lundi 29 novembre 2010

Trois chanteuses d'aujourd'hui

L’âge d’or du chant ? Mais c’est aujourd’hui, bien sûr, quelle question ! En tout cas pas moins qu'hier, mais sans doute pas plus que demain. Oh, bien sûr, il y en aura pour avoir la nostalgie où le répertoire opératique se limitait au grand répertoire italien de Bellini à Puccini, mais ceux-là passent à côté de tellement de choses ! Et voilà que l’envie me prend de vous parler de trois dames, trois sopranos que j’ai la chance de rencontrer en ce mois de novembre. Aucune des trois n’est une star, mais aucune n’est une inconnue ; je ne prétends pas qu’elles sont les « meilleures » de quelque catégorie que ce soit : ce sont simplement de merveilleuses artistes. Deux d’entre elles ont beaucoup chanté à Paris ces dernières années, la troisième pas assez.
Angela Denoke en Salomé à l'Opéra de Munich : inoubliable

mercredi 24 novembre 2010

Metteurs en scène : deux morts

Jürgen Gosch : un nom à peine connu en France, entre autres parce qu'il n'a jamais travaillé à l'opéra, mais un des metteurs en scène les plus connus en Allemagne, les plus respectés, bien que le scandale ne l'ait pas épargné. Il est mort en juin 2009, quelques jours avant le début des répétitions des Bacchantes d'Euripide qu'il devait monter au Festival de Salzbourg. Un an et demi après son décès, près de trois ans après la première du spectacle, j'ai pu découvrir son travail grâce à Oncle Vania, qu'il avait monté au (très agréable) Deutsches Theater de Berlin. Et tout à coup, on redécouvre ce que veut dire "direction d'acteurs" : il ne s'agit pas simplement de faire bouger de façon à peu près vraisemblable des marionnettes bien élevées, il s'agit de faire qu'un simple geste bouleverse et dise ce qu'aucun texte ne dira jamais. Gosch ne se préoccupe pas de réalisme : le décor (ci-dessous) n'est qu'un espace de jeu, qui plus est dénué de profondeur, dont les acteurs ne sortent jamais (ils se plaquent contre les parois latérales quand ils n'ont pas à jouer) ; il ne se préoccupe pas plus de créer l'agitation permanente qu'on prend trop souvent pour du théâtre (Olivier Py...) ; mais par la précision diabolique de son travail, par les petits éléments de distanciation et d'humour, naît un frémissement de vie qui bouleverse.
Le Deutsches Theater avec le décor d'Oncle Vania (photo Musicasola)

Et je n'ai pu m'empêcher de penser à une situation similaire, il y a plus de 10 ans de cela : on jouait au théâtre de l'Odéon Arlequin serviteur de deux maîtres de Goldoni, en dialecte vénitien sans surtitres ;  là aussi, le metteur en scène venait de mourir quelques mois auparavant : c'était Giorgio Strehler. Et je me souviendrai toujours du moment, à la fin du spectacle, où Arlequin, lors des saluts, ôtait son masque pour nous laisser en tête à tête avec l'acteur Ferruccio Soleri, lui à qui Strehler disait : "C'est extraordinaire, plus tu vieillis et plus ton Arlequin rajeunit". Et dans le visage de cet homme qui jouait le rôle depuis 25 ans, qui avait lors de ces représentations près de 70 ans, mais qui avait joué un Arlequin bondissant, insaisissable, qui incarnait en quelque sorte le bonheur de la vie qu'on n'arrive jamais à capturer, dans le visage de ce vieil acteur soudain révélé, on ne pouvait s'empêcher de lire la tristesse du deuil. Strehler avait travaillé maintes fois son spectacle, qui avait pris au fil des décennies bien des visages : dans cette ultime version, une sorte d'abstraction mélancolique était venue gommer la vie bouillonnante, et volontiers bruyante, de la commedia dell'arte. Il reste, heureusement, de nombreuses vidéos de son travail, malheureusement peu diffusées : là est le vrai Strehler, méfiez-vous des imitations.

