D'abord, Aix-en-Provence : l'événement de l'été, tout le monde en a parlé, c'est le Don Giovanni mis en scène par Dmitri Tcherniakov, révélé à Paris par Gerard Mortier : il a choisi une perspective très individuelle, qui vampirise sans complexe l'œuvre choisie, et ce avec un talent fou, une cohérence remarquable, et un sens du moment théâtral remarquable. Si cette production, avec tous ses présupposés, ne vous apprend rien sur Don Giovanni, c'est que vous ne comprenez de toute façon rien à cette œuvre.
Toujours Aix, mais je n'ai pas vu : les œuvres de Stravinsky présentées en coproduction avec Lyon (octobre 2010) sont des chefs-d'œuvre tellement plus intéressants que les bêtises du grand répertoire lyrique qu'il ne faudrait surtout pas manquer cette production confiée au magicien Robert Lepage...
Avignon enfin, avec un spectacle de Christoph Marthaler, que je n'ai également pas encore eu le temps de voir ; les critiques ont été timorées, mais que valent les critiques ? Et puis je reste persuadé qu'il y a toujours cent fois plus à apprendre d'un Marthaler moyen que de bien des spectacles réussis de nos stars françaises (Alain Françon et ses Trois soeurs empoussiérées de la Comédie-Française, un des pires spectacles de théâtre récents.
Un peu de musique pour finir : on n'entendra jamais assez de lieder dans ce bas monde où seul le bel canto et la grande machine symphonique semblent attirer les foules... Sylvia Schwartz, Anne-Sofie von Otter, Christoph Prégardien, rien de moins...
Abonnez-vous ! (vous pouvez aussi vous abonner par mail (case en haut à droite)
Vous eussiez pu écrire à la Pravda.
RépondreSupprimerEntre votre article risible et sot sur la droite et la gauche, et votre défense de ce Don Giovanni fondée sur l'idée appropriée par votre esprit simple que moderne équivaut à bien, vous parvenez au sublime.
Continuez à nous divertir.
Pour les amateurs de spectacle plus classiques. La Tosca d'Orange présentée sur France 2 était très belle. Elle est peut être toujours visible sur le site de France 2 J'ai bien aimé le Don Giovanni de Tcherniakov principalement grace à sa direction d'acteur précise et pertinente, mais je trouve un peut fort de café de créer des spectacles où il faut connaitre le livret par cœur pour comprendre et savourer. Une mise en scène d'opéra, même moderne, se doit d'être lisible et compréhensible, même par les néophites.
RépondreSupprimerFüchsin are you for real? :-)
RépondreSupprimerC'etait de loin le meilleur Don Giovanni que j'ai jamais vu.
La tarte de Lepage -- c'est du theatre pour les aficionados du Cirque du Soleil. Au dela de ca, c'est un vide absolu (tres bien chante et joue).
Le spectacle de Marthaler est MAGNIFIQUE. D'une drolerie diabolique qui cache ce que je qualifierais une critique assez realiste de l'eglise catholique...
@ Füchsin : ce qui est intéressant, c'est que sous prétexte que votre interlocuteur écrit dans la Pravda (?), vous vous sentez obligés pour vous adresser à lui d'adopter le style et les poses d'un marquis tout droit sorti d'un film de Patrice Leconte... Ne craignez-vous pas ainsi d'alimenter cette opposition que vous semblez critiquer entre droite conservatrice et gauche moderne...?
RépondreSupprimer@Pascal Gottesmann: C'est justement le contraire de ce que tu dis: Don Giovanni de Tcherniakov était parfaitement facile à suivre aux néophytes, et dérangeant pour ceux qui "croyaient" connaitre l'œuvre tellement qu'ils se braquaient contre toute autre lecture possible (et très plausible).
RépondreSupprimerCe qui est surtout impressionnant c'est que toute cette indignation disproportionnée autour de la production de Tcherniakov arrive sans qu'il utilise des gadget, nudité, ou des effets scéniques hors commun pour choquer/impressionner quiconque. Le génie théâtral suffisait amplement! ;)
Wo bist du Rameau ? A Salzburg ?
