. Vrai théâtre baroque : frontispice pour Amadis de Lully

lundi 24 octobre 2011

La Source : un triomphe que l'Opéra ne méritait pas

Brigitte Lefèvre se vante, paraît-il, d'être une rassembleuse de talents qui viennent assister les chorégraphes et l'aider à donner le meilleur d'eux-mêmes : son efficacité est redoutable ici, et d'autant plus grand le mérite du chorégraphe Jean-Guillaume Bart d'avoir su résister à une si redoutable conjoncture. Et d'avoir ainsi livré le nouveau grand ballet classique dont la troupe avait si furieusement besoin.


vendredi 21 octobre 2011

Où ce méchant blog gauchiste se mêle de parler de management, et même pas pour s'en moquer

Ça commence sérieusement à sentir le roussi à l’Opéra de Paris. Le Canard enchaîné ne mâche pas ses mots à propos de la récente production de Faust (numéro du 5 octobre) : ce que fait Alagna « n’est pas vraiment artiste. Il défonce la baraque assez grossièrement, sans doute pour prouver qu’il pourra chanter Aida » (Luc Décygnes a bien raison de faire semblant d’oublier qu’il a déjà chanté Radamès à la Scala…) ; Inva Mula « a une diction si parfaite qu’on se demande en quelle langue elle chante » ; et surtout, surtout, en noir sur blanc, sans fioriture, « la mise en scène de Jean-Louis Martinoty n’aurait jamais dû être présentée à Bastille s’il y avait eu un directeur digne de ce nom ». Les syndicats on fait ce qu’ils ont pu pour sauver la réputation de la maison en annulant plusieurs représentations de ce spectacle de la honte (y compris la diffusion dans les cinémas), mais la question est bel et bien posée : comment faire pour qu’il y ait enfin « un directeur digne de ce nom » dans la maison ?

samedi 15 octobre 2011

Les larmes du clavecin

Ça y est : j'ai trouvé mon concert préféré de la saison 2011/2012. Vous me direz que c'est un peu, tout de même, comme ça, au beau milieu du mois d'octobre, et que ça ne traduit pas une grande confiance en l'avenir. Mais j'ai deux bonnes raisons pour ce choix précoce. La première, c'est que je n'ai pas de mémoire et qu'au moment où tout le monde se met à faire son bilan de saison il me faut un effort considérable pour tenter de remonter au-delà des trois derniers mois. La seconde, c'est tout simplement que si d'autres concerts pourront être aussi passionnants que celui dont je vais vous parler, je ne crois pas qu'il reste beaucoup de marge pour faire encore mieux. Le grand gagnant est donc...



lundi 3 octobre 2011

Ring-Saga, Wagner ensablé au milieu du gué

Il arrive qu’il ne soit pas très agréable d’écrire une note de blog. Quand on aime le spectacle, tout va bien, ou presque – il faut tout de même essayer d’être à la hauteur. À l’inverse, il est plutôt amusant de tirer à vue sur tel ou tel spectacle, façon Opéra de Paris (je regrette de ne pas pouvoir participer la curée actuelle sur le Faust mis en scène par Jean-Louis Martinoty, ils ont l’air de bien s’amuser – même l’ultra-réac, ultra-joellien André Tubeuf s’y met – mais je ne suis quand même pas fou au point d’aller m’ennuyer 4 h à Bastille pour ça). Ring-Saga, c’est autre chose : me voilà face à un des projets les plus intéressants de ces dernières années, un des plus novateurs en apparence, qui s’effondre doucement sur lui-même comme une pomme cuite. Avec élégance, certes, mais sans salut possible.
Lionel Peintre (Alberich)

vendredi 30 septembre 2011

Vingt ans !

