Il n'y a pas que les stars, sur scène et dans la salle, au festival de Salzbourg : ce soir, ceux-là étaient au Grosses Festspielhaus pour le récital de Mme Netrebko, accompagné par le plus grand spécialiste mondial du cacheton, M. Barenboim: bien sûr, ça n'a aucun intérêt artistique, d'autant que le programme (des chansonnettes de Rachmaninov et Tchaikovski) est parfaitement anecdotique.
Il restait heureusement quelques mélomanes à Salzbourg, qui se sont réfugiés au Mozarteum, pour le concert du quatuor Belcea, qui faisait suite à leurs débuts en 2005. Comme c'est leur habitude, le XXe siècle vient y dialoguer avec les classiques du genre : ce sera donc Benjamin Britten qui viendra y représenter le siècle passé avec son 3e quatuor (1975). L'oeuvre, placée en milieu de concert, en est certainement le sommet : d'abord pour la valeur intrinsèque de cette oeuvre dense, élégiaque et tendue à la fois ; ensuite par la beauté de la sonorité de l'ensemble. Les deux autres quatuors au programme, eux, ont moins enthousiasmé : Haydn est pour moi la pierre de touche des quatuors ; loin d'être le musicien rococo, poli et divertissant, pour lequel certains continuent à le tenir (même si, en cette année bicentenaire, ils n'osent plus le dire), il est l'auteur d'une oeuvre incontournable dont les quatuors, avec les messes et les symphonies, sont sans doute la plus indispensable part. Rares sont les ensembles qui savent trouver le délicat équilibre indispensable : Keller, Mosaïques, Hagen (pour ne parler que des quatuors encore actifs), et peu d'autres (non, pas les Prazak!). Le quatuor Belcea ne s'en tire pas mal, mais cela manque encore beaucoup de fondu, de naturel, de sens du discours.
Pour Schubert (La Jeune fille et la mort), les choses sont plus complexes : le premier mouvement, très réussi, laisse espérer le meilleur, mais la suite n'est pas au même niveau, donnant l'impression que les musiciens, à force de vouloir montrer son talent, finissent par ne plus avoir la partition en main. Inutile de faire tant d'effets dans le mouvement varié : mieux vaudrait faire les bons ! Le final, lui, est échevelé, ce qui lui vaut l'approbation énergique du public : là encore, plus de retenue et plus de construction rendraient mieux service à la musique.
On a donc là affaire à un ensemble qui n'est pas sans qualités : mais c'est d'autres ensembles qu'on souhaiterait voir à Salzbourg, qui rendraient mieux justice à ce miracle méconnu qu'est la musique de chambre.
jeudi 27 août 2009
Journal salzbourgeois - Lundi 17 août : Le quatuor Belcea mieux qu'Anna Netrebko
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