@ Papageno : Si être de droite (et conservateur), c'est ne pas s'extasier en écoutant de la musique bourgeoise (tournons notre regard vers P. Boulez) ou ne pas fétichiser quelques artistes car ils sont modernes, alors j'y vois plus d'un avantage.
RépondreSupprimerEt puis vous m'ennuyez. La gauche et ses évidences, ses certitudes, c'est d'un ennui.
Füchsin, ne vous braquez pas : la colère est un sain réflexe ; il m'est arrivé de sortir d'un spectacle en colère et de me rendre compte ensuite que je m'étais trompé (ou de rester en colère aussi, mais c'est une autre histoire...). Mon grand ennemi, après tout, c'est l'indifférence, le spectateur qui s'endort béatement devant un produit de consommation courante... Au moins, la colère, c'est le signe que ça bouge... Accessoirement, et pour vous répondre un peu plus factuellement, je me permets de vous faire remarquer que si j'aime beaucoup de choses qui sont dites modernes, la modernité en soi n'est pas un concept qui m'intéresse beaucoup...
RépondreSupprimerOpera-Cake, oui, je suis à Salzbourg, par exemple au Liederabend de Mlle Harteros... Je suis d'accord avec toi sur le DG de Tcherniakov, finalement lisible en lui-même et apportant une vision de l'oeuvre bien plus authentique qu'une production écrasée sous le lustre faux d'une reconstitution d'époque. Je n'ai pas le temps de développer, mais je suis intimement persuadé qu'une production théâtralement ambitieuse sera toujours plus adaptée pour faire découvrir l'opéra (un opéra) qu'une production "classique" avec des décors d'Ezio Frigerio...
@ Füchsin : pourquoi dites-vous que je suis de "gauche" ? Rien dans mon message ne le laisse penser. Parce que j'aime Marthaler ? Vous dites que j'ai des "évidences" alors que je me contentais de pointer le mépris de votre message (vous traitez votre interlocuteur de "simple d'esprit"...)
RépondreSupprimerQuant à votre définition de la droite, "être de droite, c'est refuser la musique bourgeoise", elle est pour le moins originale et inattendue...
On comprend qu'en maniant de tels concepts et en leur donnant une définition aléatoire (votre définition de la droite correspond à celle de la gauche par un marxiste...), tout dialogue soit impossible (parce qu'on ne peut pas discuter sur des mots qui sont flous). Je pense donc que, pour parler d'art, il vaut mieux dépasser ces concepts plutôt que de se les renvoyer à la figure comme une balle.
Pour la "Modernité", je vais quand même vous répondre dans le cas du théâtre et de l'opéra : la "Modernité", ça n'existe pas ! C'est un concept inventé et souvent dans le but de condamner un spectacle. Je suis allé à Avignon, j'ai donc vu Marthaler et le Bérénice de Faustin Linyekula : entre le premier qui créé complètement un spectacle en fonction du lieu, uniquement avec des fragments de textes, et le second qui ancre la pièce de Racine au Congo, dans sa propre histoire, mais conserve malgré tout un certain classicisme dans la diction des alexandrins, entre ces deux artistes représentants d'une soi-disant "Modernité", je cherche en vain le moindre lien. Pareil entre Warlikowski et Chéreau : aucun rapport, sinon dans les deux cas la qualité de la direction d'acteurs (un aspect qui me semble plutôt objectif, mais dont j'imagine que j'aurai du mal à vous convaincre). La Modernité, c'est un Mythe, pour moi. Et je pense que c'est un Mythe qui ne rend pas service aux spectacles parce qu'il ne donne pas trop envie aux gens qui ne fréquentent pas les salles d'y mettre les pieds.
Il n'y a d'ailleurs pas qu'au théâtre : tout l'histoire littéraire française est empoisonnée par cette opposition Anciens/Modernes qui est en vérité un fantasme. Et c'est pour ça qu'on voir après les d'Ormesson et autres Zemmour défiler à la télé et condamner à peu de frais la littérature contemporaine en proférant des conneries monumentales...