Vingt ans ! Oui, c’était début octobre 1991 que j’ai mis mes pieds – et mes oreilles – pour la première fois dans une salle d’opéra : Metz, La Flûte enchantée, 3e balcon, j’ai largement oublié le reste (je me souviens simplement que la mise en scène était l’œuvre de la directrice de l’époque et que Marc Barrard chantait Papageno, en truffant ses airs de phrases en français).
Depuis ? À peu près 500 représentations, dont peut-être la moitié à l’Opéra de Paris ; un mélange plus ou moins satisfaisant entre les siècles (trop peu de XVIIe, ce qu’il faut de XXe et de XXIe, et quand même un peu trop de XIXe – non que j’aie quelque chose contre la musique du XIXe siècle, mais cette fatalité qui veut qu’avec la meilleure volonté du monde ce siècle finisse par occuper la moitié de nos soirées lyriques est parfois un peu pesante) ; des soirées catastrophe, mais aussi des satisfactions musicales à foison qui rendent bien dérisoires les coassements des « grands connaisseurs » pour qui le niveau baisse irrémédiablement ; la découverte passionnante de l’art de la mise en scène (avec sans doute l’inoubliable Wozzeck de Patrice Chéreau, lors de sa dernière reprise parisienne, comme élément déclencheur).
L’opéra a été ma porte d’entrée pour le vaste monde du spectacle vivant et de la musique, avec un intérêt qui a toujours concerné l’œuvre avant ses interprètes, si bien que je n’ai jamais été ni nécrophile (ces gens qui vont à l’opéra une fois tous les 10 ans mais dissertent si admirablement sur les mérites des chanteurs morts il y a plus de 50 ans, dont ils distinguent la puissance à travers les brumes sonores les plus épaisses), ni glottolâtre (ceux qui vivent de contre-uts, de typologies vocales gravées dans le marbre et de sorties des artistes), ni discophage (j’ai en général une et une seule version discographique de chaque œuvre). Dieu merci.
Dire que je suis parti de là, c’est dire aussi, nécessairement, que je m’en suis éloigné. Et de fait, ce qui constituait la majorité des spectacles que je voyais à une époque n’en est même plus le cinquième – soit tout de même deux, trois, quatre fois plus que ce voit l’abonné moyen d’une grande salle européenne. Je m’en suis éloigné parce que la danse, le théâtre, la musique symphonique, la musique de chambre sont venus me séduire. Je m’en suis éloigné aussi parce que l’opéra sait parfois se faire détester, quand il verse dans le star-system, quand il défend aussi opiniâtrement des partitions de troisième ordre, quand il confine à l’événement mondain, quand le spectateur se fait traiter avec autant de mépris qu’à l’Opéra de Paris.
L’opéra, pour moi, ce n’est pas de la culture en soi. Pas plus que le cinéma, pas plus que le théâtre, avec seulement la prétention de constituer un non plus ultra culturel. L’opéra, c’est parfois comme si on confondait Max Pécas et Ingmar Bergman, Gérard Zidi et Aki Kaurismäki, Chris Columbus et Fritz Lang. Il suffit de jeter un coup d’œil à l’actualité : entre Faust mis en scène par Jean-Louis Martinoty à l’Opéra de Paris et le Netrebko-show au Met (Anna Bolena, œuvre du reste un peu plus intéressante quand même que Faust !), ça donnerait presque envie de faire une cure de rattrapage sur les programmes de soirée de TF1 (au moins sur TF1, il n’est pas nécessaire de subventionner la bêtise !).
Mais bien sûr, l’opéra n’est pas que ça, et si je continue à y aller – depuis 20 ans, et sans doute pendant encore quelques décennies ! – c’est que l’opéra, ce n’est pas que ça. D’abord parce qu’il y a ce corpus précieux entre tous, celui des œuvres qui font rêver même les mélomanes les plus rétifs à l’art lyrique : des opéras de Wagner à Monteverdi, de Mozart à  Berg, de Pelléas au Château de Barbe-Bleue. Ceux où la musique pure se suffit à elle-même, où l'intérêt dramatique n'est qu'un surcroît de plaisir. Ces œuvres qui ne sont pas au service d'un vulgaire ténor ou d'une vulgaire soprano, mais qui portent les équipes qui se mettent à leur service.
Il y a aussi des œuvres dont l'intérêt musical est indissociablement lié à leur efficacité dramatique - et par dramatique, je ne parle pas d'une sensibilité premier degré, mais de la capacité à construire une émotion, à faire vivre des personnages et des idées, à construire une progression narrative : tout ce que ne sait pas faire un certain grand répertoire. C'est le miracle des opéras de Haendel, c'est le miracle des Bassarides de Henze, ce pourrait être, s'ils étaient abordés avec un peu plus de soin et de curiosité, le miracle de certains opéras belcantistes.
Ce qui me frappe toujours plus depuis quelques années, c'est l'immense diversité de ces quelques dizaines de milliers d’œuvres, dont nous ne connaissons au mieux que quelques centaines (j'ai vu environ 200 opéras différents, et je dois en connaître quelques dizaines de plus par le disque). Vous connaissez le vieux schéma du ténor qui aime la soprano que convoite le baryton : quand on se limite à Donizetti, Verdi et Puccini, il faut bien dire que ce schéma n'est pas loin de la vérité, mais quel appauvrissement ! L'opéra peut être aussi satire acide (Le nez de Chostakovitch), comédie politique échevelée (Agrippina de Haendel), il peut prendre les dimensions de l'épopée (La guerre et la paix de Prokofiev) ou renoncer pour ainsi dire à la narration (De la maison des morts de Janáček), faire parler les Dieux (le Ring de Wagner) comme les animaux (La petite renarde rusée de Janáček), nous emmener chez le prolo (Il Tabarro de Puccini) comme chez la reine (je vous laisse choisir), nous faire entendre du hongrois, du tchèque, du polonais, de l'espagnol, du russe, et même parfois du français ou de l'anglais comme partout ailleurs, jouer la séduction immédiate comme l'austérité absolue (Moïse et Aron de Schoenberg, une œuvre vraiment passionnante), faire vivre la philosophie (Doktor Faust de Busoni) comme la tourner en dérision (La patience de Socrate de Telemann).