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samedi 20 novembre 2010

Berlin, Munich - et Metz encore

En attendant un message un peu plus détaillé (eh oui, c'est parfois difficile d'aller au spectacle ET d'écrire un blog...), quelques liens vers mes dernières critiques pour Resmusica.
Tout d'abord la plus ancienne : presque un mois, une éternité ! Cette Rusalka munichoise, mise en scène par Martin Kusej, je voulais vous en parler plus en détail ici, entrer dans les détails qui ont fait que cette mise en scène ne m'a pas convaincu - et puis finalement, disons-le, le spectacle ne me paraît pas assez intéressant pour justifier un traitement détaillé, surtout en comparaison du spectacle de Jossi Wieler et Sergio Morabito à Salzbourg, dont je vous avais amplement parlé à l'époque : ce spectacle magnifique n'a été ni filmé, ni repris, et ne le sera certainement jamais, ce qui est bien triste. Ce qui m'a à vrai dire le plus agacé, c'est de voir à quel point la critique (officielle et spontanée) s'est partagée selon des clivages trop prévisibles : comme si les amateurs de mises en scène moderne n'étaient pas capables de faire la différence entre une bonne mise en scène moderne et un moderne ratage.
Beaucoup plus intéressant, mais aussi beaucoup plus discret : L'enlèvement au Sérail à Berlin, dans la mise en scène très épurée de Michael Thalheimer. Une mise en scène très moderne pour le coup, mais en toute discrétion. Vraiment, une grande émotion, avec une merveilleuse Christine Schäfer.
Et enfin, sans mise en scène, un beau récital Schumann de Roman Trekel, remplaçant Thomas Quasthoff, et l'accompagnement d'abord erratique, puis soudainement inspiré et magnifique de Daniel Barenboim, qui rappelle soudain qui il est.
Le Schiller-Theater à la fin des travaux de cet été (Photo Thomas Bartilla)

Ces deux spectacles avaient lieu dans le Schiller-Theater, qui sert de salle de remplacement pour la Staatsoper unter den Linden, fermée pour plusieurs années pour travaux : un théâtre moderne, (re)construit après la guerre à quelques pas du Deutsche Oper, assez petit pour qui a l'habitude de Munich ou des opéras de Paris, et donc assez intime : impression agréable, clarté, lumière, proximité de la scène...
Il y a encore deux spectacles berlinois dont je veux absolument vous parler : patience, patience... En attendant, je reviens sur le message que j'avais écrit sur l'Opéra de Metz : le débat a amplement rebondi, et je vous invite à lire non seulement le message, mais aussi et surtout les différents commentaires, dont celui de l'ancien directeur de la maison Laurence Dale, que je remercie. L'ensemble forme un dossier qui n'est pas sans intérêt sur l'identité et les missions des maisons d'opéra de province, je trouve...

vendredi 12 novembre 2010

Opéra de Metz, un nouveau début ?

C'est une vieille histoire : en Lorraine, comme du reste souvent dans les régions de France,les responsabilités sont partagées : si vous habitez Metz, vous êtes priés d'aimer les concerts (avec l'Arsenal et l'excellent Orchestre National de Lorraine, actuellement confié à l'également excellent Jacques Mercier) ; si vous habitez Nancy, vous avez intérêt à aimer l'opéra ou le théâtre (pour la danse, vous avez le choix entre les deux villes).

Cependant, il n'en demeure pas moins que Metz dispose aussi d'un opéra : on en avait parlé, y compris ici, de la suppression projetée des subventions d'État pour quelques petites maisons d'opéra de ce type.

mercredi 10 novembre 2010

Le jardin des délices - Salzbourg 2011

Dernier été avant la réaction : le festival de Salzbourg 2011, sous la direction de Markus Hinterhäuser, est le dernier à se situer dans la lignée aventureuse et moderne commencée par Gerard Mortier en 1992 ; dès 2012 - on connaît déjà une partie non négligeable des projets -, Alexander Pereira assurera un retour vers le passé, vers un festival sans utopies, sans sens, sans désir. Il faut donc en profiter cette année !

Chaque année, la publication du programme au cours du mois de novembre, c'est pour moi un peu comme la nuit de Noel pour un petit enfant : les cadeaux sont là, au pied du sapin, mais il va encore falloir attendre avant d'avoir le droit de les ouvrir ; il y a un côté supplice de Tantale là-dedans... Je vous laisse découvrir en ligne le nouveau programme : j'ai déjà un peu fait mon marché, entre Mahler et Sciarrino, Mozart et Nono, sans compter le théâtre, de la musique de chambre à foison, et bien sûr la très attendue Affaire Makropoulos de Janacek, avec un trio de pointe constitué du chef Esa-Pekka Salonen, du metteur en scène Christoph Marthaler et - bien sûr - de l'indispensable Angela Denoke dans le rôle-titre !

