Parmi ces trois orchestres, les Münchner Philharmoniker sont le seul à être municipal et non national. On a beaucoup parlé de la décision de la ville de ne pas renouveler le contrat de Christian Thielemann, et les musiciens de l'orchestre ont été traités de tous les noms par les mélomanes munichois, et même hués par le public : la manière dont Thielemann a justifié son "renvoi" en accusant les musiciens d'en être la cause a eu son efficacité, il n'empêche que c'était une bonne décision, tant les conceptions musicales de Thielemann sont mortifères (bonne chance à Dresde !). En revanche, la décision de confier l'orchestre, pour trois ans, à Lorin Maazel, est inqualifiable : ce n'est pas tant qu'"il sourit comme un crocodile, et il dirige aussi comme un crocodile", comme le dit son génial collègue Michael Gielen - c'est surtout que cela donne l'impression d'avoir acheté un nom sans trop se préoccuper du contenu : un chef en fin de carrière, sans élan, sans imagination, et capable de tomber dans des abîmes de vulgarité incroyables. Attendons 2014.
Le troisième orchestre, c'est bien sûr l'orchestre symphonique de la Radio bavaroise, dont le nom n'est pas beaucoup plus glamour que le site internet, mais sur lequel les louanges n'en pleuvent pas moins. Pour le coup, la lune de miel avec son directeur musical continue comme au premier jour : mais il est vrai qu'il s'agit de Mariss Jansons, dont je ne me lasse jamais de tout ce qu'il peut apporter sur les œuvres, cette chaleur humaine, cette volonté de parler au public par la musique, cette humilité devant chaque pièce...
S'il fallait le critiquer, je ne vois guère que sa frilosité face à la musique contemporaine à lui reprocher, d'autant plus que l'orchestre a des missions dans ce domaine (il anime presque depuis sa naissance la série Musica Viva, un des rares lieux où la musique d'aujourd'hui a sa place à Munich). Mais j'avais parlé de problèmes concernant la direction des trois orchestres : ici, ce n'est donc pas l'identité du chef qui pose problème, c'est son état de santé, qui l'a conduit à annuler toute une série de concerts depuis le printemps. Je trouve parfois que Munich ne se rend pas assez compte, en partie à cause du culte de Thielemann, du trésor qu'elle a à demeure avec cet orchestre et son chef (et ses chefs invités : cet automne Haitink, Chailly, Harding, Rattle...) ; au moins le public parisien, qui vient toujours plus nombreux à leurs concerts parisiens, l'a-t-il quant à lui compris...
Mais, on s'en doute, les orchestres ne constituent qu'une partie de l'offre musicale de Munich. Pour qui arrive de Paris (ou même de Berlin ou de Vienne), le panorama est un peu déconcertant. Inutile de chercher quelque chose qui correspondent aux sites internet de la Salle Pleyel, de la Philharmonie ou du Konzerthaus : il n'y a rien de commun, et il va falloir affronter les sites des producteurs privés pour trouver votre bonheur. Oui, les producteurs privés, équivalents des Jeanine Roze, Philippe Maillard ou du peu aimable Piano**** : à Paris, leur pouvoir de nuisance est limité par le fait que leur offre est largement regroupée par les salles de concert ; à Munich, c'est un peu le cas pour la Philharmonie, dont on peut trouver la programmation sur le site du complexe culturel à laquelle elle appartient, mais au milieu d'un océan de manifestations sans rapport ; mais la plus chargée d'histoire des salles munichoises, la Herkulessaal de la Résidence, n'a pas même de site internet.
La Philharmonie : une bonne tête, non ? Mais ne vous y fiez pas... |
Si la qualité des orchestres peut attirer les mélomanes à Munich, cet aspect-là - et la richesse des orchestres invités - fait plutôt la publicité pour Paris...
Photo © Gasteig München GmbH / Matthias Schönhofer
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En comparaison avec les prix de Munich, si vous voulez aller entendre le même Juan Diego Florez à Marseille le 31/01/11, il vous en coutera entre 8 et 37 Euros.
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