La reprise du Don Giovanni de Mozart mis en scène par Michael Haneke me semble une excellente occasion pour aborder quelques-uns des problèmes que pose cette pratique à une institution comme l'Opéra de Paris.
Cette production, créée le 27 janvier 2006 et reprise pour la première fois le 20 janvier 2007, était sans doute un modèle de transposition réussie, cohérente et intelligente. Qu'en reste-t-il un an après?
De toute évidence, cette reprise est une reprise bâclée. Passe encore qu'Haneke ne soit pas venu en personne la remonter: mais on se demande comment il est possible qu'Arpiné Rahdjian, qui prend la succession de Mireille Delunsch en Elvire, passe à ce point à côté de son rôle (pas seulement scéniquement d'ailleurs): on peut évidemment en accuser la chanteuse elle-même, mais quand on voit que Peter Mattei avait visiblement oublié une bonne partie de son texte, que l'orchestre semblait déchiffrer la partition sous la direction d'un jeune chef complètement dépassé, et que de manière générale personne ne semblait très sûr de ce qu'il devait faire (figurants compris), on se demande sérieusement comment se sont passées les répétitions!
Pourtant, une reprise à l'Opéra de Paris est toujours préparée avec un luxe de moyens que bien d'autres maisons n'ont pas: on reprend en effet tout le cycle de répétitions, des scène-piano aux scène-orchestre puis jusqu'à une générale. Il est certain que l'Orchestre de l'Opéra aura rarement été dirigé avec un tel amateurisme*... Dans beaucoup d'autres maisons, où une même production est reprise plus souvent mais avec des séries plus courtes (parfois même des représentations isolées), les chanteurs qui ne connaissent pas encore la production travaillent simplement avec une vidéo, un pianiste et un assistant, sur des temps souvent inférieurs à une semaine, et ne découvrent l'orchestre que lors des représentations: parfois cela aboutit à des spectacles bâclés, notamment à Vienne; souvent le niveau est beaucoup plus élevé que ce que nous avons pu voir à Bastille (j'ai souvenir d'un Così de routine à Munich, avec beaucoup de nouveaux, qui était d'une vivacité inouie).
Depuis que Gerard Mortier dirige l'ONP, les reprises se suivent mais ne se ressemblent pas. La toute première représentation de son mandat était une reprise de L'Italiana in Algeri mise en scène par Andrei Serban, que Mortier n'aime pas: reprise bâclée, peut-être volontairement, avec un niveau scénique et musical indigne. Le lendemain à Bastille: reprise éblouissante du Pelléas mis en scène par Robert Wilson, importée du Festival de Salzbourg à l'époque où Mortier le dirigeait. Et ainsi de suite: pour une merveilleuse reprise de Rusalka et un beau Guerre et Paix, et même une Bohème étonnamment fraîche, il a fallu subir des spectacles importés en état de déliquescence (du Couronnement de Poppée de David Alden/Munich à la Maison des Morts [Gruber/Salzbourg], qui avait perdu toute son âme), et d'autres reprises sacrifiées.
Bien sûr, on n'est certainement pas plus à l'abri d'une déception en se cantonnant aux nouvelles productions; il serait tout de même bon de maintenir un minimum d'exigence pour que cesse cette impression de yoyo perpétuel entre spectacles stimulants et pensums...
*Entre Michael Güttler à Bastille et Gustav Kuhn à Garnier dans le diptyque Bartok-Janacek, la situation n'est pas gaie...
samedi 27 janvier 2007
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