lundi 25 mars 2013

Roland Petit à Garnier, visite à l'aïeul

Oui, donc, heu... Qu'est-ce que je voulais dire, déjà ? Ah oui, Roland Petit. Le spectacle que j'ai vu samedi après-midi. Alors, donc... Non, excusez-moi, j'ai du mal à me concentrer, mais il faut me comprendre : en fait, j'avais déjà vu ces pièces, mais elles m'étaient assez complètement sorties de la mémoire, et là, 48 h plus tard, elles sont doucement en train de se diriger vers la sortie.

Pourtant, je n'ai pas passé une mauvaise après-midi, pas du tout, je ne me suis même pas ennuyé - peut-être justement parce que je les voyais comme si c'était la première fois, ce qui est un moindre mal. Mes oreilles, certes, m'en veulent un peu, entre la soupe sentimentale de Kosma, les tombereaux de clichés de Dutilleux et l'horrible arrangement de Bizet (qui est peut-être le pire du spectacle, même si on va me dire que le camarade Chédrine, président honoraire de l'Union des compositeurs d'URSS, a fait encore pire, ce qui est une lapalissade). Mais finalement, ces trois ballets permettent de passer deux heures sympathiques, dont on se demande certes si elles méritent vraiment d'être financées avec de l'argent public, mais qui du moins n'ennuient pas. C'est d'ailleurs sans doute pour cela qu'elles sont faites, ces pièces : un produit de consommation courante que notre époque fétichiste ne se résout pas à remiser au magasin des chefs-d’œuvre réformés, entre Claudel et Massenet, avec un gardien qui, une fois par an, vient religieusement enlever la poussière en évitant de tapoter trop fort pour ne pas déranger les mythes - euh, les mites.

Ce qui est un peu embêtant, surtout, dans cette soirée, c'est que la chorégraphie de Petit est en quelque sorte un aspirateur à personnalités, et c'est quand même un peu embêtant, un spectacle où personne n'existe à ce point. Personne ne peut m'accuser d'être excessivement critique envers Alice Renavand, mais même elle, en Plus belle fille du monde du Rendez-vous, ne réussit pas à exister (et je ne vous parle pas de Ludmila Pagliero dans Carmen, pas aidée par la chorégraphie spécialement racoleuse de Petit, mais aussi par son absence totale d'imagination). Non, vraiment, pas une mauvaise après-midi, mais un petit goût sur la bouche, cette fadeur indescriptible que prend l'art officiel quand il est périmé.
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