samedi 31 juillet 2010

Musiques en ligne

Un message d'attente pour ceux qui ne peuvent se passer de ce blog plus d'une semaine (comme je les comprends) : les indispensables vidéos d'Arte live web, disponibles sans doute au moins quelques jours encore, un peu plus j'espère...

D'abord, Aix-en-Provence : l'événement de l'été, tout le monde en a parlé, c'est le Don Giovanni mis en scène par Dmitri Tcherniakov, révélé à Paris par Gerard Mortier : il a choisi une perspective très individuelle, qui vampirise sans complexe l'œuvre choisie, et ce avec un talent fou, une cohérence remarquable, et un sens du moment théâtral remarquable. Si cette production, avec tous ses présupposés, ne vous apprend rien sur Don Giovanni, c'est que vous ne comprenez de toute façon rien à cette œuvre.


Toujours Aix, mais je n'ai pas vu : les œuvres de Stravinsky présentées en coproduction avec Lyon (octobre 2010) sont des chefs-d'œuvre tellement plus intéressants que les bêtises du grand répertoire lyrique qu'il ne faudrait surtout pas manquer cette production confiée au magicien Robert Lepage...


Avignon enfin, avec un spectacle de Christoph Marthaler, que je n'ai également pas encore eu le temps de voir ; les critiques ont été timorées, mais que valent les critiques ? Et puis je reste persuadé qu'il y a toujours cent fois plus à apprendre d'un Marthaler moyen que de bien des spectacles réussis de nos stars françaises (Alain Françon et ses Trois soeurs empoussiérées de la Comédie-Française, un des pires spectacles de théâtre récents.


Un peu de musique pour finir : on n'entendra jamais assez de lieder dans ce bas monde où seul le bel canto et la grande machine symphonique semblent attirer les foules... Sylvia Schwartz, Anne-Sofie von Otter, Christoph Prégardien, rien de moins...


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samedi 24 juillet 2010

Admirations (8) : Gerard Mortier

Est-ce déjà la nostalgie ? Un aimable lecteur avait été intrigué il y a peu par un message ancien où je disais de Gerard Mortier qu'il était plus moderne en paroles qu'en action. Le temps a passé depuis, à tel point d'ailleurs que je n'ai pas retrouvé le message auquel il était fait allusion (mais j'ai bien pu écrire quelque chose comme ça), et il me reste tellement d'images fortes de ces cinq années que le moment me paraît opportun pour revenir un peu sur ces années de mandat.

Simon Boccanegra mis en scène par Johan Simons

Tout, sous Mortier, ne m'a pas plu. D'abord parce que je me suis trompé : je ne vous mets pas les liens parce que ce serait trop facile, mais j'ai commencé par dire du mal sur des artistes comme Christoph Marthaler (dont la Katja Kabanova, par laquelle je l'ai connu, n'est toujours pas le spectacle le plus convaincant que je connaisse de lui) ou Krzysztof Warlikowski, parce qu'ils venaient d'un autre monde théâtral à côté duquel les productions même les plus modernes de l'époque Gall ou du Châtelet font pâle figure.
Ensuite, parce qu'il s'est trompé : l'idée de faire parader les productions les plus réussies de ses mandats précédents n'a guère été couronnée de succès, à la fois parce que certaines avaient déjà vieilli et parce que beaucoup ont été présentées sous forme de reprises bâclées qui ne leur rendaient pas justice. D'où, sans doute, l'impression d'un blocage temporel, d'une modernité d'hier auquel je faisais référence. De tous ces spectacles, je n'ai finalement pas gardé d'autre grand souvenir que Les Troyens, production réellement majeure d'Herbert Wernicke. Le tout étant aggravé par une communication particulièrement agaçante, à la fois très maîtrisée et pleine d'incohérences.

samedi 17 juillet 2010

Culture de gauche, culture de droite

C'est l'été, l'actualité musicale est limitée, on a déjà fait le bilan de la triste année inaugurale du tandem Nicolas Joel/Philippe Jordan à l'Opéra de Paris, que peut-on bien faire ?

