C'est un paradoxe commun : l'Opéra de Munich, sous la direction de Sir Peter Jonas (1993-2006), a été l'une des maisons d'opéra les plus passionnantes du monde, à tant d'égards que je renonce à détailler ; on a fini par le savoir même en France où tout ce qui est germain est suspect. Depuis son départ, tout n'a pas été rose : les deux années de transition assurées par Ulrike Hessler ont été épouvantables, les plus intéressantes des productions de l'époque Jonas allant à la benne en masse pour être remplacées par des choses aussi indispensables qu'un Nabucco mis en scène par Iannis Kokkos ou un éprouvant Tamerlano dû à Pierre Audi.
Le nouveau directeur, Nikolaus Bachler, en poste depuis 2008, est arrivé plein de bonnes et moins bonnes intentions : en apparence, il voulait continuer la veine dynamique, alliant impeccables réalisations musicales à des conceptions scéniques exigeantes, de son prédécesseur. On lui a donné le temps de s'installer, mais maintenant qu'on a entre les mains l'essentiel de ce qui sera sa 3e saison, je peine à masquer ma déception : il avait annoncé que l'Opéra de Munich, sous sa direction, serait "plus méditerranéen", ce qui a hélas signifié la disparition du baroque (Monteverdi, apparemment, n'est pas assez italien) au profit d'œuvrettes dispensables comme Aida (ce n'est pas parce que c'est du grand-guignol tragique que ce n'est pas Guignol), L'elisir d'amore ou la saison prochaine I Capuleti e i Montecchi.
Surtout, la maison devient maintenant ce qu'elle s'était bien gardée d'être : une maison de répertoire, au sens routinier du terme, où on aligne sans réfléchir les œuvres populaires quelle que soit la qualité de la production maison avec des distributions interchangeables. Il faut le dire maintenant, alors que la maison reste au sommet de sa réputation européenne : sauf retournement de situation improbable maintenant, Munich n'est plus la maison passionnante qu'elle a été et que j'ai eu la chance de fréquenter intensément depuis 2003. Évidemment, il y a encore de la marge par rapport à l'imbécillité triomphante de Nicolas Joel à l'Opéra de Paris. Mais allez donc plutôt à Bâle, à Francfort, à Stuttgart, ou encore et toujours à Londres...
Voici donc tout d'abord les dates d'abonnement de la saison prochaine (NB : il manque les dates hors abonnement, souvent situées pendant les week-ends, qui représentent environ 1/4 des dates d'opéra et la moitié des dates de ballet ; ainsi que les dates des premières de chaque nouvelle production) :
AK=Akademiekonzert (concert symphonique de l'Orchestre de l'Opéra)
SEPTEMBRE : une série de reprises mozartiennes en forme de mini-festival, dans des productions classiques mais qui ne manquent pas de qualités, notamment Les Noces)
19, 23, 29 Zauberflöte
20, 24, 27, 30 Così
26, 28 Nozze
28, 29 Série Noire (Prinzregententheater)
OCTOBRE
1, 3 Nozze
2, 5, 9 Barbiere(on nous annonce, aux côtés d'Anna Bonitatibus, Yann Beuron qui ferait ainsi un saut important dans sa carrière)
4, 6 Ballets Russes (très mauvais spectacle, si je puis me permettre)
7, 10, 15, 19 Medea in Corinto (production de Hans Neuenfels et Anna Viebrock qui sera créée en juin prochain : tradis s'abstenir !)
21, 27 Traviata (production totalement plate, mais pas trop gênante, de Günter Krämer : tout se passe en avant-scène, ce qui simplifie grandement le travail des chanteurs...)
26, 28, 31 Rusalka (nouvelle production, peut-être de Martin Kusej qui me paraît être l'homme de la situation. La nymphe sera chantée pour la première série apparemment par Olga Guryakova, qui cèdera sa place dans la suite de la saison à Nina Stemme. Plusieurs ténors également : l'élégiaque et un peu niais Klaus Florian Vogt, l'excellent Piotr Beczala...)
