mercredi 7 septembre 2011

Tant de concerts et si peu de temps : un an de musique et de danse


À quoi bon parler du passé ? La saison qui vient de se terminer aura été pour moi la plus intense de toute ma « carrière » de spectateur. J’épargnerai aux âmes sensibles le nombre total de spectacles vus au cours des 12 mois écoulés ; mais je m’amuse au moins à vous faire la liste de tous les lieux de spectacle que j’ai eu le plaisir de visiter pendant ce temps (oh, il y a certainement un ou deux oublis).

Oui, c'est laid, mais c'est le prix à payer pour entendre Mariss Jansons. La Herkulessaal à Munich


Augsbourg : Theater (Großes Haus, Dierig, tim, Freilichtbühne)
Bâle : Theater (Großes Haus ; Kleine Bühne)
Berlin : Deutsches Theater ; Staatsoper ; Komische Oper
Bobigny : MC93 (Grande salle ; Salle de répétition)
Forbach : Le Carreau
Gauting : Theaterforum
Londres : Wigmore Hall ; Royal Opera House ; English National Opera ; Royal Festival Hall
Lyon : Opéra ; Auditorium
Metz : Arsenal ; Opéra-Théâtre ; Centre Pompidou ; Saint-Maximin
Munich : Bayerische Staatsoper (Nationaltheater, Cuvilliés-Theater, Pavillon21, Prinzregententheater) ; Staatstheater am Gärtnerplatz ; Bayerisches Staatsschauspiel (Residenztheater, Marstall) ; Kammerspiele (Schauspielhaus, Neues Haus, Werkraum) ; Philharmonie im Gasteig ; Herkulessaal
Nancy : Salle Poirel ; Ballet de Lorraine
Nuremberg : Opéra
Paris : Opéra National de Paris (Bastille, Garnier) ; Théâtre des Champs-Élysées ; Cité de la Musique (Salle des concerts, Auditorium du Musée de la Musique) ; Salle Pleyel ; Théâtre de la Colline ;
Ravenne : Teatro Dante Alighieri
Salzbourg : Salzburger Festspiele (Großes Festspielhaus ; Felsenreitschule ; Haus für Mozart ; Mozarteum ; Landestheater)
Sarrebruck : Landestheater
Schwetzingen : SWR-Festspiele
Thionville : NEST
Weimar : Deutsches Nationaltheater

Et je me suis même amusé à faire des statistiques, en particulier sur la répartition par grands types de spectacles : opéra, danse, théâtre, concerts. L’opéra, ça a été ma porte d’entrée dans le monde merveilleux du spectacle vivant ; j’ai toujours l’impression que je ne cesse de m’éloigner de ce port d’attache initial, et de fait ce n’est guère plus qu’un tout petit cinquième de l’ensemble ; mais finalement, en valeur absolue, ça reste un bon nombre d’heures passées à entendre des gens chantés. Je crois que je n’aurai pas de mal à trouver la pire mise en scène de la saison (le Saint François d’Assise illustrépar Hermann Nitsch à Munich), un peu plus pour citer la meilleure (le Phaéton de Lully par Christopher Alden à Sarrebruck ? Les Noces de Figaro par Jan Philipp Gloger à Augsbourg ? Me voilà bien germanique en même temps que bien provincial…) ; côté chef, ce sera évidemment Kirill Petrenko dans le Tristan lyonnais (mais je n’oublie pas Kent Nagano, vu dans toute sorte d’opéras à Munich), et Angela Denoke, que j’ai vue dans pas moins de 3 opéras de Janácek, est indépassable, bien sûr.
Pour la danse, la saison est juste un peu moins abondante qu’en matière d’opéra ; une saison moins intéressante que jamais à l’Opéra de Paris (mais la prochaine s’annonce mieux), un attachement de plus en plus important à la troupe du Ballet de Bavière, qui ne se réduit décidément pas à Lucia Lacarra, et pas mal d’agacement lié aux sommets de vulgarité atteints par la tournée du Bolchoi, qui, tout en affichant ses ancrages classiques, n’est quand même pas grand-chose de plus qu’une entreprise commerciale et idéologique. Côté contemporain, je ne citerai qu’un spectacle, mais je vous assure qu’il mérite cette mise en avant : Trust, cosigné par la chorégraphe Anouck van Dijk et par le dramaturge et metteur en scène Falk Richter, le plus beau mélange de théâtre et de danse qu’il m’ait été donné de voir. Jamais présenté à Paris, un petit nombre de fois en province (merci au Festival Perspectives de Sarrebruck, ici en déplacement à Forbach) : un vrai bijou qui témoigne une fois de plus de la vitalité culturelle berlinoise (puisqu’il vient de la Schaubühne, qui n’a pas abandonné la danse depuis que Sasha Waltz n’y est plus en résidence). J'attends avec grande impatiente la prochaine saison parisienne, autrement plus prometteuse en matière de classique.
Ne vous y trompez pas : Bastille, c'est chez moi. Nicolas Joel n'est qu'un squatter (photo Musicasola)