Donc, en conclusion, un seul mot :

Vive l'opéra !




(pour encore au moins 20 ans...)

mardi 27 septembre 2011

Marthaler, Ratmansky, Boulez... : les artistes et les autres

Les week-ends parisiens d'un provincial peuvent réserver des surprises : lors de ce week-end étendu (Boulez oblige), la concentration de spectacles esthétiquement si opposés a quelque chose d'un peu déroutant. Que dire ? Que Paris m'apparaît du coup comme une scène artistique dynamique et stimulante ? Un peu. Qu'il y a quelque chose d'un peu rance au domaine de France ? Un peu aussi.


mercredi 14 septembre 2011

À Paris et à Londres : rentrées

Me trouvant à l'instant présent dans une phase pas très volontaire d'abstinence en matière de spectacles, j'ai un peu envie, ce qui se comprend, d'aller voir un peu ce qui va se faire prochainement en matière de musique, de danse ou d'opéra à Paris mais aussi à Londres (en attendant Munich...) ces prochains temps. Présentation donc très subjective, très liée à mon agenda personnel, d'une partie de l'actualité culturelle. Même s'il est mal rasé, qu'il a ses têtes, qu'il n'aime qu'on lui cherche noise et qu'il a des goûts dont on ne discute pas parce qu'ils sont parfois indiscutables, suivez le guide !

Le décor de la production originale de La Source, acte II

dimanche 11 septembre 2011

Le public ? Ah non, ces gens-là sentent trop mauvais

Encore l'Opéra de Paris ? Encore dire du mal de Nicolas Joel ? Oui, j'avoue, j'en suis le premier désolé, mais l'actualité s'impose à moi comme à bien d'autres, sur les forums comme sur les blogs (mais pas dans la presse officielle, qui s'en fiche, comme toujours) : la politique commerciale de l'Opéra, dont j'ai largement eu l'occasion de parler ici, atteint de nouveaux sommets dans l'art de prendre son public à rebrousse-poil.
Hommage à Gerard Mortier (c'est le titre)

mercredi 7 septembre 2011

Tant de concerts et si peu de temps : un an de musique et de danse


À quoi bon parler du passé ? La saison qui vient de se terminer aura été pour moi la plus intense de toute ma « carrière » de spectateur. J’épargnerai aux âmes sensibles le nombre total de spectacles vus au cours des 12 mois écoulés ; mais je m’amuse au moins à vous faire la liste de tous les lieux de spectacle que j’ai eu le plaisir de visiter pendant ce temps (oh, il y a certainement un ou deux oublis).

Oui, c'est laid, mais c'est le prix à payer pour entendre Mariss Jansons. La Herkulessaal à Munich

jeudi 1 septembre 2011

Salzbourg 2011 - Les concerts (fin)

Eh non, je n’en ai pas fini avec Salzbourg : outre les deux grandes séries programmées par Markus Hinterhäuser évoquées dans le message précédent, il me reste à évoquer les séries traditionnelles, qui ne dépendent qu’à peine du programmateur en place, remplissent pour certaines les caisses du Festival et lui assurent sa résonnance médiatique. Ce sont d’abord les 5 concerts (doublés) du Philharmonique de Vienne : j’ai déjà évoqué le premier concert de cette année, celui de Pierre Boulez ; l’estime que j’ai pour cet orchestre m’a conduit à éviter ses autres concerts, mais je voudrais quand même mentionner un concert que je n’ai pas vu (mais que j’aurais pu voir si je l’avais souhaité) : voilà ce qui fut joué les 7 et 8 août dernier :
En Autriche aussi, le 1 % culturel a aussi frappé. Sculptures des escaliers du Grosses Festspielhaus


dimanche 28 août 2011

Salzbourg 2011 - Les concerts (2)

