L'une est dirigée par le metteur en scène Andreas Homoki, l'autre va être dirigée par son collègue Jossi Wieler : à quelques centaines de kilomètres l'une de l'autre, ces deux maisons proposent une programmation si proche qu'elles vont jusqu'à faire connaître leurs nouvelles saisons presque exactement au même moment.
Le Komische Oper était l'une des deux maisons d'opéra de Berlin Est et, il faut bien le dire, il fut un temps où on ne donnait pas cher de sa peau, tant il semblait promis à une disparition inéluctable face à la concurrence de niveau international qui attirait les stars et le grand public chez ses deux concurrents. L'épisode douloureux de la "reprise" du ballet maison par la chorégraphe Blanca Li, qui avait fini par la dissolution de la troupe, semblait le début de la fin. Et puis... tandis que le Deutsche Oper, à l'Ouest, s'enfonçait de son côté dans la crise*, le Komische Oper faisait le choix de construire son succès sur l'invitation de metteurs en scène modernes, tout en conservant la tradition de la langue allemande. Il suffit de consulter le programme de la prochaine saison : on y croise Calixto Bieito, Hans Neuenfels, Andreas Homoki bien sûr, et une nouvelle génération (Benedikt von Peter, Nicolas Stemann, Sebastian Baumgarten). Les ennemis du Regietheater peuvent bien écumer : cette maison exemplaire est bien le signe qu'on peut faire du théâtre vivant à l'opéra et rencontrer le public, dût-on pour cela rebuter la frange la plus fermée des lyricomanes. Le Komische Oper reste encore peu connu en France : on a tort.
Stuttgart a une histoire qui n'est pas sans similarités, même si je ne crois pas qu'il y ait eu une telle période de crise : c'est en tout cas par des choix contemporains, appuyés par Arte qui a diffusé et édité sur DVD une riche sélection de productions maison, que la maison a su se forger un public et une réputation. Il est en particulier important de constater que cette politique innovante se poursuit désormais depuis au moins deux décennies : belle preuve de constance de la part des pouvoirs publics locaux ! Comme à Berlin, Calixto Bieito joue un grand rôle dans la programmation de la prochaine saison, avec une nouvelle production du Trionfo del Tempo e del Disinganno, un oratorio allégorique de Haendel qui tient étonnamment bien la scène, une production de La voix humaine et des reprises de son récent Parsifal et du Vaisseau fantôme. Mais Bieito n'est pas seul : on constate certes que Jossi Wieler est la saison prochaine un peu en retrait, de sorte à préparer son arrivée en tant que directeur de la maison en 2011 (deux reprises prévues, La Juive - spectacle qu'on dit marquant - et sa récente Katia Kabanova), mais premières comme reprises alignent les grands noms de la mise en scène d'aujourd'hui (Freyer, Herheim, Viebrock) tout en s'ouvrant largement à d'autres noms moins connus.
En ces temps où l'Opéra de Paris accompagne amoureusement la création du nouveau monde sarkozyste fait d'exclusion, de refus de la pensée, de justifications par l'évidence et de passéisme, ça fait du bien de prendre l'air ailleurs...
* La stratégie suivie est intéressante : Kirsten Harms, la directrice actuelle, a tenté de rivaliser avec la Staatsoper de Barenboim ; devant l'échec patent qu'elle a rencontré, les responsables berlinois sont allés chercher pour lui succéder après un unique mandat laborieusement terminé le responsable de la programmation lyrique du Théâtre de Bâle : autrement dit, c'est désormais le modèle Komische Oper qu'on va essayer de copier. Bonne chance !
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Peut-être n'est-il pas inopportun d'ajouter que l'Opéra de Stuttgart se dote d'un nouveau directeur musical à partir de 2012-2013 en la personne de Sylvain Cambreling, ce dont on ne peut que se réjouir!
RépondreSupprimerBenedikt von Peter - genialissime !
RépondreSupprimerSylvain cambreling à Stuttgart !! tant pis pour eux et tant mieux pour nous , tant qu'on n' a pas à subir cette calamité de la direction d'orchestre à Paris. Cela dit, une maison aussi intéressante que l'opéra de Stuttgart mérite mieux comme chef. L'orchestre va déchanter en passant du chef actuel, Manfred Honeck à un quelqu'un qui au mieux est passable, le plus souvent mauvais, et parfois exécrable (ses Mozart à Paris !).
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