mardi 6 octobre 2009

Varèse 360° - La vidéo contre la musique

La vidéo est l'arbre qui cache la forêt de la modernité : la banalité, le vide intellectuel pathétique des vidéos de Gary Hill projetées en arrière-plan de l'intégrale Varèse dirigée par Peter Eötvös ne font que confirmer ce qu'on sait depuis longtemps et qu'avait parfaitement illustré, déjà, la niaiserie de celles de Bill Viola pour Tristan und Isolde. Le spectacle, produit par Pierre Audi et présenté à Londres et Amsterdam avant la salle Pleyel, est d'ailleurs trop pesant pour qu'on puisse se concentrer sur les œuvres toujours inouïes du compositeur franco-américain : il faut un effort considérable pour s'en abstraire assez pour pouvoir vraiment avoir accès aux oeuvres - je n'y suis pas toujours arrivé.
Dans le mince corpus parcouru par cette intégrale (et même surintégrale, certains bouts d'œuvre dans les réalisations douteuses d'un élève de Varèse auraient pu nous être épargnées), on constate que les oeuvres essentielles sont finalement peu nombreuses (ce qui ne réduit en rien la place essentielle du compositeur dans l'invention de la modernité musicale) : même Déserts, finalement, avec ses désuètes insertions électroniques, est moins inoubliable qu'Amériques ou Arcana - et il n'est pas sûr qu'enchaîner les œuvres de Varèse favorise la mise en évidente de l'individualité de chacune.

Pour voir une utilisation ô combien plus intelligente de la vidéo, il fallait se rendre au Centre Pompidou il y a quelques jours, pour le spectacle Woyzeck on the Highveld, adaptation par le metteur en scène William Kentridge de la pièce de Büchner : la vidéo, réduite au décor dans lequel évoluaient les remarquables marionnettes de la troupe sud-africaine, ouvrait le regard sur des mondes de poésie.
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