C’est peut-être aussi des Berlinois qui m’auront donné le plus grand bonheur de théâtre de cette saison, avec un Oncle Vania sublime au Deutsches Theater de Berlin, dans la mise en scène de Jürgen Gosch (j’avais déjà parlé de ce spectacle et de son défunt auteur si peu connu hors d’Allemagne). Côté français, je n’aurais pas grand-chose à citer : la Comédie-Française, ça ne vaut toujours pas la peine d’en parler (sauf pour les rires gras du Fil à la patte) ; l’Odéon ne nous a pas offert un spectacle aussi incroyable que le Tramway de Warlikowski la saison passée ; le meilleur spectacle francophone de l’année sera donc pour moi Le conte d’hiver de Shakespeare mis en scène par Lilo Baur au Théâtre des Abbesses. En tout, j’ai vu plus de spectacles théâtraux que d’opéra, mais moins que de concerts, qui sont devenus la colonne vertébrale de ma programmation personnelle.
Parmi ceux-ci, les concerts symphoniques restent essentiels, avec une belle palette d’orchestres et de chefs (Jansons, Abbado, Chailly, Haitink, Nagano, et bien sûr Boulez, ce n'est pas tout à fait rien) ; mais le phénomène de l’année pour moi, c’est vraiment l’irruption en masse de la musique de chambre, parce que l’évolution de mon goût m’y pousse, mais aussi – c’est en tout cas mon espoir – parce qu’on distingue une évolution des goûts du public, en tout cas à Paris : fin du désintérêt poli, début d’une nouvelle ère, peut-être du fait du déclin de l’opéra à Paris ? Le taux de remplissage et l’accueil du public lors du week-end de quintettes par des membres du Philharmonique de Berlin à Pleyel en est un signe, que de nombreux concerts isolés semblent confirmer. Sans doute la Biennale du Quatuor à cordes organisée par la Cité de la Musique depuis quelques années (4e édition en janvier prochain) n’est-elle pas pour rien dans ce net frémissement…
On me dit parfois que je vois trop de spectacles, et je reconnais volontiers qu'il n'y aurait pas grand mal à en voir un petit peu moins ; mais vraiment, même si mes finances en souffrent parfois (bien sûr que cela n'est possible qu'avec des efforts financiers importants, tout en maintenant avec une main de fer le prix moyen de mes places aux alentours de 15 €, places de presse non comprises), j'ai parfois le sentiment de ne pas même approcher de la satiété, et il y a une chose qui me fera toujours rire : c'est que mon esprit critique me vaut parfois d'être accusé de ne rien aimer - par des gens qui croient que le ciel va leur tomber sur la tête parce qu'ils ont vu 3 spectacles en un mois...
En attendant, mon dernier spectacle date : déjà trois semaines, le temps me dure !

3 commentaires:

  1. Je suis beaucoup plus parisien ! 70% des spectacles que j'ai vus étaient à l'Opéra de Paris (Amphithéâtre de l'Opéra Bastille, Opéra Bastille, Opéra Garnier, Studio Bastille), Salle Pleyel ou au Théâtre des Champs-Élysées.
    J'ai cependant visité d'autres salles parisiennes : Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Auditorium du Musée Guimet, Centre Mandapa, Cité de la musique, Église des Billettes, Institut des Cultures d'Islam, Les Trois Baudets, Maison de l'Inde, Opéra Comique, Salle Pleyel, Temple des Batignolles, Théâtre de la Ville — Place du Châtelet, Théâtre des Bouffes du Nord, Théâtre du Châtelet. Je suis même allé au delà du périphérique (Bobigny : MC93, Sucy-en-Brie : Au bout de l'Allée des Berges, Maisons-Alfort : Le Moulin Brûlé), en province (Nancy : Opéra national de Lorraine) et même à l'étranger (Bonn : Münsterplatz, Mumbai : Dance Theatre Godrej au National Centre for the Performing Arts, Bangalore : Khincha Auditorium du Bharatiya Vidya Bhavan, Chennai : Narada Gana Sabha Mini-Hall, Vani Mahal).
    Grâce à la plutôt vivante activité culturelle à Chennai, mon dernier concert ne date que de 13 jours.

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  2. Des camemberts ! Des graphiques ! Des % !

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  3. @Joël : eh oui, on ne peut pas tout avoir. La province germanique OU le bout du monde, il faut choisir !
    @klari : ce n'est pas vraiment dans mon cœur de compétence, mais pourquoi pas ? Je vais y songer !

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