Le moment est venu de passer à ce qui aura été pour moi le cœur et le clou du Festival : les Mahler-Szenen, qui sont venus prouver avec éclat la pertinence de l’approche choisie par Markus Hinterhäuser consistant à réaliser des séries thématiques constituant comme l’arête dorsale de toute la programmation des concerts, en conservant la même structure d’année en année – de façon à éviter à l’impression de « supermarché à concerts » que pourrait donner le festival.
Gustavo Dudamel (et Anna Larsson, assise) - Photo Magdalena Lepka


lundi 22 août 2011

Salzbourg 2011 - les concerts (1)


Salzbourg, paradis de la musique contemporaine ? Mais oui, parfaitement. C’est le prodige qu’a réussi à faire Markus Hinterhäuser, responsable des concerts de 2007 à 2011 et intendant pour la seule édition 2011. Hinterhäuser, pianiste de son état, est un récidiviste. Déjà, de 1992 à 2000, il avait animé avec un complice une sorte de festival parallèle appelé Zeitfluss, à l’invitation de l’intendant de l’époque, un certain Gerard Mortier (lui-même maintes fois convaincu d’avoir dérangé avec préméditation d’honorables citoyens dans l’accomplissement lyrique de leurs fonctions digestives). Depuis 2007, le brave homme croule sous les éloges que lui vaut sa programmation, pas seulement pour la musique contemporaine, mais aussi pour la musique contemporaine. La nouveauté de cette année (on y reviendra), c’est qu’en plus de remporter un succès critique et de séduire les convaincus comme moi il aura réussi à montrer que la musique contemporaine pouvait plaire.
Prometeo à la Kollegienkirche : Mais que vois-je ? Du public ! (photo Silvia Lelli)

mercredi 17 août 2011

Salzbourg 2011 : l'opéra

Une fois n’est pas coutume : je commence cette fois mon compte-rendu salzbourgeois par l’opéra, d’autant plus que ça ira relativement vite...
La Reine Denoke et ses soupirants (photo W. Mair)

vendredi 5 août 2011

L'art de la critique

Comme vous le savez, il m’arrive de temps en temps de pondre des critiques – j’espère bien que vous les lisez, n’est-ce pas ? – et forcément, à force d’en lire et d’en écrire, on finit par se poser bien des questions : comment, quoi, pour qui ?

mardi 26 juillet 2011

Provinces

C’est amusant, mon récent article sur l’Opéra de Metz a attiré sur ce modeste blog l’attention pas nécessairement aimable de membres de deux de ces forums musicaux dont j’ai eu l’honneur d’être membre et l’honneur de m’en faire virer (je vous raconterai ça un de ces jours), ODB et classik.forumactif.com (ne me demandez pas pourquoi « classik », c’est certes ridicule mais je n’y suis pour rien), qui m'accuse d'un crime incroyable, celui de ne jamais avoir entendu une note d'Ambroise Thomas (ce qui est, malheureusement, faux, et je le regrette bien). Après tout, c’est peut-être une bonne occasion de réfléchir un peu sur ce que font aujourd’hui les opéras de province et peut-être ce qu’ils devraient faire. Le sujet est vaste, je vais donc me limiter à quelques points essentiels.

samedi 23 juillet 2011

Quand Mitterrand plaidoie, la caravane (tré)passe

Frédéric Mitterrand est le premier ministre de la Culture depuis longtemps à avoir eu un quelconque rapport à la culture avant son accession au trône (on avait bien choisi Donnedieu de Vabres parce que la particule fait distingué) ; ce n'est pas rien, mais ce n'est pas non plus beaucoup. Le texte mal écrit qu'il a fait publier dans Le Monde pour répondre aux propos de Martine Aubry sur la culture est assez consternant, il faut bien le dire, à la fois du point de vue littéraire et quant à son contenu - mais pouvait-il faire mieux ?
On y apprend que le ministère de la Culture a eu plein de sous grâce au petit Nicolas, mais que pour autant il ne faut pas trop s'arrêter aux questions d'argent. On y apprend qu'il mène une politique culturelle, ce qui est tout de même une forte surprise.
Mais ce que j'aime toujours avec de tels beaux exercices de langue de bois, c'est que l'essentiel, malgré tout, y transparaît toujours. Sous la condamnation d'un étatisme (nécessairement) dépassé, c'est la dissolution des DRAC (directions régionales à l'action culturelle, financées par l'État) qui apparaît, DRAC dont l'utilité est variable selon les domaines, mais où l'indispensable n'est pas moins touché que le superflu dans les politiques d'économies en cours - car autant frapper chacun également plutôt que de réfléchir à ce qui est vraiment utile. En échange, il est facile d'en appeler au "renforcement du partenariat entre l'Etat et les collectivités locales", qui est un autre nom de cette bien connue tactique de l'État depuis 2002 consistant à balancer sur elles (tout en leur reprochant de trop dépenser) les dépenses que l'État ne veut plus assumer. L'État se veut alors "incitateur" : M. le Ministre n'ignore pas que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.
Comme Mime au 2e acte de Siegfried, M. le Ministre dit les choses désagréables en croyant très bien les dissimuler. Le désengagement de l'État est présent à chaque ligne de ce texte décidément mal fichu. On n'y parle que d'industries culturelles (les vendeurs de blockbusters et de musique pour décérébrés), que d'aller mendier de l'argent aux mécènes et aux opérateurs de téléphone : comme si cela ne suffisait pas que l'Opéra de Paris ait pour mécène principal une entreprise qui fait son beurre de nos papiers gras, il faudrait que tout le monde de la culture ne soit qu'un appendice au secteur - tellement plus essentiel pour la nation - de la téléphonie.

