Foin du pessimisme: tandis que le Châtelet coule, l'Opéra-Comique, après avoir touché le fond sous la direction d'un vendeur de soupe autosatisfait, vient de présenter une nouvelle saison qui répond largement à ce qu'on était en droit d'espérer de Jérôme Deschamps, homme de théâtre inventif et minutieux (c'est un compliment - les Deschiens auxquels on le réduit souvent en étaient le signe, avec un travail sur la langue, sur les modes de communication, sur les relations entre individus d'une qualité et d'une profondeur qu'on aimerait bien voir de temps en temps dans les théâtres "d'art").
Commençons pourtant par deux inquiétudes:
-la saison ne commence qu'en décembre; espérons que seuls les réglages de cette première saison soient la cause de ce retard, et que les pouvoirs publics ne se soient pas rendus coupables une fois de plus d'avarice;
-les tarifs: il est très bien de limiter le prix des premières catégories à moins de 100 euros; mais il est regrettable que cette modération entraîne un tarif peu dégressif pour les catégories suivantes, ce qui est d'autant plus gênant que la visibilité dans cette salle n'est pas excellente.
Pour le reste, la programmation est structurée autour de 5 spectacles lyriques allant du XVIIe siècle à la fin du XXe, ce qui nous assure après de longues années de disette pas moins de 2 Lully à Paris en une seule saison: Thésée au Théâtre des Champs-Elysées et le merveilleux Cadmus et Hermione à l'Opéra Comique. Le XIXe siècle est représenté par deux raretés françaises, L'étoile de Chabrier et Zampa de Hérold, le XXe par Porgy and Bess de Gershwin (certainement pas le plus indispensable de cette saison) et Roméo et Juliette de Dusapin. Chacune de ces productions est accompagnée d'une série de concerts, voire de spectacles scéniques de dimension réduite.
Mais le plus important est sans doute ici que les structures de production apparaissent particulièrement raisonnables et, à ce titre, durables: presque tous les spectacles sont coproduits, et l'Opéra-Comique accueille la production annuelle de l'Académie Baroque d'Ambroay, Le Carnaval et la Folie de Destouches: pendant plusieurs années, Paris n'avait pas été capable d'attirer ces productions en version scénique, ce qui leur retirait beaucoup d'intérêt. On ne peut qu'engager Jérôme Deschamps à continuer une telle politique, à fonctionner le plus possible en réseau avec des opéras de toute la France, à ouvrir sa maison aux productions légères qu'on voit tourner un peu partout en France... Une sorte de développement durable adapté au monde lyrique!
Amis lecteurs, donnez une chance à cette nouvelle structure: à quoi bon retourner voir une Xième fois la médiocre Tosca de Bastille? A quoi bon s'énerver devant la Traviata misérabiliste de Christoph Marthaler qui va être créée bientôt à Garnier? Ouvrez les yeux, ouvrez les oreilles: vous ne perdrez rien, dans le monde lyrique, à sortir des sentiers battus, y compris (voire surtout) si vous êtes débutants ou si vous ne voyez qu'un ou deux spectacles par an!
jeudi 22 mars 2007
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tout n'est-il pas sonorisé dans ce théâtre?
RépondreSupprimerOui, cela fait partie des forfaits de l'individu que M. Deschamps remplace. Cela dit, pour ce que programmait ladite personne, ce n'était pas bien grave! Et bien sûr, ce que Deschamps programme ne sera plus sonorisé!
RépondreSupprimerquel snobisme!!!
RépondreSupprimerJe suis quand même attéré par ce que vous écrivez sur Savary tant l'humour et la fantaisie de cet homme me ravissent à chaque fois. De plus Savary est musicien, ce qui devient rare chez les metteurs en scène d'opéra et peut s'avérer bien utile. Vive le bon Jérome.(Je n'ai absolument rien contre Deschamps dont j'ai vu avec bonheur plusieur spectacles.
RépondreSupprimerSigné : Un grand amateur du travail du vendeur de soupe autosatisfait.