Eh bien, par exemple, s'amuser un peu sur les conceptions différentes de la culture entre gauche et droite. Voilà donc une série d'oppositions, que je vous laisse interpréter à votre guise (ce serait trop simple si je disais pourquoi), à prendre cum grano salis...
Comment ça, vous avez l'impression que les choses à gauche ont l'air plus sympathiques ?


Gauche
Droite
Boulez
Dutilleux
Mortier
Joel
Prééminence de l’œuvre
Prééminence des interprètes
Musique de chambre
Récitals de voix
Schoenberg
Korngold
Subventions
Mécénat
Festival Musica de Strasbourg
Folles Journées de Nantes
Baroque
Vérisme
Ethnomusicologie
World music
Programmation prescriptive
Programmation en fonction des goûts du public
Cité de la Musique
Salle Gaveau
Philharmonique de Berlin
Philharmonique de Vienne
Quatuor Arditti
Quatuor Emerson
Jossi Wieler
Christof Loy
Le répertoire doit constamment être remis en cause
Le répertoire est le résultat d’un tri de l’Histoire, l’essentiel y est de toute façon
Simon Rattle
Christian Thielemann
Harmonie
Mélodie
La réflexion sur le son, la facture instrumentale et l’agogique entamée par les « baroqueux » peut être intéressante pour tous les répertoires
Les baroqueux, c’est bon pour le baroque
Parsifal mis en scène par Krzysztof Warlikowski
Tristan et Isolde mis en scène par Bill Viola et Peter Sellars
Jonas Kaufmann
Rolando Villazon
Anja Harteros
Anna Netrebko
Opéra contemporain
Comédie musicale



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samedi 10 juillet 2010

L'art de la catastrophe

Vieilles lunes : au moment où Nicolas Joel va fêter la fin d'une première saison particulièrement déplorable, il me paraît bon de rappeler aux bons souvenirs des lecteurs de ce blog quelques-unes des catastrophes les plus mémorables dans l'histoire récente de l'Opéra de Paris. Une catastrophe, c'est ce moment où tout le monde a honte de ce qu'il voit, où personne sur scène ne semble vraiment croire à ce qu'il fait, où on est trop accablé pour huer. Je parle ici essentiellement de mise en scène : on va voir que, comme par hasard, l'odeur de catastrophe a volontiers tendance à contaminer aussi la musique. Dans la plupart des cas, j'ai eu la "chance" d'assister moi-même aux spectacles concernés, parfois à la première (les dates sont toujours celles de la première)...

NB que la sélection n'est pas faite uniquement en fonction de mes goûts : puisque j'ai essayé de lister les productions qui ont unanimement fait un flop, cela veut dire nécessairement que je ne les ai pas aimées moi non plus, mais je n'aurais pas eu de mal à faire quelques ajouts si j'avais jugé seulement selon mes goûts...

samedi 3 juillet 2010

Nicolas Joel, (dépôt de) bilan

"C'est une question de goûts. J'ai les miens, certains en ont d'autres. Et puis la mise en scène ne fait pas tout : il faut aussi se préoccuper de ce que l'on entend."
Nicolas Joel, Le Monde, 18 mars 2010

Pour décrire la profondeur de la pensée artistique de Nicolas Joel, il faut recourir à Pelléas et Mélisande (citation contre citation...) : "Voyez-vous le gouffre, Pelléas ? Pelléas ? - Oui, je crois que je vois le fond du gouffre".

Mais foin de mauvais esprit, obéissons avec joie aux pensées du guide suprême et, par conséquent, préoccupons-nous de ce que l'on entend.
Quand on me parle de ce que j'entends, à l'opéra, j'ai toujours la grande faiblesse de penser d'abord aux oeuvres, à ce que le compositeur et son librettiste ont écrit, les chanteurs et les chefs viennent après. C'est sans doute indécent et idiot, mais c'est comme ça. Bien sûr, aucun directeur d'opéra ne peut renoncer à faire du cash avec des œuvres certes limitées, mais qui ont au moins le mérite d'attirer un certain public, toutes ces Tosca, Rigoletto ou autres : ce n'est donc pas la énième reprise de la misérable production de Tosca (Werner Schroeter), que Mortier avait également exploité sans pitié pour boucler les fins de mois.

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