samedi 17 juillet 2010

Culture de gauche, culture de droite

C'est l'été, l'actualité musicale est limitée, on a déjà fait le bilan de la triste année inaugurale du tandem Nicolas Joel/Philippe Jordan à l'Opéra de Paris, que peut-on bien faire ?

Eh bien, par exemple, s'amuser un peu sur les conceptions différentes de la culture entre gauche et droite. Voilà donc une série d'oppositions, que je vous laisse interpréter à votre guise (ce serait trop simple si je disais pourquoi), à prendre cum grano salis...
Comment ça, vous avez l'impression que les choses à gauche ont l'air plus sympathiques ?


Gauche
Droite
Boulez
Dutilleux
Mortier
Joel
Prééminence de l’œuvre
Prééminence des interprètes
Musique de chambre
Récitals de voix
Schoenberg
Korngold
Subventions
Mécénat
Festival Musica de Strasbourg
Folles Journées de Nantes
Baroque
Vérisme
Ethnomusicologie
World music
Programmation prescriptive
Programmation en fonction des goûts du public
Cité de la Musique
Salle Gaveau
Philharmonique de Berlin
Philharmonique de Vienne
Quatuor Arditti
Quatuor Emerson
Jossi Wieler
Christof Loy
Le répertoire doit constamment être remis en cause
Le répertoire est le résultat d’un tri de l’Histoire, l’essentiel y est de toute façon
Simon Rattle
Christian Thielemann
Harmonie
Mélodie
La réflexion sur le son, la facture instrumentale et l’agogique entamée par les « baroqueux » peut être intéressante pour tous les répertoires
Les baroqueux, c’est bon pour le baroque
Parsifal mis en scène par Krzysztof Warlikowski
Tristan et Isolde mis en scène par Bill Viola et Peter Sellars
Jonas Kaufmann
Rolando Villazon
Anja Harteros
Anna Netrebko
Opéra contemporain
Comédie musicale



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9 commentaires:

  1. Daniel L.17/7/10 20:23

    Et la Fête de la musique ? Pour réconcilier tout le monde peut-être ?

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  2. amusant, me confirme que je viens d'une culture de droite (qui tout de même trouvait le vérisme vulgaire, et la comédie musicale itou) et qu'il m'en reste dans un fort instinct de gauche la possibilité d'aimer autant Dutileux que Boulez (peut petre plus), seul point

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  3. C'est super cliché, mais je trouve ça très drôle -et sur le fond, on s'y retrouve un peu-

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  4. C'est une vision idéalisée de la Gauche, que vous nous proposez là !
    Je crains par exemple, dans la vie réelle, que la World music ne soit à classer à gauche, malheureusement.
    D'autre part Musica a été créé sous une municipalité de droite à Strasbourg (bon, centre droit, je ous l'accorde).

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  5. Cool -- tu listes tout ce que tu aimes (pas) et puis le labellises comme de gauche (droite). LOL :)

    Il te faudra quand meme 1 kg des grains du sel pour faire passer baroque comme un style de gauche. C'est comme le ministre de l'identite nationale qui etait long temps a gauche ;)

    Sinon, j'adore Schoenberg de gauche, et Korngold de droite. Haa!

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  6. Ein Junker aus Franken19/7/10 16:33

    Pourtant, le philharmonique de Vienne est un orchestre autogéré, loin de patrons nécessairement voyous : si ce n'est pas une valeur de gauche, ça...

    Sinon, Nantes est à gauche, le Châtelet avec Janacek et Berg, c'est merci Chirac et Tiberi, le Châtelet avec de la comédie musicale plume dans le cul, c'est merci Delanoé... Et puis les folles lyriques de forumopéra qui se ruent sur le récital de Grouiki sont de droite, c'est connu.

    Avec tout ce sel, il y a de quoi transformer le lac Léman en mer morte...

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  7. Booon, je vois que ça a suscité quelques commentaires... Je réponds donc dans l'ordre :

    @ Daniel L. : ah, la Fête de la musique, bonne question... Créée par la gauche, maintenue par la droite... l'idée que tout le monde est artiste, mais aussi l'idée de chacun n'a qu'à faire ce qu'il veut dans son coin. C'est quand même un peu l'inverse de l'élitisme pour tous de Vilar qui peut passer pour un slogan pas trop mauvais pour la culture de gauche, je trouve; mais je m'en voudrais de trancher...

    @ Brigetoun : Je crois que l'attitude face au vérisme (et la comédie musicale) a changé, au rythme où la bourgeoisie cessait de faire de la culture un élément de son prestige...

    @ franpi : Les clichés, ça fait du bien de temps en temps... En été, il fait trop chaud pour penser en profondeur...

