lundi 2 septembre 2013

Salzbourg 2013 : les concerts, de tout un peu (2)

Donc, je vous parlais dans un post précédent de la première catégorie de bons concerts à Salzbourg 2013 (parce que ça dit aussi des choses sur comment on réussit, ou pas, une programmation qui est un tout, un peu comme quatre morceaux orchestraux forment une symphonie, voilà...), celle des concerts de toute façon réussie même quand l'intendant fait des efforts pour gâcher le travail des autres. J'en arrive donc à la seconde catégorie, celle des concerts que n'importe qui pourvu de phynances abondantes et d'une connaissance minimale du milieu peut réussir, parce que de toute façon ils ne sont pas produits pour l'occasion (produits, c'est-à-dire choisis, appris, répétés), qu'ils sont donc en quelque sorte amortis.


-Bonjour M. Pollini, vous voulez venir chez moi ? Avec le même programme qu'ailleurs, il m'ira très bien, et pour le cachet, on fera comme la dernière fois, hein ? Le 17, ça vous va ? Alors on est d'accord, prenez soin de vous, on se voit le 17.

Je caricature un peu, mais pas tant que ça. Le problème, c'est que dans le cas précis de l'immense Maurizio Pollini, dont j'avais encensé le concert salzbourgeois l'an passé (Beethoven), ça ne s'est pas passé si bien que ça : dès le début - Schumann, Kreisleriana -, on a senti que ça n'allait pas. Nervosité visible, acharnement sur le tabouret qui n'était visiblement par principe pas à la bonne hauteur : rien d'étonnant à ce que ça ne passe pas du tout. La 3e sonate ensuite passe mieux, mais enfin, on est un peu gênés.
Vient l'entracte. Le long entracte, qui se termine par une annonce (prévisible) : le pianiste préfère se donner dix minutes supplémentaires pour savoir s'il allait pouvoir continuer le concert - ovation quand, dix minutes plus tard, le pianiste revient en scène pour jouer, cette fois un Chopin sans accrocs : non seulement Pollini a retrouvé sa technique, mais il a surtout retrouvé son inspiration, sa musicalité, sa hauteur de vue. Chopin sans affectation, sans épanchements, rigoureux et implacable - tout ce que j'aime.
(... alors qu'Evgeny Kissin, lui, n'est pas venu - dommage, le programme était prometteur. Le remplaçant, Till Fellner, est un excellent remplaçant. Autrichien, ce qui est une qualité aux yeux de l'intendant. Mais il y a encore de la marge pour devenir un Pollini, malgré un même côté très réflexif et rigoureux)
Une annonce, il y en a eu une aussi pour le concert de Christian Gerhaher et de Gerold Huber mais, plus inhabituellement, elle a été suivie d'une contre-annonce par le baryton avant les bis : certes, il n'est pas dans une forme olympique, mais il n'y avait pas de quoi faire une annonce. Et en effet, je peux reprendre pour ce concert salzbourgeois l'éloge que j'avais fait du concert de Munich dix jours plus tôt, tous deux dans une salle bondée - il est vrai que ce baryton sans concession et son admirable pianiste préfèrent l'intimité du Prinzregententheater (Munich) ou du Mozarteum (Salzbourg), tellement plus adaptés au Lied, plutôt que de plus grandes salles qu'ils rempliraient sans doute tout autant.

Côté orchestre, de même, Salzbourg est une étape de la rare tournée estivale de l'Orchestre symphonique de la Radio Bavaroise, avec Londres et Edimbourg : même si je les entends souvent à Munich, on ne saurait gâcher une occasion d'aller entendre Mariss Jansons et cet orchestre exceptionnel. Je me serais à vrai dire passé de la 6e symphonie de Tchaikovski (ça n'étonnera pas mes fidèles lecteurs si je leur fais part de mon peu d'affection pour cette musique), mais celle de Chostakovitch est présentée ici sous son meilleur jour, grinçante, volontiers comique, séduisante en tout cas, et merveilleusement pensée. Mais évidemment, la pièce de résistance, c'est un des grands chevaux de bataille de Jansons, qui l'a d'ailleurs dirigée à Pleyel avec le Concertgebouw : la 2e de Mahler, qui donne aussi l'occasion d'admirer le chœur de la Radio Bavaroise - amis parisiens, soyez jaloux : à Munich, on s'offre le luxe de disposer de deux chœurs de niveau international (avec celui de l'Opéra), quand vous n'en avez aucun... Je ne vais pas vous faire une critique de détail d'une interprétation si puissante en même temps que si bien connue : le souffle prophétique, la maîtrise de la dynamique, le travail amoureux du son... Vous connaissez tout cela, sinon dépêchez-vous de vous procurer l'enregistrement publié par le Concertgebouw.

Un peu moins glorieux pour finir : il est évident que le monde n'attendait qu'une intégrale Beethoven par le Quatuor Hagen. Intégrale qu'ils ont joué partout, et qu'ils jouent avec un niveau disons inégal. Je n'ai vu qu'un concert de ce cycle qui avait visiblement pour but de remplir un quota de musique de chambre sans se fatiguer : le concert, pour le coup, n'était pas mauvais, et même plutôt bon, mais cela ne saurait pas justifier cette paresse programmatique...

Je suis un peu paresseux : je vous ferai sans doute un ou deux messages avant d'en venir à bout. La prochaine fois, ce sera les concerts relevant de la programmation propre de l'intendant. Où il n'y a pas tout à fait que du mauvais, mais avec toujours quelque chose pour vous agacer...

2 commentaires:

  1. Sauf erreur...vous ne citez pas les concerts du
    "Systema" venezuelien ,à l'honneur cette année à Salzburg et c'est fort dommage.Il fallait être dans la salle pour la 1ère de Mahler
    dirigée par S.Rattle avec 250 enfants fort émouvants.Tous, à la fin, de se précipiter vers le maestro pour l'embrasser.Idem P.Domingo qui,dans la salle ,est venu sur scène avec eux.Il fallait voir ces enfants interprétaient en bis un "mambo"de Gershwin,se levant,faisant tourner leurs violoncelles, se rasseyant etc...
    Tant de joie !L'un d'eux tombait de sommeil en jouant (Mahler ) et gentilment S.Rattle,à la fin,a pointé ses doigts sur sa tête pour lui faire un bonnet d'âne...!!!

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  2. La suite vient... J'étais également à ce concert, mais n'anticipons pas!

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