EDIT : un article sur la prochaine saison du Royal Opera House, autrement dit Covent Garden pour les Français, où on apprend l'essentiel de la programmation lyrique (rien n'est en ligne pour le moment, et rien ne semble exiger le voyage).
RE-EDIT : Et voici la saison dans toute son officielle splendeur !
RE-EDIT : Et voici la saison dans toute son officielle splendeur !
Pour nous reposer des turpitudes de l'Opéra de Paris (je ne vous ai pas encore parlé de tarification ?), la plus formidable des institutions musicales parisiennes (avec sa jumelle de la Villette), j'ai nommé la Salle Pleyel, vient de mettre en ligne à son tour la saison. Sélection subjective mais enthousiaste dans une offre sans égale :
20 octobre : Lucerne Festival Orchestra/Claudio Abbado pour la 9e symphonie de Mahler : commentaires inutiles, je crois
6 novembre : Ensemble Modern Orchestra/Pierre Boulez pour un concert de créations (Staud, Joneleit, Mantovani) et de la star des programmes de concert depuis une ou deux saisons, Arnold Schönberg
12 novembre : SWR-Sinfonieorchester/Sylvain Cambreling pour une œuvre de Lachenmann (très grand compositeur encore trop méconnu) couplée à la 3e symphonie de Bruckner
4 décembre : le violoniste Vadim Repin et le pianiste Boris Berezovsky pour une soirée qui promet d'être de la musique de chambre et non un vulgaire récital, avec Prokofiev, Janacek et Ravel au programme
5 décembre : le lendemain, récital certes, mais par Evgeny Kissin (Chopin/Schumann) : un grand pianiste trop vite catalogué comme virtuose sans âme
7 décembre : Maurizio Pollini au service des Préludes de Chopin (mais faut-il s'infliger le public insupportable que son cycle Pollini Perspectives lui a attiré ces dernières années dans la même salle ?)
18-19 janvier : Chamber Orchestra of Europe/Bernard Haitink pour deux concerts Beethoven
27 janvier : le grand pianiste tchèque Ivan Moravec avec un magnifique programme
14 février : le meilleur orchestre du monde (avec un ou deux autres...), le Concertgebouw d'Amsterdam, Mariss Jansons, Leif Ove Andsnes... que dire de plus ?
28 février : l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig avec Riccardo Chailly pour un programme Dvorak
3 mars : Stephen Kovacevich pour un programme magnifique avec du Beethoven et la dernière sonate de Schubert
5 mars : Orchestre du Festival de Budapest/Ivan Fischer, qui viennent montrer qu'ils ne savent pas que jouer de la musique hongroise ou slave avec un programme presque 100 % Wagner
14 mars : Murray Perahia dans un programme classique
9 avril : un concert baroque tout de même dans cette sélection (le baroque convient tellement peu à cette acoustique que je préfère désormais éviter) : La résurrection de Haendel par Nikolaus Harnoncourt, avec notamment Toby Spence
11 avril : Nelson Freire, malgré un programme qui m'agrée moyennement
15 avril : Ariane et Barbe-Bleue de Dukas, authentique chef-d'œuvre (que Gerard Mortier a fait jouer à l'Opéra de Paris, dans une très intelligente mise en scène d'Anna Viebrock) qui prouve que l'opéra français n'est pas nécessairement idiot, contrairement à ce que Nicolas Joel semble vouloir laisser penser ; je ne suis cependant pas sûr que les interprètes en soient très adéquats
11 mai : suite du défilé des pianistes, avec Radu Lupu et Schumann
18 juin : le London Symphony Orchestra est un orchestre de seconde zone, mais on espérer tout de même que Bernard Haitink réussira à le faire décoller mieux qu'un vulgaire Valery Gergiev, avec l'aide de Murray Perahia (concerto de Schumann, 4e symphonie de Bruckner)
25 juin : Schoenberg, Gurre-Lieder, une œuvre rare et formidable, un des rares chefs-d'œuvre parmi ces oratorios post-romantiques souvent pesant. Des doutes, là encore, sur l'interprétation
La sélection est drastique, et on trouvera beaucoup d'autres bons concerts qui méritent le détour dans cette si riche programmation. L'absence de certains, même très prestigieux, s'explique sans ambiguïté par le fait qu'ils ne valent pas, pour moi, le tapage qu'on fait (ou fera) autour d'eux ; pour ce qui concerne ceux de l'Orchestre de Paris, absents ici, il s'agit plutôt d'une suspension de jugement : j'espère sincèrement que son excellent nouveau directeur musical Paavo Järvi parviendra à faire revivre cet orchestre assommé par le règne vide de Christoph Eschenbach.
Le programme de la maison-sœur (maison-mère), la Cité de la Musique, paraîtra dans une dizaine de jours. Je ne manquerai pas de vous communiquer une sélection similaire !
"qui prouve que l'opéra français n'est pas nécessairement idiot, contrairement à ce que Nicolas Joel semble vouloir laisser penser"
RépondreSupprimerHahaa... Exacte!
Sinon, le programme a Pleyel est vraiment genial. Le seule remplacement que j'aurais fait c'est d'inviter Jaap van Zweden a la place de Haitink pour Bruckner (et laisser Haitink pour Beethoven).