29 Jenufa (reprise d'une production un peu plate, mais avec comme attraction Angela Denoke et Gabriele Schnaut)
NOVEMBRE
1, 2 AK Albrecht
3, 6, 8 Jenufa
4 Rusalka
5, 9 Artifact (Forsythe)
14, 17, 20, 24 Don Giovanni (je n'ai pas commenté cette production créée en octobre dernier et confiée à Stephan Kimmig, débutant dans le domaine lyrique : gros échec scénique et musical. La distribution de cette seconde saison ne devrait pas bouleverser les choses)
15, 19, 23 Aida (mise en scène de Christoph Nel, apparemment décevante car trop classique et immobile)
16 Die Entführung aus dem Serail (production de Martin Duncan, une des rares productions intéressantes rescapées de l'ère Jonas. Très mal vue par le public local, mais touchante et intelligente)
22, 26, 28 Daphnis/Wohin er auch blickt (création de ballet)
29, 30 AK Nagano
DÉCEMBRE
5 Hänsel und Gretel
6 Onegin (Cranko)
14 Zauberflöte
15 Bohème
26, 29 Fidelio (nouvelle production, mise en scène par Calixto Bieito, avec Jonas Kaufmann et Anja Kampe, sous la direction de Daniele Gatti. Le nom du metteur en scène suffit à en faire pour moi un passage obligé. La première sera certainement le 21)
28 L'elisir d'amore (production récente de cette oeuvre sans intérêt, très bien accueillie)
JANVIER
2, 6, 9, 12 Luisa Miller (peut-on encore éviter Claus Guth aujourd'hui sur les scènes européennes ? Cette production-ci, d'un opéra qui aurait pu rester dans les cartons, est certes moins lamentable que celle de Gilbert Deflo à Paris, mais on a forcément mieux à faire)
4 Ballets Russes
5, 8 Fidelio
7, 13, 15, 19 Tragödie des Teufels
10, 11 AK Luisi
16, 20, 23, 26, 30 Lohengrin (l'une des productions les plus discutées de ces dernières années, qui m'a plutôt convaincu. Reprise avec Ben Heppner)
21 Daphnis/Wohin er auch blickt
22, 25, 28 Ariadne (Autre grand succès, créé à l'origine au Prinzregententheater : la mise en scène de Robert Carsen est très bien faite mais ne surprendra personne)
24, 27 Artifact (Forysthe)
FÉVRIER
3 Lohengrin
7, 8 AK Nagano
10, 18 Carmen (production de routine, dans une distribution apparemment de même)
12, 16, 19, 23 Nabucco (production de Yannis Kokkos, à désespérer du théâtre)
20 Belle au bois dormant
26, 28 La Mégère apprivoisée (Cranko)
MARS
2, 21 Mégère
3, 6, 9, 13, 20 L'enfant et les sortilèges/Der Zwerg (nouvelle production, aucun détail connu)
7, 10 Daphnis/Wohin er auch blickt
8, 11 Barbiere
19, 24 Butterfly (apparemment une vieillerie sans nom, d'une oeuvre dont on peut de toute façon facilement se passer
23, 28 Lucrezia Borgia (Mademoiselle Gruberova, pour ceux qui aiment)
25, 31 Multiplicité. Formes de silence et de vide (navet chorégraphique, pas assez silencieux mais bien vide, de Nacho Duato)
30 I Capuleti e i Montecchi
AVRIL
1, 7, 11, 16 Dialogues des Carmélites (reprise d'une production créée dans quelques jours, confiée à Dmitri Tcherniakov, ce qui m'intéresse beaucoup)
4, 5 AK Nagano
6, 12 I Capuleti
8, 25 Multiplicité...
15, 20 Norma (Mademoiselle Gruberova, pour les fans les plus purs et durs, parce que la production est vraiment très mauvaise
17 Parsifal (belle distribution avec Angela Denoke et Nikolai Shukoff, dans une production de Peter Konwitschny qui ne révèle pas son sens à mes sens paresseux)
23 Illusionen - Wie Schwanensee (Neumeier, ballet publié en DVD, qui mérite le coup d'oeil, dans la veine la plus classique de Neumeier)
26 Mégère
29 Daphnis/Wohin er auch blickt
30 Terpsichore (Gala de danse)
MAI
4 Entführung
5, 12 Tosca (reprise de la production de Luc Bondy, créée à grand bruit au Met et reprise cet été à Munich ; en mai 2011, ce sera sans star)
9, 10 AK Sado
15, 18, 28 Illusionen - Wie Schwanensee
16, 20, 24 Bohème
22, 25, 29 Rusalka
31 Multiplicité...
JUIN
4 Rusalka
7, 14, 17 Aida
8, 19 Rosenkavalier (simplement rafraîchissement de la production vénérable d'Otto Schenk, apparemment pour raisons d'économies. On pourra y entendre tout de même Anja Harteros)
13, 18, 23 Belle au bois dormant
JUILLET : FESTIVAL
5 Saint François d'Assise (nouvelle production, plusieurs représentations évidemment en juillet)
13, 16 Ariadne
15, 18 Rusalka
24, 26 Capuleti
Deux représentations de Tristan avec Nina Stemme
Sans doute une nouvelle production au Prinzregententheater
dimanche 21 mars 2010
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Merciiii! Quand est-ce qu'il l'annonceront officiellement?
RépondreSupprimerCa me semble assez maigrichon ce programme, ou on est habitue au mieux?!
Fidelio et Rusalka donc... Comment ca se fait qu'il n'y aura aucune representation de La Femme Silencieuse (de Barrie Kosky, qui sera premieree l'ete prochain)??
Ben Heppner est deja sceniquement un mauvais choix pour ce [anti-]spectacle de Richard Jones. Puis vocalement il est desormais incapable a chanter Lohengrin de bout en bout...
Faut attendre les Festspiele-2011 pour Tristan et St.Francois (Paul Gay devrait chanter St.Francois!). En passant, si tu trouves le moment pour regarder/ecouter St.Francois en DVD chante par Rod Gilfry [production Audi/Metzmacher] -- c'est enormissime!
Pour la Femme silencieuse, c'est au Prinzregententheater, donc hors abonnement, mais rien ne dit qu'il y aura des reprises (je passe mon tour cette année pour cause de Hawlata).
RépondreSupprimerPour le DVD Saint François, pourquoi pas, mais vu ce que je pense de Pierre Audi comme metteur en scène, je ne suis pas si pressé...
L'annonce complète de la saison aura lieu le 14 avril (ce qui n'est pas très précoce).