Promis : après ce message, on ne parle plus de Mireille sur ce blog (pour ceux qui viendraient après la bataille, les deux messages qui en parlent sont ici et là). Du reste, je ne vais parler du spectacle lui-même, mais plutôt des conséquences.
Le verdict est sans appel : c'est par un échec majeur que le nouveau directeur de l'Opéra de Paris a commencé son mandat. Inutile de faire une revue de presse : en France comme en Italie, en Allemagne comme en Belgique ou en Angleterre, les commentaires sont divers sur les mérites de l'oeuvre (souvent, à vrai dire, les journalistes préfèrent ne pas se mouiller à ce sujet) et de l'interprétation musicale, mais sur la mise en scène de Nicolas Joel, le verdict est unanime quoique varié dans ses expressions : qui est déçu, qui abattu, qui outré, qui rigolard - le mythe de sa grande notoriété internationale, colporté par Nicolas Joel lui-même, en prend ici un sérieux coup.
On pourra toujours gloser sur cet échec, considérer, comme l'a fait l'insupportable populiste Alain Duault*, que les huées de la première étaient l'oeuvre d'une "cohorte de snobs" ; que la critique n'a de valeur que quand elle va dans le sens du poil ; que c'est un accident de parcours, ou que sais-je.
Un fait reste : en faisant de cette première, télévisée et survendue, un manifeste de ce qu'est l'opéra selon Nicolas Joel, c'est lui-même qui a donné à ce spectacle une importance indue. C'est ce manifeste qui est tombé lundi soir avec le spectacle, faisant peser une grave hypothèque sur la réputation nationale et internationale de l'Opéra de Paris.
Nicolas Joel, du reste, ne s'y est pas trompé : lui qui a fait tout son possible pour se démarquer de son prédécesseur s'est précipité à L'Express pour déclarer qu'il voudrait reprendre le Don Giovanni mis en scène par Michael Hanecke et le Tristan voulus tous deux par Gerard Mortier, deux productions qui plus est très emblématiques de l'exigence scénique de Mortier, à mille lieues de la pauvre Mireille. Comme c'est étrange : il suffit d'une bonne gifle pour qu'on inverse la vapeur - par récupération, à vrai dire, pas par création propre, point trop n'en faut. Dans cette manière de naviguer à vue, on retrouve ce qui fait de Nicolas Joel le directeur de l'Opéra idéal pour le règne de Nicolas Sarkozy, ce qu'on savait déjà par la volonté réactionnaire qu'ils ont en commun.
Mais Nicolas Joel oublie une chose : c'est qu'aligner des productions sur le papier ne suffit pas à faire vivre une maison. Il aura, je crois, encore bien des occasions douloureuses (pour lui et, hélas, pour le public mortifié) pour l'apprendre.
*Dont, charmes du journalisme à la française, l'épouse Nicole Duault - qu'on ne qualifiera certes pas de journaliste...- a pondu la seule critique élogieuse du spectacle...
PS : Je conseille à ceux qui défendent cette Mireille d'aller voir au château de Versailles l'exposition consacrée à Xavier Veilhan : même superficialité mondaine, même volonté de ne surtout parler de rien, même caractère d'art officiel. C'est vraiment très mauvais, ça vous plaira.
Une distribution d’élite autour de Brenda Rae pour Lulu à Francfort
Il y a 22 heures
Hey Ram! Juste "un mot" pour te signaler "Wozzeck" a l'ONP. Sceniquement c'est BEAUCOUP mieux que l'annee passee, malgre Waltraud qu'on dirait plutot la maman de Marie que Marie [vocalement, en revanche, dans sa meilleure forme]. Le Texier est sceniquement impeccable et vocalement bcp mieux qu'on l'esperait. Le plateau des solistes est globalement meilleur que l'annee passee : Stefan Margita superbe comme dans le Roi Roger, Andreas Conrad phenomenal, et Kurt Rydl (que je croyais "acheve" - SIC!) est le Docteur parfait.
RépondreSupprimerCe n'est pas tout de meme le spectacle du niveau de celui de Kriegenburg, mais c'est mieux que l'annee passee et je pense que ca vaut largement le detour.
Best