À une époque où Christophe Tardieu, DG de l'Opéra de Paris, ne se cache pas pour expliquer que les pauvres n'ont qu'à aller voir les retransmissions au cinéma s'ils trouvent les places d'opéra trop chères, alors que la Cour des Comptes vient de remettre un rapport qui assassinait les musées nationaux pour leur politique socialement élitaire et indigne des missions humanistes qui sont les leurs, je crois qu'on est en droit d'attendre un peu plus d'un ministre de la Culture, même sarkozyste.

mercredi 20 juillet 2011

Musiques estivales

Comme vous le voyez, ce blog a pris une petite pause (pas moi, juste le blog) ; mais pas d'angoisse, l'été va être chargé et j'ai et aurai beaucoup de choses à vous raconter - par exemple sur "ma" page Resmusica, où vous pouvez d'ores et déjà trouver ma critique du récent Saint François d'Assise de Messiaen à Munich (sans doute la représentation d'opéra la plus agaçante de la saison), mais bien sûr en premier lieu ici même. Pendant ces quelques jours, je n'ai pas rien fait, soyez-en sûr : j'ai ainsi appris
  • qu'Erfurt est une bien jolie ville avec un patrimoine médiéval surprenant ;
  • qu'il n'est pas forcément bon qu'un metteur en scène reprenne trop à son compte les principes énoncés par les personnages de l'oeuvre qu'il met en scène, ainsi de la jeune Américaine Lydia Steier, qui a fait sienne l'aversion pour tout travail que proclame le prince Danilo dans La Veuve joyeuse à Weimar (j'apprends pourtant qu'elle a travaillé avec Bieito et Wieler, ce qui ne se voit guère) ;
  • que tout n'est pas perdu pour le Festival de Salzbourg malgré l'arrivée au pouvoir de l'ultra-conservateur Alexander Pereira, puisqu'à côté d'idioties commerciales (La Bohème avec Netrebko ! au festival de Salzbourg !), on nous annonce sous la direction d'Ingo Metzmacher une production des Soldats de Bernd Alois Zimmermann, l'une des oeuvres phares de l'après-guerre lyrique, que je n'ai jamais vue sur scène ;
  • que Roland Petit est mort, mais je m'en moque un peu (la nécrologie est un sport assez vite lassant, et j'ai autant de bons que de mauvais souvenirs de lui) ;
  • que la province française est décidément irrécupérable, puisqu'au lieu de s'abêtir dans la résurrection du très heureusement oublié répertoire petit-bourgeois français dans des mises en scène certifiées mortes elle s'obstine à faire vivre le répertoire baroque, ainsi des Indes Galantes à Toulouse et d'Alcina à Bordeaux, qui plus est dans une mise en scène du remuant David Alden : les conservateurs auront intérêt à faire le voyage pour la première, ils auront l'occasion pour la première fois depuis longtemps d'exercer leurs gosiers à huées depuis trop longtemps à l'abandon ; 
  • et bien d'autres choses encore, mais ma mémoire est limitée...
À très bientôt pour d'autres aventures musicales !

lundi 11 juillet 2011

La route des festivals

Voilà, c’est fini – mais pas totalement, en fait : la saison régulière est à l’agonie (pensez, l’Opéra de Paris en est aux Enfants du Paradis de José Martinez, ce qui montre bien que la fin est proche), mais les festivals sont là pour redonner un peu de fraîcheur à cette saison estivale. C’est désormais une vieille habitude pour moi : on commence avec le Centre Acanthes à Metz, on continue avec le festival d’opéra de Munich et on achève la tournée à Salzbourg.

