Forcément, il y a le Vésuve ! Napoli, photo Costin Radu/RDB, avec Susanne Grinder et Ulrik Birkkjaer |
Le Ballet royal du Danemark (prononcez Royal Danish Ballet, c’est plus chic) a eu une drôle d’idée en venant présenter à Paris, qui ne le connaît guère, une version remaniée, modernisée, de l’un des classiques de son grand maître à danser Bournonville : je ne suis pas sûr que la démarche consistant à garder le contenu et à refaire l’enveloppe puisse être jamais très pertinente ; l’Opéra de Paris l’avait fait autrefois, à l’époque de Patrick Dupond, en relocalisant Giselle sur la lande bretonne, et ça n’avait pas duré. On en veut donc forcément un peu à la troupe d’avoir eu cette maladresse – mais à vrai dire, pour ce qui me concerne, seulement un peu.
La nouvelle version de Napoli qui nous est présentée a bien des défauts : il paraît que les défauts structurels que j’ai vus dans le premier acte sont aussi présents dans la version originale, mais dans ce cas, pourquoi ne pas profiter de la nouvelle pour les régler ? Je ne crois pas qu’il serait très difficile de mélanger un peu pantomime et danse, plutôt que de faire des 10 minutes de danse qu’il contient un îlot fortifié au milieu d’un océan de pantomime souvent un peu répétitive (même l’AROPien le plus obtus finit par comprendre que Môman veut pas). Et le deuxième acte, noyé dans une musique créée ad hoc mais désespérément vulgaire, avec ses projections marines et ses effets sonores de train fantôme cheap, franchit souvent les frontières du ridicule, à tel point qu’il m’a fallu une seconde représentation pour me rendre compte qu’il y avait au fond pas mal de danse intéressante là-dedans. Les choses sérieuses, au fond, ne commencent vraiment qu’au dernier acte, avec le fameux divertissement parfois dansé (récemment par l’École de danse de l’Opéra) sous le titre Fête des fleurs à Genzano, avec sa fameuse Tarentelle.
Pourtant, sans aller jusqu’à faire oublier la petite déception de ne pas voir la version classique, je dois dire que j’ai avant tout pris du plaisir à ces deux représentations, avant tout grâce à une troupe chez qui j’ai vu une magnifique joie de danser, qui passe par une attention réjouissante aux détails des gestes et des expressions – sans comparaison avec la joie de danser trop généreusement attribuée aux jumeaux russes du Bolchoi et du Mariinsky. J’ai bien conscience que l’ensemble des troupes artistiques nationales au Danemark a été victime ces derniers temps de saignées brutales, et je compatis du fond du cœur, mais nous n’en avons rien vu sur scène, et on peut, je crois, les en remercier. Oui, le premier acte est mal foutu et répétitif, mais quel esprit de troupe, quelle vie dans les regards, quel souci d’exister en scène même quand on n’est pas au centre de l’attention ! Il va être difficile de revenir au quotidien parisien, à ces ectoplasmes anorexiques avec trois expressions différentes qu’on voit souvent, solistes et corps de ballet confondus.
Fête des fleurs à Genzano, c'est un pas de deux de Bournonville (tiré d'un ballet, je crois, perdu), mais ça n'a rien à voir avec le divertissement de Napoli (en-dehors de la référence à l'Italie).
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=Cujlie2WLr4
Tu as raison, bien sûr... mais ouf, un peu tort aussi : le pas de deux a été créé pour une reprise viennoise de Napoli (http://en.wikipedia.org/wiki/Flower_Festival_in_Genzano) et l'Opéra l'a d'ailleurs dansé dans le cadre d'un "Napoli divertissement" il y a seize ans...
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