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mardi 9 novembre 2010

Bolchoi et Mariinsky, quelles traditions pour aujourd'hui et demain ?

NB: le message précédent sur les prochaines saisons de l'Opéra de Paris (côté opéra, pas côté danse) a été actualisé, avec de nouvelles informations inédites... Mais pourquoi l'Opéra de Paris laisse-t-il donc fuiter tout cela ?

On va finir par oublier que le Bolchoi et le Mariinsky ont leur siège quelque part au beau milieu de la sainte Russie, tant on les a pour ainsi dire à demeure en Europe occidentale : Le Mariinsky vient de faire un petit passage au Châtelet, le Bolchoi arrive à l’Opéra Garnier au printemps, sans parler d’étapes à Londres, Lausanne ou Baden-Baden. On pouvait avoir l’impression, il y a quelques années, que le but de cette activité frénétique était simplement l’argent, les troupes venant chercher en Occident l’argent dont manquait si cruellement la Russie post-soviétique. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

vendredi 5 novembre 2010

À quoi bon le Savoir s'il n'est soutenu par la Foi ?

Disons-le franchement : je peine à croire qu'il puisse y avoir des erreurs dans les informations de Jérôme Pesqué transmises dans le message précédent, mais une source digne de foi (bref, quelqu'un qui est vraiment en relation avec le milieu musical, pas quelqu'un qui cherche à toute force à s'y introduire par tous les trous de souris possible - on se doute qu'il n'est pas toujours aisé de se faire aussi petit) m'indique que Stéphane Degout a mieux à faire que de chanter Valentin dans Faust, et on le comprend (cet air, mon Dieu, cet air...) : ce sera donc plutôt Wolfram (Tannhäuser) et Thésée (Hippolyte et Aricie).

Je n'ai pas mis les pronostics des saisons ultérieures, parce que je crois que trop de prévision tue la prévision ; mais la même source me signale également une reprise de Pelléas dans la mise en scène de Robert Wilson produite par Gerard Mortier à Salzbourg en 1995 et coproduite par Hugues Gall à Paris, selon le bon principe qui veut que la modernité d'hier, d'accord, mais alors, celle d'aujourd'hui... Ce sera toujours avec l'excellent Stéphane Degout, et je ne sais pas si ce sera la saison prochaine ou plus tard ; quant à la Forza, le spectacle s'annonce historique : en plus de la sottise et de la vulgarité de l'oeuvre, la mise en scène pourrait être signée d'un autre ancien directeur de la maison, Jean-Louis Martinoty...

Heureusement, le présent est plus réjouissant, avec au programme des prochains jours deux spectacles berlinois dont je ne manquerai pas de vous parler.

PS : La même source que je remercie encore m'indique une reprise de la mise en scène honorable mais pas passionnante du Rake's Progress de Stravinsky mis en scène par Olivier Py, sous la direction de l'excellent Jeffrey Tate ; et Elektra, également dans la saison 2012/13, ne sera pas dirigée par Seiji Ozawa - si tant est, de toute façon, que sa santé lui permette à un moment ou à un autre de revenir réellement aux affaires...


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jeudi 4 novembre 2010

Déjà 2011/2012 ? Ou plutôt 1971/1972 ?

C’est un sport international tellement répandu qu’on parle de l’inscrire au programme des Jeux Olympiques : le pronostic de saison, autrement dit « Quel sera le programme de l’Opéra de X pour la saison prochaine ? ». D’habitude, c’est à la fin de l’hiver que de telles ardeurs s’éveillent ; cette année, je ne sais pourquoi, le forum ODB a oublié d’hiverner et s’y met donc dès l’automne. Je vais faire de la peine à Jérôme Pesqué, l’entrepreneur du forum et wannabe pape du monde lyrique français, mais tant pis : ces choses-là ne sont pas sous copyright, et il n’y a pas de raison que lui seul profite de ces informations que lui collectent tant de petites mains bénévoles ; et pour aller jusqu’au bout des choses, je ne me fatigue pas même à changer la mise en page (mais j'ai corrigé une ou deux fautes d'orthographe) :


2011-2012
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