Jusqu'alors, les directeurs du Châtelet avaient toujours été nommés par des maires de droite; Stéphane Lissner n'en avait pas moins pu mener une politique innovante et intelligente. Jean-Pierre Brossmann avait poursuivi cette politique, non sans l'infléchir en direction d'un public plus branché que cultivé, plus bourgeois qu'intello, et avec quelques ratages mémorables (le plus inoubliable étant sans doute le naufrage du Ring). Pour la première fois, le directeur actuel du Châtelet, Jean-Luc Choplin, a été nommé par un maire de gauche; on pouvait donc espérer une politique à la fois exigeante et tournée vers un public plus large.
Cela fait déjà longtemps qu'on a déchanté. D'abord parce que la Mairie de Paris n'a pas mis les moyens nécessaires, jugeant que l'Etat en faisait assez: M. Choplin a beau jeu d'accuser Brossmann d'avoir laissé un déficit important, le problème n'est en réalité pas là. Ensuite parce que M. Choplin a été nommé avec un mandat clair: remplir les salles. De ce point de vue comme du point de vue strictement artistique, la réussite n'est pas là, c'est une évidence: un spectacle racoleur et terne (Le Chanteur de Mexico), un Rossini triste comme la pluie, une belle production d'une opérette un peu superficielle (Candide), jointe à deux projets de son prédécesseur (Les Paladins dont j'ai déjà dit ce que je pense et le nouvel opéra, toujours aussi prétentieux, de Pascal Dusapin); très peu de concerts, et encore moins de concerts de qualité; et en danse une tournée d'une troupe de second ordre qui n'a pas convaincu grand-monde (pas moi en tout cas). A part l'application du programme électoral de Jean-Marie Le Pen en 2002* (défendant le retour de l'opérette), on ne voit pas la ligne directrice là-dedans...
Et voilà maintenant qu'il apparaît qu'en plus d'avoir des idées douteuses, M. Choplin est un amateur incapable de mettre en oeuvre les saisons qu'il programme. Les deux spectacles phares de la fin de saison sont en effet gravement modifiés: Sandrine Anglade éjectée de la production de Carmen pour des raisons douteuses (et avec la manière: licenciement pour "faute grave", rien de moins - artiste, vos papiers!); Monkey Journey to the West, opéra-world-music-bonne-conscience repoussé à la saison prochaine, "en raison de difficultés techniques"... Bien sûr, il n'y a pas que le Châtelet dans la vie, mais quel dommage!
Il est logique, dans ces conditions, que M. Choplin tarde à annoncer sa nouvelle saison, et qu'il semble qu'aucune conférence ouverte au public ne soit prévue à cette occasion; celle de l'an passé s'était semble-t-il déjà mal passée, on ne sait comment pourrait se passer celle-ci...
*On peut aller lire celui de 2007: magnifique exercice de langue de bois, consensuel (sauf l'inévitable "préférence nationale"...) et complètement creux... On ne sait pas si la culture est de gauche ou de droite (encore que...), mais on est sûr qu'elle n'est pas d'extrême-droite!
lundi 19 mars 2007
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