dimanche 27 février 2011

2011/2012, Année de la danse à l'Opéra de Paris

Vive l'informatique et ses grands professionnels : grâce à une fausse manip sur le site de l'Opéra de Paris, on en sait désormais beaucoup plus sur la prochaine saison de la maison. Je ne vous parlerai pas aujourd'hui d'opéra, pour la bonne raison qu'il faudrait avoir les distributions précises et les équipes scéniques pour pouvoir en dire plus ; mais la saison de danse, elle, étant largement fondée sur des reprises, il est beaucoup plus simple de commenter dès maintenant tout ce qui est au menu de la prochaine saison.

Eh bien, le menu, disons-le franchement, est plutôt appétissant. Beaucoup plus que la fin de saison qui nous attend, entre reprises de ballets maison ratés (la Coppélia pseudo-intello de Patrice Bart et Les enfants du Paradis pauvres en esprit de José Martinez, avec une musique insupportable de Marc-Olivier Dupin) et création ultra-prétentieuse (McGregor), même si les quelques dates du magnifique spectacle Mats Ek et de Rain d'Anne-Teresa de Keersmaeker sont beaucoup plus réjouissantes.
La saison prochaine, sans doute, promet d'être particulièrement classique, et l'amateur décidé de danse contemporaine que je suis pourrait s'en plaindre - sauf que la danse contemporaine à l'Opéra, comment dire ? n'a pas connu que des succès incontestables ces dernières années : mieux vaut aller voir ailleurs (au Théâtre de la Ville, à Chaillot) pour le contemporain, et rester à l'Opéra pour ce que la maison sait faire.

Bon, arrêtons le laïus, et allons-y, dans l'ordre le plus bêtement chronologique (non, je n'ai pas les dates précises) :

[Les pièces précédées d'une étoile sont disponibles en DVD, par l'Opéra ou la compagnie qui viendra le danser la saison prochaine).]

Phèdre/Psyché

Serge Lifar/Alexei Ratmansky

Nouvelle étape dans la résurrection des ballets de Serge Lifar à l'Opéra, après la très belle (et très classique) Suite en blanc et Les mirages, une pièce que j'avais je dois dire trouvée beaucoup plus vieillie. La création d'Alexei Ratmansky, ex-directeur du Bolchoi (où il avait contribué à la recréation très réussie du Corsaire) et chorégraphe actif notamment au New York City Ballet, est sans nul doute à placer dans la case "néo-classique". Un spectacle qui suscite donc une curiosité certaine, mais sans attentes excessives - avec peut-être une belle surprise au bout ?

La Source
Jean-Guillaume Bart

Voilà, à l'inverse, un ballet qui suscite toutes les attentes, y compris les miennes ; première recréation d'un ballet du répertoire classique depuis celle, à moitié réussie, de Paquita par Pierre Laccotte en 2000 (!). Cette fois, un ballet tout aussi tombé dans l'oubli, mais sur une musique un peu plus ambitieuse que celle de Paquita : La Source est une collaboration entre l'inévitable Minkus (avant qu'il ne devienne collaborateur de Petipa en Russie) et Léo Delibes, et création à Paris en 1866. A priori, il ne reste rien de la chorégraphie originale : ce sera donc une réinvention totale... Jean-Guillaume Bart, avant sa retraite anticipée, était l'une des étoiles de l'Opéra qui possédait le style classique le plus pur, et on espère que son talent de chorégraphe sera à la même hauteur stylistique que ses performances de danseur.

*Cendrillon
Rudolf Noureev
Qui veut encore de cette vieillerie ? Présentée cette prochaine saison à Bastille pour Noël, elle aura au moins le mérite de me permettre de ne pas me précipiter à Paris pendant les fêtes. Je suis un défenseur convaincu des ballets de Noureev quand ils sont aussi réussis que sa Bayadère, son Lac ou sa Belle au bois dormant ; mais Cendrillon, vraiment, non !

Onéguine
John Cranko
J'aime bien Cranko, en particulier son Roméo et Juliette, meilleur à mon sens que celui de Noureev. Malheureusement, je trouve qu'Onéguine, que j'ai vu à Paris, Berlin et Munich (!!!), manque cruellement de substance dramatique et reste un peu monotone. Là encore, c'est pour Noël, à Garnier : je ne doute pas que je trouverai mieux à faire à cette période...

