Oh certes, j'ai souvent dit que l'opéra, à Salzbourg, ce n'était pas l'essentiel, et croyez-moi, ce n'est pas l'édition 2010 qui m'aura fait changer d'avis (mais oui, j'en reparlerai !). Cela dit, comme un blog allemand bien informé a la bonne idée de donner des informations un peu plus détaillées que celles dont on disposait jusqu'alors pour l'édition 2011, je m'en vais un peu vous commenter lesdites informations...
Commençons, comme il se doit, par les informations sans intérêt :
-À Salzbourg, on ne joue pas les opéras de Mozart parce qu'on pense qu'ils sont intéressants, mais parce que c'est rentable : Claus Guth aura donc l'insigne honneur de reprendre son cycle Da Ponte - Les Noces de Figaro créées en 2006 et déjà reprises en 2007 et 2009 (!), très bon spectacle dans un genre "contemporain modéré" ; Don Giovanni, créé en 2008 et redonné cette année, médiocre et agité ; Così fan tutte, créé en 2009, dont Guth lui-même a reconnu l'échec, mais qu'il va essayer de sauver par une nouvelle mouture (tous sont disponibles en DVD, Les Noces depuis longtemps, les deux autres depuis cet été). L'élément le plus intéressant, ce sont les chefs : je parlerai plus tard de Yannick Nézet-Séguin, jeune chef canadien qui a dirigé cette année Don Giovanni ; les deux autres noms sont plus intéressants : Robin Ticciati, jeune chef prometteur qu'on avait pu entendre en Mozart-Matinee en 2009 ; et surtout une vieille connaissance, Marc Minkowski. En soi, ce dernier nom n'a rien de surprenant : depuis Mortier, c'est un habitué du festival, un des rares Français à y faire carrière, et ce avec pas mal de succès à son actif. MAIS... jusqu'à présent, le Philharmonique de Vienne avait gardé le monopole de ces opéras à Salzbourg, or une confrontation Minkowski/Vienne semble totalement irréaliste (à cause de la fermeture d'esprit des Viennois, je tiens à le dire tout de suite). DONC : bonne surprise, un Mozart débarrassé de la pesanteur de cet orchestre (cf. critique de Don Giovanni à suivre...).
-On le savait depuis longtemps : le pudding indigeste de Hofmannsthal et Strauss intitulé La femme sans ombre fait son retour au festival. On peut garantir que la recette originale n'y sera pas allégée : c'est Christian Thielemann qui dirigera, et le très chic et très vide Christof Loy mettra en scène.
-Mais le sommet du conservatisme est évidemment atteint par le Muti annuel. Au moins, Riccardo Muti ne massacrera pas comme il a l'habitude des œuvres qu'il ne comprend pas, comme Orphée et Eurydice de Gluck cette année. Ce sera Macbeth de Verdi, une oeuvre pas spécialement salzbourgeoise mais qui est au coeur du répertoire de Muti. Mise en scène du chef de fil des réactionnaires du théâtre allemand, Peter Stein.
Venons-en maintenant à LA production intéressante, mais alors, pour le coup, vraiment intéressante, tellement que j'éprouve le besoin d'entretenir le suspense le temps que vous cliquiez :
En 2011, on le rappelle, c'est Markus Hinterhäuser qui sera intendant du festival, après le départ précipité de Jürgen Flimm pour Berlin et avant l'arrivée d'Alexander Pereira qui, comme le dit Gerard Mortier, viendra imposer la réaction complète au festival. Flimm, avant son départ, voulait reprendre Eugène Onéguine dans la production d'Andrea Breth (DVD), apparemment très réussie, mais Hinterhäuser, jusqu'alors responsable de la programmation des concerts, a voulu - c'est bien normal - placer un projet personnel, et quel projet :
JANACEK
L'Affaire Makropoulos
Direction musicale : Esa-Pekka Salonen
Mise en scène : Christoph Marthaler
Voilà, que devrais-je dire de plus ?
EDIT : Markus Hinterhäuser a également révélé dans une interview à un journal autrichien qu'il y aurait aussi, en ouverture de la série Kontinent dédiée à la musique contemporaine, le Prometeo de Luigi Nono, mais j'ignore si ce sera une version de concert ou une version scénique. L'œuvre avait déjà été jouée à Salzbourg en 1993, dans le cadre du "sous-festival" Zeitfluss que codirigeait, à l'époque, un certain Markus Hinterhäuser.
RE-EDIT : il y aura également deux fois l'opéra de Salvatore Sciarrino Macbeth à la Kollegienkirche, peut-être en version scénique, avec l'orchestre Klangforum Wien. J'aime énormément Sciarrino, dont le Festival avait déjà joué, dans le même lieu, Luci mie traditrici en 2008, dans une production exemplaire de Rebecca Horn qui avait été reprise ensuite à divers endroits.
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mardi 17 août 2010
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