lundi 4 juillet 2011

Les chemins de la modernité (3) - Gurre-Lieder, le triomphe de Schoenberg

Les Cassandre ont eu tort : oui, il est possible de (presque) remplir Pleyel fin juin avec du Schoenberg. Ce qui faisait l'événement dans le concert de ce samedi, c'était avant tout l’œuvre programmée, ces gigantesques Gurre-Lieder qui mettent à mal les finances des institutions qui ont le courage de les affronter - la création en 1913 n'a eu lieu qu'après souscription, sous les auspices d'une association ad hoc. Personne en revanche n'aurait pensé en premier lieu à l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg et à son chef Marc Albrecht pour mener ce projet : eh bien, on ne peut que remercier la salle Pleyel d'avoir soutenu ce projet (donné comme il se doit également à Strasbourg), parce que le résultat orchestral a dépassé mes espérances.

Le grand méchant loup est devenu fréquentable :
Schoenberg idole des foules ? (portrait par Richard Gerstl)

mardi 28 juin 2011

Wayne McGregor, L'Anatomie de la prétention

Oui, bon, je sais. Mais vous comprenez, avec cette chaleur, il fallait bien que je me réfugie quelque part, et puis il n’y avait pas un concert correct à Paris en ce lundi soir. Donc générale du spectacle de Wayne McGregor à l’Opéra-Bastille – au moins, contrairement au cinéma, c’était gratuit. Comment ça s’appelait, déjà, cette chose ? La psychologie de la reptation, La scatologie de la déviation, L’autonomie de la fixation* ?
Vous en rêviez, hein ?  Moi non plus, en fait.

vendredi 24 juin 2011

Fin de saison lyrique à Paris : un bilan ?

Faut-il vraiment que je fasse un bilan sur cette saison lyrique parisienne ? Ou alors, peut-être, un non-bilan ? Voilà, jusqu'à la saison dernière encore, je voyais la quasi-totalité des nouvelles productions de l'Opéra de Paris ainsi qu'une honorable sélection de reprises, à la fois pour l'intérêt propre des différents spectacles et par attachement à cette institution, dont je suis les destinées depuis plus de 15 ans maintenant. Cette saison, le bilan est bien plus maigre : j'ai été absent de Paris pendant tout l'automne, à vrai dire, alors que je n'aurais pas méprisé Il Trittico, qui est sans doute ce qui est le plus supportable dans l’œuvre de Puccini (j'ai un bon souvenir du Tabarro vu à Lyon il y a quelques années), ou encore Mathis le peintre, pour découvrir l'œuvre malgré toutes mes réserves face à la musique de Hindemith (une écoute de la retransmission me laisse entendre que je n'ai de fait pas manqué grand-chose).
Angela Denoke ou ce que devrait être une diva

lundi 20 juin 2011

Idoménée est au-dessus des huées

La disette en spectacles lyriques intéressants à Paris est telle qu’on en vient à questionner son propre plaisir : l’Idoménée de Mozart que propose en ce moment le Théâtre des Champs-Élysées est-il vraiment un bon spectacle, ou sont-ce simplement les circonstances qui portent à l’indulgence ? Soyons pour une fois franc : mes bons amis, je m’en moque complètement et laisserai ces interrogations à autrui.

Qui disait que le cinéma, c'était faire faire de jolies choses à de jolies femmes ?
Sophie Karthäuser (photo TCE/Alvaro Yanez)

samedi 18 juin 2011

... à Londres, à Londres (ter)

Retour à Londres comme promis, avec cette fois quelques mots sur ce qui s'y passe en danse et en matière de concerts.
D'abord la danse, en l'occurrence pour un triple bill, un spectacle de trois ballets, réunis en l'occurrence par une sorte de parenté musicale, entre les Scènes de Ballet de Stravinsky, le concerto pour orgue de Poulenc et une énième version du Sacre du printemps.
Avant de commenter le spectacle proprement dit, je voudrais parler une minute de la salle, de ce Royal Opera House à la fois si aristocratique et si accessible.
Londres\DSCF2568
Bienvenue chez la reine

dimanche 12 juin 2011

... à Londres, à Londres... (bis)

Londres est une ville fatigante. Non seulement on passe son temps à affronter des couloirs de métro bondés, mais en plus on ne sait plus où donner de la tête tellement l'offre culturelle est débordante. En quelques jours, j'aurai réussi à voir deux opéras, un ballet, de la musique de chambre (dont, comme premier contact avec le sympathique Wigmore Hall et sa programmation foisonnante, un très mauvais récital de violon). Sans parler des musées, dont le Victoria and Albert qui est quand même un des plus épatants musées du monde (sans parler de son non moins épatant café) : si vous voulez visiter la toute nouvelle section Moyen Âge et Renaissance, ne vous pressez pas trop, ça ne prend que 3 ou 4 heures, à condition de ne pas trop traîner dans la partie Renaissance...
Mais foin de musées, on n'est pas là pour ça.
Je voulais comme d'habitude vous parler de plein de choses différentes - balletomanes, toutes mes excuses, mais je vais me contenter d'opéra pour cette fois-ci !

jeudi 9 juin 2011

La révolte des tutus - Rain, et après ?

