(pas de panique, la traduction suit!)
EINE GESELLSCHAFT, DIE ZWEI MINUTEN FINSTERNIS NICHT VERTRÄGT, KOMMT OHNE MEIN SCHAUSPIEL STOP MEIN VERTRAUEN IN REGISSEUR UND DARSTELLER IST HUNDERTPROZENTIG STOP SIE FÄLLEN DIE SELBSTVERSTÄNDLICH KOMPROMISSLOSE ENTSCHEIDUNG FÜR KÜNFTIGE AUFFÜHRUNGEN
"Une société qui ne supporte pas deux minutes d'obscurité se passera de ma pièce. J'ai une confiance à 100 % dans le metteur en scène et les acteurs. A eux de prendre la décision, évidemment sans compromis, pour des représentations futures."
Thomas Bernhard, juillet 1972
La création mondiale de la pièce d'un des plus grands dramaturges du XXe siècle L'ignorant et le dément venait d'avoir lieu. Le metteur en scène Claus Peymann, un des grands noms de la scène allemande, avait demandé une obscurité totale à la fin de la pièce, pendant deux minutes: pas de veilleuses, pas de lampes de sortie de secours. Cela avait été accepté pour la générale, mais la direction du festival avait trompé les artistes en ne faisant pas ce noir lors total de la première, qui avait du coup été également la dernière*.
En lisant l'anecdote et le télégramme, avec sa concise superbe, j'ai été frappé par la première phrase. Si Bernhard savait combien cette phrase, trente-cinq ans plus tard, est actuelle. Notre société est par excellence une société où on ne peut pas supporter deux minutes d'obscurité. Une société où la culture est avilie dans le confort et la paresse intellectuelle. La culture est un combat, contre l'ignorance, contre la barbarie, contre la négation du droit, contre ceux qui font passer l'action avant la réflexion, qui prônent l'évidence contre le doute. Battez-vous. Oui, vous, personnellement, qui me lisez. Vous le pouvez.
(Le même Claus Peymann s'est récemment lamenté sur l'état du théâtre en Allemagne: qu'il vienne en France, il sera édifié.)
*Cette production, enregistrée le soir de la fameuse première, vient d'être éditée en DVD (Arthaus), malheureusement sans aucune espèce de surtitres (le DVD n'est évidemment pas diffusé en France).
jeudi 20 mars 2008
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