La journée commence sympathiquement, mais pas très vivement, avec la traditionnelle Mozart-Matinee dans la charmante salle du Mozarteum avec l’orchestre du même nom, confié au pianiste Alexander Lonquich : un Mozart un peu raide, que ce soit dans les extraordinaires danses K. 571 ou dans la Symphonie Linz ; le pianiste lui-même, dans le concerto K. 482, est valeureux, mais le concert reste convenu.
Rien de tel l’après-midi, avec l’une des quatre pièces du Young Directors’ Project : on hésite toujours à investir dans cette série en raison du coût des places (40 €, catégorie unique) ; cette fois, aiguillonné par des critiques enthousiastes, on s’est laissé tenter par Alice, un spectacle créé en 2007 à Graz, où le metteur en scène hongrois Viktor Bodo s’est attaqué à l’adaptation par Roland Schimmelpfennig (un des jeunes dramaturges les plus connus en Allemagne) du récit de Lewis Carroll. Sortilèges scéniques au programme, et pourtant pas de profusion d’effets spéciaux (la salle salzbourgeoise n’est pas très équipée, moins apparemment que le lieu originel) : le spectacle repose largement sur l’énergie d’une jeune troupe dominée par l’interprète du rôle-titre. Alice n’est certainement pas un conte poli pour enfants sages et un peu ennuyés, bien plutôt un spectacle sur les terreurs enfantines, drôle et vif, bizarre et prenant. On n’a pas perdu son argent.
Ou alors, c’est le soir qu’on l’a perdu, même si l’investissement était bien plus léger (8 €). Matthias Goerne y participait simultanément à la série Liszt-Szenen visant à éclairer tous les aspects de la production du compositeur hongrois et à la traditionnelle série de soirées de Lieder qui sont une des marques du festival. L’accompagnement délicat d’Andreas Haefliger n’y peut rien : c’était une bonne idée de coupler Wolf, compositeur majeur du genre, avec Liszt, dont les Lieder sont volontiers méprisés, en tout cas largement ignorés. Il s’agissait sans doute de montrer le niveau commun d’inspiration, mais également le sérieux du travail de Liszt bien au-delà de son image de compositeur des salons, à défaut de pratiques compositionnelles très proches. Matthias Goerne a réalisé cette unification, mais bien au-delà de ce qu’on pouvait souhaiter : malgré les applaudissements enthousiastes à la fin du concert, il a fait peser une atmosphère d’impénétrable ennui sur la soirée, tant son « art » semble limiter aux beuglements par lesquels il tente de compenser son manque absolu d’expression. Le timbre est gris, la diction pâteuse, l’intonation régulièrement fausse, et ces cris !
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