Paavo Jarvi ne peut pas faire moins bien que cette forme sans contenu -- Christoph Eschenbach. Je trouve interessant qu'il a commence sa carriere de musicien en etant percussionniste -- c'est assez atypique. On verra. En tout cas l'orchestre de Paris a le potentiel (The War Requiem de Britten est la preuve!)
Rameau, est-ce que Serge Dorny est qqn de connu depuis un certain temps, ou c'est "le bon Dieu qui l'envoie du Ciel"? Tu vois ce qu'il fait a Lyon?
RépondreSupprimer(mes excuses d'etre tres HS)
Je suis un peu ce qui se fait à Lyon, même si je déteste cette salle qui est un ratage architectural majeur. Dans l'ensemble, clairement, c'est d'un très bon niveau, avec des ratages majeurs, éventuellement à tendance réac : La Veuve joyeuse de Macha Makaieff (DVD que tu connais, je crois), trilogie Tchaikovski de Peter Stein.
RépondreSupprimerApparemment c'est sa première direction d'opéra : il a de l'avenir (né en 1962) ! Accessoirement, encore un Flamand à nom français...
Rameau, tu penses quoi des titres donnés à Londres ?
RépondreSupprimerFranchement, ce n'est pas l'enthousiasme. La rareté baroque du début de saison m'intéresse, évidemment, et j'attends le détail, mais aucun opéra ne me donne une envie urgente de partir pour Londres. Il faudra la combinaison entre un opéra sympathique et pas trop mal distribué et des distributions intéressantes de ballet pour me décider à fixer une date pour un séjour que j'ai de toute façon toujours envie de faire...
RépondreSupprimerJe ne pense pas qu'il faille négliger les orchestres américains dans ce tour d'horizon. Pas tant NY avec le lamentable Alan Gilbert, mais LA m'avait sacrément impressionné dans son cycle Sibelius avec Salonen, et cela me donner l'occasion de voir si Dudamel est vraiment un bon chef ou un produit marketing. San Francisco avec MTT ne devrait pas être mal non plus.
RépondreSupprimerMon enthousiasme pour le concert d'Abbado a été un peu douché par les prix délirants (entre 75 et 190 €, les places à 10 € restent). La chose est appelée "concert de gala" : je me demande bien ce que cette appellation grotesque peut vouloir dire (qu'elle serve à justifier les prix, par ailleurs, est évident...)
Ne pas négliger deux séries de concerts de musique de chambre: musique française autour du quatuor Ebène (jamais entendu en vrai, ça sera une occasion) et, sous le nom un peu bête de "grands quintettes", beaucoup de belles choses avec les solistes de l'OP Berlin.
Bien d'accord avec toi pour Moravec, c'est un grand musicien, il faut y aller.
Les échos du TCE nous annoncent encore tes potes les Wiener Philharmoniker, Dresde, la radio bavaroise et Saint-Petersbourg, on aura encore tous les grands orchestres européens à Paris (détails dès samedi). Il est presque dommage que Järvi donne de bons programmes, s'il faut en plus aller écouter l'OP, on ne va pas en sortir.
Oui, c'est terrible, il y a trop de bons concerts à Paris...
RépondreSupprimerPour Abbado, ça s'appelle Piano****, c'est géré par un escroc, donc ça n'a rien d'étonnant!
Je trouve d'ailleurs qu'on ne s'interroge pas assez sur la passion subite (et bénie) des publics parisiens pour les concerts d'orchestre. Je n'en reviens toujours pas qu'on arrive à vendre une telle quantité de places pour un genre si peu télégénique... Tant mieux !
Pour piano 4*, je serais moins catégorique. S'ils étaient juste là pour faire du fric, ils se contenteraient de concerts de ce genre, en ajoutant Pollini et Lupu, qui font salle comble. Mais ils persistent, à juste titre, avec Kovacevich, qui ne remplit pas du tout. Moravec en France, ces derniers temps, c'est eux et c'était aussi très vide. Je resterai en outre éternellement reconnaissant à Furno de m'avoir permis d'entendre Annie Fischer, dans une salle Pleyel même pas à moitié remplie, cinq ans de suite, donner des concerts avec des fulgurances inoubliables (presque 20 ans après, je suis encore sous le choc de sa Hammerklavier, qui m'avait cloué sur mon fauteuil). Je crois qu'il y a quand même chez Furno une vraie passion, et qu'il subventionne des concerts vides par des concerts hors de prix quand il sait qu'il remplira. Mais pour Abbado, il tape trop fort.
RépondreSupprimerD'ailleurs, il y avait eu un concert au Châtelet avec lui et le GMJO il y a quelques années, prix effroyables (j'avais calculé que c'était moins cher de prendre l'avion pour Vienne pour écouter le même programme la veille, au surplus dans l'acoustique parfaite du Musikverein). J'avais séché, sous le coup de la fureur. Je crois que le concert était très très vide. La veille encore, sur le site de la salle, on pouvait acheter des places par bloc de 6 dans toutes les catégories. J'ai espéré des soldes jusqu'au bout, et puis non.
Appelez moi blase si vous voulez, mais les saisons a Paris et a Londres AMHA sont a peu pres egales; quelques nuances les separent mais tout ca c'est de la vieille soupe avec quelques stars pour cacher un enorme vide de creativite artistique.
RépondreSupprimerLes theatres scleroses doppes par des dizaines de millions d'euros des contribuables pour ressusciter les productions d'avant hier... Blah!