Ballet Royal du Danemark : *Napoli
Auguste Bournonville
Autre grand événement de la saison. Honte sur moi, je ne connais pas du tout le répertoire produit par Auguste Bournonville, fils d'un danseur français exilé à Copenhague (promis, je vais me documenter !) ; mais pour moi qui suis passionné par la généalogie du style classique, il ne peut être qu'exaltant de découvrir cette branche inconnue de la grande famille. Une représentation, je le dis tout de suite, ne me suffira pas.

Orphée et Eurydice
Pina Bausch
On ne refuse jamais un Pina Bausch. Orphée est une pièce d'une grande beauté, pas forcément d'une grande intensité dramatique, mais avec une incontestable puissance contemplative.

La Bayadère
Rudolf Noureev
Bon, vous direz ce que vous voudrez, contre Noureev, contre l'intrigue, contre la musique : vous aurez sans doute raison, mais je suis amoureux de ce ballet que je peux voir sans me lasser (j'avais essayé de dire lors de la récente reprise pourquoi j'aime tant ce ballet ; quelques commentaires sur les danseurs de cette Bayadère). Bonne nouvelle, il revient à Bastille après un passage peu convaincant par Garnier.

Spectacle de l'École de danse
Mystère encore pour le programme de cette soirée : sera-t-il aussi intéressant que celui du spectacle de l'École de danse de cette année ?

Dances at a Gathering/Appartement
Jerome Robbins/Mats Ek
Dilemme terrible : je considère Appartement comme un des grands chefs-d'œuvre du répertoire contemporain de la maison, à égalité avec Le Sacre du printemps de Pina Bausch, c'est dire ; mais Dances at a Gathering est à l'inverse un pensum typique de la partie la moins intéressante de la production de Robbins, celle où il se contente de produire des évolutions élégantes et vides de sens de danseurs en beaux vêtements, qui plus est sans livrer des rôles intéressants aux protagonistes. J'irai bien sûr voir le spectacle au moins une fois, pour Appartement ; mais je l'aurais volontiers vu plus que ça...

L'histoire de Manon
Kenneth MacMillan
Retour d'une pièce déjà fréquemment donnée à l'Opéra. J'aime bien MacMillan, pas toujours bien vu de ce côté de la Manche, et ce ballet où danse et narration sont très bien équilibrées est très agréable à voir. Du point de vue du style, on est en 1974 : dans l'Europe du ballet, c'est un moment où on essaie de trouver un nouveau style pour faire vivre le ballet narratif, en recourant souvent à des choses très spectaculaires qui ne sont pas toujours du meilleur goût, à l'image de ce que fait au même moment Iouri Grigorovitch (une de mes bêtes noires, au fait), mais aussi avec plus de goût John Neumeier à Stuttgart puis Hambourg.

Roméo et Juliette
Sasha Waltz
Un des beaux exemples du "Syndrome Opéra de Paris" : vous invitez un grand chorégraphe de la scène contemporaine, vous lui donnez tous les moyens possibles, et, inévitablement, vous obtenez en bout de course... un navet. Mieux vaut aller voir Sasha Waltz ailleurs qu'à l'Opéra.

Tokyo Ballet : Kabuki
Maurice Béjart
On n'en finira donc jamais avec Béjart ? La plus grande arnaque de l'histoire de la danse contemporaine, heureusement simplement sous forme d'une tournée. Pendant ce temps, on oublie d'inviter le Nederlands Dans Theater de Jiří Kylián, tellement plus essentiel.


La Fille mal gardée
Frederick Ashton
La fille mal gardée, c'est un peu ce qu'on pourrait appeler l'easy listening de la danse : pas de profondeur du tout, mais très charmant. Je ne boude pas mon plaisir, en ce qui me concerne, mais évidemment on est heureux qu'il n'y ait pas pour autant que La fille mal gardée dans le monde de la danse : imaginez, ce serait à peu près comme si le monde de l'Opéra se limitait à Nicolas Joel. Enfin, en plus mignon, quand même.

2 commentaires:

  1. Cette saison danse me plaît bien aussi, le début de saison est vraiment intéressant. Je me pose plus de questions sur les distributions, et notamment sur le nombre d'étoiles masculines capables d'assumer autant de rôles classiques.

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  2. Je suis bien d'accord, malheureusement... Le pire étant que je ne vois pas tellement de relève parmi les plus jeunes. Quand on a commencé à aller à l'Opéra à l'époque où les étoiles hommes s'appelaient Belarbi, Hilaire, Legris, Martinez, on a du mal à se contenter des Bullion, Pech, Bélingard et autres Heymann...

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