lundi 2 avril 2007

© Valery Gergiev™

On sait que Valery Gergiev, le chef le plus occupé de la planète, le Poutine de la musique, dirige trop pour que toutes ses apparitions soient d'un bon niveau, et que sa carrière est plus formée de conquêtes et de stratégies de pouvoir que de passions artistiques. Valery Gergiev, avant d'être un chef d'orchestre, est une marque commerciale. Pendant longtemps, Paris n'était pas un marché prioritaire; c'est désormais le cas, et c'est dans ce cadre qu'il faut voir le concert qu'il a donné hier à la Salle Pleyel avec l'un de ses orchestres, le London Symphony Orchestra.
A la décharge de Gergiev, l'orchestre (qui ne fait de toute façon pas partie des meilleurs du monde) était particulièrement peu satisfaisant, peut-être aussi faute de préparation. Les magnifiques Symphonies d'instruments à vent de Stravinsky en étaient particulièrement brouillonnes, même si les Debussy (Prélude à l'après-midi d'un faune et La mer) voyaient l'orchestre un peu plus sûr de lui. Le pire était donc à venir, avec un Sacre du Printemps qui comptera certainement parmi les pires massacres de cette oeuvre. On commence très fort avec le solo de basson au début: faux, archifaux, et pas en rythme de surcroît. Le reste est à l'avenant: l'approche de Gergiev est brutale, tonitruante, sans doute parce que c'est le meilleur moyen de se gagner les faveurs du public tout en masquant les problèmes. De temps en temps une nuance inattendue, un ralentissement un peu gluant; aucune notion de progression dramatique, ni de mystère, et des instrumentistes trop peu préparés pour pouvoir suivre...
Triste concert, pauvre Stravinsky. Consolons-nous cependant: l'année prochaine sera à Paris aussi une année Boulez, qu'on a vu souvent diriger ces oeuvres avec précision et intelligence. De moins en moins voyageur le grand âge venant, et donc toujours plus à Paris, il offrira ainsi au public une occasion à ne pas manquer d'entendre cette musique qu'il a tant aimé sous la lumière simple de la vérité musicale.

2 commentaires:

  1. ça t'apprendra à sécher le récital de Stéphane Degout!
    Jérémie

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  2. Vous devriez diriger... c'est tellement plus facile de critiquer, surtout Gergiev, même si j'admets que ce n'est pas une machine... oh surprise!!

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