    @ Philippe[s] : oui, c'est une vision idéale de la gauche, càd fondée sur des idées : que la politique au quotidien ne respecte pas toujours les idées auxquelles elle prétend se rattacher, on ne le sait que trop... Après tout, je n'arrête pas de taper sur la politique culturelle de la Mairie de Paris, beaucoup trop à droite (le Châtelet !) pour moi ; il est vrai qu'elle est conçue par un cadre sup' de LVMH, pas très "élitisme pour tous" là non plus...

    @ Opera-Cake : ah si, le mouvement baroque, c'est à gauche : la remise en cause des valeurs héritées, l'apprentissage de l'altérité, la démarche philologique comme préalable à l'appréhension sensible, tout ça, c'est de gauche! Après, je comprends bien ce que tu veux dire : c'est vrai qu'il y a facilement une réappropriation sur l'air "Au temps de nos bons rois", mais c'est une seconde phase ; avant les baroqueux, Lully ou Rameau (ou même Bach !) étaient interprétés de façon beaucoup plus pompeuse, type "Versailles dans la joie sous le soleil"...
    Pour ce qui est de M. Besson, nous avons une grande tradition en France d'hommes de gauche passés à l'extrême droite, de Pierre Laval à Déat ou Doriot...

    @ mein Junker : ah mais il ne faut pas confondre exclusivisme aristocratique et utopie libertaire ! L'autogestion des WP, c'est surtout un moyen pour que l'État ne vienne pas mettre son nez là-dedans, l'État qui aurait eu la mauvaise idée de demander une féminisation moins tardive et une programmation un tout petit peu plus aventureuse si par hasard il venait subventionner l'entreprise (ce qu'il fait du reste indirectement, via les salaires versés par l'Opéra...). Pour Paris, hélas, j'ai déjà répondu...

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  8. Pascal Gottesmann4/12/12 10:06

    Contrairement à vous, je pense que le Vérisme est incontestablement de gauche du moins en ce qui concerne les livrets.
    À l'époque de l'opéra baroque, on avait pas droit de cité dans un rôle majeur sur une scène d'opéra si l'on n'était pas un Dieu ou un héros antique (si l'on exclue le genre, assez mineur, de la pastorale). Plus tard, se sont succédé les rois, princes, nobles et grands bourgeois. En faisant même revenir quelques Dieux d'un autre panthéon chez Wagner.
    Arrive le Vérisme et les spectateurs les plus modestes voient pour la première fois sur la scène des personnages qui leur ressemblent et à qui ils peuvent immédiatement s'identifier. Les actions héroïques ou terribles dictées par la grandeur d'âme et le noble coeur se transforment tout simplement en drames du quotidien (Paillasse ne raconte t'il pas la même histoire qu'Otello). Toute cette esthétique est à rapprocher du naturalisme de Zola, qui était contemporain. Cela vaut également pour Puccini dont les petites bonnes femmes résignées face à leur destin sont toutes d'origine modeste : Mimi, Cio cio san, Liu (tellement plus émouvante que la trop froide Turandot).
    Pour finir, cette volonté de présenter sur une scène d'opéra des personnes issues du petit peuple avec leurs peines, leurs espérances et leur violence a aboutit à Wozzeck, dont le livret est, selon moi, très proche des véristes (pas la musique, bien évidemment.)

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  9. Je parlais dans cet antique message de la place de ces différents termes dans le spectre politique d'aujourd'hui, dans leur réception, pas dans ce qu'ils pouvaient représenter à l'époque.
    Cela dit, s'il est vrai que le vérisme met parfois en scène des petites gens (pas toujours : d'Adriana Lecouvreur à Tosca en passant par Fedora), il les met en scène trop souvent dans une espèce d'idéalisation qui brise net tout potentiel de critique sociale, La Bohème étant le meilleur exemple; c'est un peu des pauvres façon Comtesse de Ségur; la seule exception que je connaisse étant Il Tabarro, qui est vraiment douloureux dans sa description de la pauvreté.
    Pour Wozzeck, le livret est beaucoup plus complexe que cela. Déjà, il s'agit d'un texte beaucoup plus ancien (1837) ; ensuite, il faut vraiment le situer dans un contexte d'effondrement des idéaux des lumières, qui sont d'une certaine façon représentés, caricaturalement, par le capitaine (rousseauiste) et par le docteur (issu des encyclopédistes). La pièce est d'une force philosophique sans commune mesure avec les anecdotes des véristes, et elle est naturellement beaucoup plus forte socialement, chez un auteur qui avait des convictions révolutionnaires fortes.
    Pour le baroque, évidemment, droite/gauche n'a aucun sens par rapport à la société absolutiste; ce que je voulais évoquer, c'est que la nécessité et le plaisir de se nettoyer l'oreille, de remettre en cause ses habitudes d'écoute, l'intérêt pour la découverte plutôt que pour la reconnaissance, la rupture avec une tradition, etc.

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