Ça y est, c'est fini : les 12 représentations de Rain d'Anne-Teresa de Keersmaeker à l'Opéra de Paris sont du passé, en attendant une probable reprise dans les années à venir. Je n'ai une qu'une seule fois le spectacle, à mon grand regret tant l'événement était d'importance : entrée au répertoire d'une chorégraphe essentielle, jusque là réticente à l'intégration de ses œuvres dans les troupes autres que la sienne. La photographie que cette représentation livre du ballet de l'Opéra de Paris aujourd'hui mérite qu'on s'y arrête.

dimanche 5 juin 2011

Tristan à Lyon : le triomphe de Kirill Petrenko

Pas de faux-semblants : la nouvelle production de Tristan de Wagner présentée par l’Opéra de Lyon en cette fin de saison a une qualité, et une seule. On pourra trouver que c’est bien peu ; pour moi c’est déjà formidable. Cette qualité, c’est tout simplement son chef, Kirill Petrenko, qui avait déjà travaillé à Lyon pour une trilogie Tchaikovski très remarquée (j’avais vu Eugène Onéguine, et déjà ce que j’entendais en provenance de la fosse m’avait fasciné). L’orchestre de l’Opéra de Lyon réagit admirablement à ses impulsions et mérite certainement sa part d’éloges ; mais vraiment, le vrai événement de la soirée est Kirill Petrenko lui-même.

Acte II : une image assez typique de la production, statique et sans grandes idées

mercredi 1 juin 2011

Beau temps fixe sur Wagner

Tristan et Isolde à Lyon, dans une mise en scène des Catalans de La Fura dels Baus et sous la direction de Kirill Petrenko ; Le Crépuscule des Dieux à Paris, par Günter Krämer et Philippe Jordan : deux premières très attendues vont avoir lieu ces jours-ci en France, et toutes deux, ce n'est pas un hasard, concernent des opéras de Wagner. Cela fait un petit moment que Wagner est au centre de l'attention du monde lyrique en France. Il suffit de comparer les deux dernières productions de Tristan à Bastille pour le voir : en 1998, j'avais pu avoir sans grand dommage une place étudiant en dernière minute (pour ce qui devait être l'une des plus grandes catastrophes récentes de l'Opéra) ; en 2005, la production de Bill Viola et Peter Sellars programmée par Gerard Mortier avait au contraire fait courir les foules, fait l'événément et rempli les salles à ras bord.


samedi 28 mai 2011

Rain, la danse en question

Mes lecteurs mélomanes vont soupirer : quoi, encore de la danse ? Mais oui ; après tout, ce n'est pas ma faute si Paris est dans le domaine lyrique descendue au rang de bourgade de province (patientez, on va parler de Wagner très bientôt). Il y a quelques jours, c'était du Bolchoi que je vous parlais, et de la manière fort agaçante dont cette vieille institution auréolée de sa tradition centenaire jouait de son image pour faire du marketing ; nous voilà revenus aux affaires parisiennes, puisque c'est Rain d'Anne-Teresa de Keersmaeker qui tient l'affiche du Palais Garnier.


mercredi 25 mai 2011

Berlin, Baden-Baden et Salzbourg

La nouvelle n'a pas passionné les foules françaises, mais je trouve qu'elle mérite qu'on s'y : l'Orchestre Philharmonique de Berlin, qui reste malgré toutes les pinailleries dont il fait l'objet l'un des tout meilleurs orchestres du monde, a choisi de mettre un terme à sa résidence pascale à Salzbourg, instituée par Herbert von Karajan en 1967. Il l'a fait brusquement, d'autant plus qu'il a annoncé dans le même temps qu'il avait trouvé un nouveau lieu d'accueil pour un festival pascal, à Baden-Baden ; mais même si les formes n'y sont pas, il a eu raison de le faire. Voici pourquoi.

jeudi 19 mai 2011

Wozzeck ou l'art de la critique

Merci à la Staatsoper de Berlin qui a choisi d'illustrer la page sur sa récente nouvelle production de Wozzeck de Berg (dans une mise en scène d'Andrea Breth que j'ai diablement envie de découvrir) par deux des critiques parues en 1925 lors de la création de l’œuvre par cette même institution dans sa maison-mère Unter den Linden (cette même maison qui est aussi à l'origine d'une autre mise en scène extraordinaire de l’œuvre, celle de Patrice Chéreau il y a vingt ans - DVD indispensable). L'une est l’œuvre d'un des grands musicologues allemands du XXe siècle, Hans Heinz Stuckenschmidt (on n'a pas dit que les musicologues allemands avaient des noms glamour) : comme il est l'auteur de nombreux livres traduits en français, on me pardonnera de ne pas la traduire ici, d'autant qu'étant pertinente elle n'est pas drôle.
La seconde est l’œuvre d'un certain Paul Zschorlich pour un journal dont le nom seul, Deutsche Zeitung (Journal Allemand), est dans cette période centrale de la République de Weimar tout un programme politique. Le ton est un peu différent de celle de son collègue. Comme je trouve ce texte fantastique, je vous le traduis en entier. Ouvrez grand les mirettes.

lundi 16 mai 2011

Flammes de Paris, le ballet de Staline à Poutine

J'avais prévu de faire un message un peu développé sur Flammes de Paris, que le Bolchoi vient d'interpréter à quelques reprises sur la scène du Palais Garnier (c'était la première fois que ce ballet sortait des frontières de la Russie, sauf erreur), mais les caprices de Blogger en auront décidé autrement : plutôt que de réécrire le brouillon perdu, je vais parler plus rapidement de la signification culturelle de cette résurrection avant d'évoquer un autre phénomène que ces représentations ont mis à jour, et qui concerne bien plus que la simple question de ce ballet.

dimanche 8 mai 2011

L'Opéra à Metz et Nancy

Pré-post-scriptum : je voulais faire un panorama un peu moins déprimant de la vie culturelle en Lorraine, au contraire très vivante hors de l'Opéra-Théâtre de Metz Métropole, mais je me suis un peu laissé emporter : vous entendrez donc parler prochainement de ce qui vit vraiment dans cette région...

Vous voulez savoir à quoi ressemblerait la France si (hypothèse d'école et catastrophe improbable) le prochain président de la République était Marine le Pen ? Eh bien, c'est très facile, au moins pour le domaine culturel : venez à Metz et découvrez le programme de l'Opéra-Théâtre de Metz-Métropole (oui, ils participent au concours du nom le plus interminable. Théâtre de Metz, vous comprenez, ça ferait trop... trop quoi, au fait ?). 6,7 millions d'euros de budget pour une maison d'opéra, c'est très peu : mais pour ce qui nous est proposé, c'est presque trop.
Disons-le d'abord clairement : l'Opéra de Metz, c'est un peu comme si on avait voulu rendre au mot "province" toutes les connotations négatives nées des préjugés parisiens. La petite ville balzacienne avec ses petites passions, ses petits grands hommes, son ignorance du reste du monde, avec cette espèce de fierté imbécile de ne pas faire comme les grandes villes. Allez voir les programmations désormais publiées de Dijon, d'Anvers/Gand (Bieito, Thalheimer !), de Bâle bien sûr, et vous verrez qu'on n'est pas condamnés à sentir le renfermé sous prétexte qu'on n'est pas une capitale mondiale.
Mais venons-en aux détails...

jeudi 5 mai 2011

De l'Odéon, d'Olivier Py et quelques autres considérations

Il fallait bien que je finisse par en parler : l’« Affaire Py » m’avait passablement agacé, et voilà qu’est publié le programme de la prochaine saison de l’Odéon, qui sera donc la dernière que le metteur en scène Olivier Py aura programmé au Théâtre de l’Odéon avant l’arrivée à sa tête de Luc Bondy, qui sera alors encore directeur des très importantes Wiener Festwochen, sorte d’équivalent viennois (un peu plus concentré) du Festival d’Automne.

vendredi 29 avril 2011

Berlin, du Stadt meiner Träume

En général, bizarrement, les Français ont souvent de Berlin l'image d'une ville où la culture est partout. Eh bien, bizarrement, ils ont raison, eh oui. Il faudra encore attendre pour connaître la saison du Komische Oper, la scène la plus innovante de la capitale allemande (mais qui a la mauvaise idée de tout chanter en allemand) ; mais on connaît déjà celle des deux plus grandes scènes lyriques, la Deutsche Oper et la Staatsoper, repliée à l'Ouest dans le très agréable Schiller-Theater refait à neuf.
L'Enlèvement au Sérail : Christine Schäfer, Sven Lehmann

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...